Le documentaire récement proposé par Arte sur «LA Banque» à certainement eu le mérite de déniaiser tous ceux qui, comme moi, ne commence pas leurs journées sur BFM-Buisness… Car enfin s’il est établit que les établissements financiers ne sont pas là pour perdre au jeu, on peut quand même être surpris quand on découvre à l’occasion de la crise des «subprimes» que leurs gains ont été réalisés grâce aux pertes de leurs clients… (1)
Poursuivant, on pourrait, naïvement, s’étonner de l’implication des cadres de la banque dans le monde politique, américain d’abord mais européen désormais avec Mario Draghi (2), Mario Monti (3) ou encore Lucas Papademos (4), tous trois issus des rang de Goldman et qui ne sont pas pour rien dans le maquillage comptable grec…
Ils sont désormais directement aux commandes de l’économie européenne vacillante alors qu’en plein mois d’aout, «Alan Brazil, stratégiste haut placé de Goldman Sachs, remet un rapport de 54 pages aux centaines de clients institutionnels de la firme qui recommande aux Hedge Funds de tirer profit de la situation en spéculant sur une aggravation de la crise de la dette en Europe. L’affaire est révélée par le Wall Street Journal» (5)… On commence à rêver…
Et pour l’avenir ?
Concernant les profits futurs, on peut découvrir dans un article devenu célèbre de Matt Taibbi, «La grande machine à faire des bulles» (6) que «la prochaine de ces bulles est en cours de préparation avec la promotion par Goldman Sachs de l’idée de taxe carbone, ou plutôt de bourse du carbone puisqu’elle serait organisée comme un grand marché mondial d’échange des droits de polluer qui seraient transformés en titres, et qu’elle a déjà créé les filiales financières qui ont obtenu le monopole international du courtage de ces nouveaux titres et leurs dérivés.» On se frotte les yeux…
Intouchables
Enfin, et concernant la tentative de remise au pas de la finance par le bien intentionné président des Etats-Unis dans le cadre des transactions de prêts hypothécaires «subprime», certains commentateurs vont plus loin : «il y a d’autres explications possibles au blanchiment de Goldman Sachs par le Département de la Justice que l’émasculation des lois par l’autorité des économistes, et la principale est la raison d’État : les opérations de la firme Goldman Sachs sont peut-être à ce point liées au fonctionnement-même de l’État américain que toute véritable mise en cause est inenvisageable.» (7) On touche le fond…
Elargir
Ce rapide survol de l’emprise de ce mastodonte politico-financier n’est pas destiné à focaliser sur un nom ou un groupe d’individus malfaisants mais plutôt à illustrer les manœuvres du monde financier dans son ensemble : observer Goldman étendre son pouvoir, c’est comprendre comment, inexorablement, l’économie réelle est entrain de passer au second plan, derrière l’économie spéculative, derrière les interets des Fonds spéculatifs, fonds d’investissement, banques d’affaires, banques privées, qui ne rêvent tous que d’une chose : égaler Goldman en singant ses pratiques, chacun à son échelle…
On comprend comment mieux comment la spéculation financiere qui générait 20% de la richesse mondiale en 1990 parvient aujourd’hui à dépasser 50%…
C’est comprendre enfin que dans ce cadre, les politiques auront beau gesticuler, il n’ont déjà plus les bras assez longs pour saisir les leviers… de l’argent. Le monde vogue plus que jamais au grés des seuls intérets financiers, ceux qui s’emploient aujourd’hui à dépecer l’Europe par exemple…
Notes :
(1) Les subprimes
(2) Mario Draghi Vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe entre 2002 et 2005 chargé des « entreprises et pays souverains ». D’après Marc Roche, journaliste au journal Le Monde, «l’une de ses missions est [alors] de vendre le produit financier «swap» permettant de dissimuler une partie de la dette souveraine, qui a permis de maquiller les comptes grecs»[44]. Il est Gouverneur de la Banque d’Italie entre 2006 et 2011. Il est Président de la Banque centrale européenne depuis 2011.
(3) Mario Monti Commissaire européen de l’Italie (1995-2004), commissaire européen au Marché intérieur, des Services, des Douanes et de la Fiscalité (1995-1999), Commissaire européen à la Concurrence (1999-2004). Il est conseiller international de Goldman Sachs à partir de 2005. Il est chef du gouvernement italien depuis novembre 2011.
(4) Lucas Papadémos Lucas Papadémos, qui vient d’être nommé premier ministre de la Grèce, qui fut gouverneur de la Banque centrale hellénique entre 1994 et 2002, qui a participé à ce titre à l’opération de trucage des comptes perpétré par GS. - Lire à ce sujet le passionnant article du Monde «Goldman Sachs, le trait d’union entre Mario Draghi, Mario Monti et Lucas Papadémos» du 14.11.2011 (disponible en ligne)
(5) Source
(6) - La grande machine à faire des bulles
Illustration : Merci à Iconovox et en particulier à Mric