De prime abord, le roman de Patrick Rambaud paraît un peu facile. Décrivant de façon ironique et dans un style très XVIII ème siècle les premiers mois du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Patrick Rambaud renouvelle, le genre un peu oublié aujourd’hui, de l’imitation parodique. Pourtant, nos grands auteurs classiques, Boileau, La Bruyère, Balzac, Flaubert s’y sont tous essayés. Pour Proust, le pastiche fut même un élément essentiel de son art. « Faire un pastiche volontaire, insistait-il, pour pouvoir après cela redevenir original, ne pas faire toute sa vie du pastiche involontaire ». C’est un moyen comme un autre de digérer le style, la grammaire d’un auteur. Je ne suis pas sûr que Patrick Rambaud souhaitait assimiler le phrasé Saint Simonien, mais en tout cas son roman est plaisant et franchement croustillant quand il décrit à de nombreuses reprises, ses ministres fébriles, Notre Paternel Leader et son impératrice coincée. *****
Un extrait:« Après avoir aidé par un gros cadeau impérial et fiscal les mieux favorisés, Notre Paternel Leader cherchait le moyen de remplir ses caisses, vidées de nombreux milliards. Il voyait la Culture comme un gâchis, puisque le théâtre, la danse, l’opéra et autres fariboles artistiques suscitaient chez lui des envies de course à pied, donc il donna ses instructions pour réduire les aides et les subventions à ces gens-là, qui vivaient aux crochets d’un Etat bonasse. Aussi dans ce domaine, l’Empereur exigeait des résultats, décidant que la demande supplantât l’offre, que la création répondît aux attentes du public. Si on lui rétorquait qu’il y avait eu bien des pièces, bien des livres, bien des films qui, à leur sortie, avaient été fraîchement reçus ou même sifflés, avant de devenir des classiques, que MM. La Fontaine et Molière eux-mêmes avaient été subventionnés par Louis XIV, Sa Majesté répondait se moquer bien des largesses de Louis XIV, que son ami M. Clavier plaisait aux masses sans que l’Etat le payât de surcroît, que ni M. Macias ni Mme Line Renaud n’avaient besoin qu’on puisât pour leur spectacles dans le Trésor Public. C’était imparable. Il n’y avait désormais plus que des produits à vendre, et même les œuvres d’art de nos musées pourraient être vendues si cela rapportait. Les subsides de l’Etat allaient être distribués en fonction de la fréquentation des salles de cinéma et de théâtre, et tout le reste dépendrait étroitement du box-office qui, lui, ne se discutait pas. »
Chronique du règne de Nicolas Ier, de Patrick RambaudEditeur : GrassetPublication :1/2/2008