Ian Minot aspire à devenir écrivain.
A être publié. La mince affaire... Ian essuie refus sur refus pour
des nouvelles qu'on lui reproche d'être sans surprises, sans saveur,
désincarnées. Anya, sa petite amie roumaine dont il doute qu'elle
restera longtemps avec lui, écrit aussi. Remarquablement. Au point
de se faire repérer par un agent lors d'une soirée-lecture réputée
pour dénicher les talents de la littérature contemporaine.
Chaque jour qui passe renvoie Ian à
son échec, à la vacuité de son existence, alors que partout
s'affiche la nouvelle coqueluche très tendance de la littérature
nord-américaine, Blade Markham. L'homme s'invite partout : des
plateaux télé aux affiches dans le métro jusqu'au Morningside
Coffee, lieu de travail de Ian. C'est là, que Jed Roth, un homme au
pourboire généreux, lui met tous les jours l'ouvrage de Markham
l'usurpateur sous le nez. Car il ne fait aucun doute pour Ian que le
bonhomme n'est pas un vrai écrivain, qu'on ne peut qualifier ainsi
une personne mettant des «yo » en début et en fin de chaque
phrase. Ce sentiment, Jed Roth le partage. Et la venue de cet ancien
éditeur au Morningside Coffee, avec le livre tant plébiscité
toujours en évidence, n'est pas innocente.
Il a un marché à proposer à Ian :
s'approprier un roman que Jed a rédigé des années auparavant, le
réécrire, faire croire qu'il s'agit de mémoires pour ensuite
annoncer la supercherie. Ian pourrait faire ainsi une entrée
fracassante dans le monde de l'édition et vendre alors ses nouvelles
comme jamais il n'aurait osé l'imaginer. Sur le papier, l'affaire
paraît simple. Dans la réalité, les choses seront un tantinet plus
compliquées. Reste à savoir sur quel pan de la réalité Ian se
situe, de quelle vérité il se fait l'intermédiaire.