PHOTOfolies 2012 en Aveyron

Publié le 28 septembre 2012 par Philippe Cadu

du 6 au 28 octobre 2O12 à Rodez, Onet-le-Château, Millau, Villefranche-de-Rouergue, Decazeville et Rignac.

 » L’envers du décor «   http://www.photofolies12.com/

Programme complet et lieux d’expositions

Si avec l’avènement de l’optique, ce sont les notions d’observation et de regard mêmes qui se sont trouvées bouleversées, et avec elles un nouveau rapport au monde qui s’est imposé, la photographie a achevé sans nul doute cette mutation du visible : comment ne pas voir en effet que la variété des objectifs a démultiplié les points de vue possibles, faisant du réel une réalité toute relative… et faisant dès lors vaciller la représentation du monde dans le problématique domaine de l’apparence et du trompe l’œil où tout est question de focalisation et d’incidence de la perception !
Mais si la photographie artistique est ce qu’elle est, c’est justement parce que l’auteur est acteur par cet œil qu’il dirige avec précision, et parce que l’acteur est artiste par le geste qui concrétise la créativité. Le photographe n’est pas victime, donc, ni du simple hasard, ni de la technique : il est l’entêté lucide qui refuse le conditionnement par le medium pour ajuster et assujettir l’appareil à son regard dans son auscultation du monde, et traduire la révélation qu’il a eue sur le papier.
Qui peut donc être plus réceptif à la fragilité de l’authenticité, aux méprises de la prétendue objectivité autant qu’aux dangers de l’absolue subjectivité, que celui qui regarde à travers un prisme ? Qui est à même – paradoxalement ! – de traquer le réel, dans une quête où l’enjeu n’est pas de montrer ce que tout le monde voit, mais ce que l’on n’a pas vu ou que l’on aurait pu voir ?

Le photographe bien évidemment… L’habitué des effets d’optiques et de la dissonance visuelle…

Marginal de l’autre côté du miroir, dans l’instant et parallèlement en dehors de celui-ci, tout prêt mais à distance, le photographe peut se permettre de regarder ailleurs, à côté, derrière, vers les coulisses d’un monde spectaculaire même quand il n’est pas théâtral. Car, de la matière brute à la scène sociale élargie, de l’objet dans sa trivialité à l’individu dans sa complexité, au cœur d’un monde en perpétuelle recomposition et dans lequel la prolifération des images construit un univers virtuel peuplé de faux-semblants, tout est potentiellement décor, personnage, histoire, tout est possible illusion. En somme, tout est spectacle.

Et face à cela, le photographe ne peut que nourrir son travail de l’intuition, sinon de la conscience, que, pour bien comprendre ce théâtre du monde, il faut oser passer de l’autre côté du rideau pour cerner la mécanique du monde. Cocteau disait que l’écrivain doit être celui qui « décalque l’invisible », qui « donne des contours » à l’informel.

Effectivement, une part de la vérité est ailleurs… dans l’envers du décor !

Sylvain Lagarde