Robot and Frank avait attiré mon attention, ne me demandait pas pourquoi. Car étrangement le film possède un je ne sais quoi de pas vraiment hors du commun. L’affiche jaune pourrait faire penser à La couleur des sentiments, le Robot à I-Robot et Frank Langella m’a définitivement traumatisée depuis The Box. Pourtant, en fouillant, en lui offrant une chance, le film de Jake Schreier possède des très jolies qualités. J’ai une part émerveillée en moi, qui donne des chances à des sujets totalement barrées ou doux selon le profil et le jour. J’ai eu le sentiment de me replonger dans mon adolescence face à l’amitié irréaliste d’un vieux cambrioleur et d’un robot aide-soignant. J’ai revu mes lectures: Asimov, Herbert, mes Harry Harrison et Marvin Minsky, Greg Egan… et j’en oublie. J’ai eu plaisir à me laisser transporter dans cette histoire touchante, un tantinet dépaysante mêlant modernité et temps passé. J’ai eu l’impression d’être entre deux mondes, deux changements, un lien entre la mémoire des années et le futur.
Mon humeur pour la projection a influencé mon ressenti. Ajouté là dessus, le choix de passer de la comédie à une nostalgie mélancolique dans les scènes, j’ai eu le coeur chaviré. Frank Langella incarne à la perfection le voleur devenu âgé, perdu dans les méandres de sa maladie. Le destin lui joue des tours et efface sa mémoire. L’Alzheimer est traité avec justesse. Sur le fil du rasoir, je me suis demandée si le héros perdait réellement pieds ou s’il ne jouait pas. Difficile de se rendre compte des liens que nous tissons chaque jour dans nos vies, de juger leur intensité et leur importance si nous n’avons plus de souvenirs d’elles. Les questions se soulèvent, se posent légères comme des ailes de papillons. Comment gérer les relations avec notre famille quand notre cerveau nous joue des tours? Comment vivre correctement? Comment ne pas se sentir un poids? Une part de nous se rend-elle compte de ce qu’elle est devenue?
Le casting porte brillament l’oeuvre de Jake Schreier. Frank Langella est imposant, Liv Tyler et James Marsden en enfants devenus grands, bienveillants, posent la question du poids des parents sur leur descendance quand la santé ne suit pas. Les actions des uns et des autres se comprennent, chacun ayant un passé, une douleur, des espoirs brisés. Malgré tout, même si quelque part, le désir de bonne conscience est présent, égoïste, l’amour est toujours omni-présent. Les liens du sang, le souhait de ne pas oublier que nous avons aimé. La mémoire tisse des liens fragiles, elle les détruit et les reconstruit à son gré. Les moments de tendresse, de complicité, d’amour et d’amitié happent et transportent. Le film a ses limites. Mais pour ma part, j’ai succombé. Sans oublier, que j’ai pu revoir Susan Sarandon magnifique, bouleversante et merveilleuse dans le twist.
Robot and Frank est une pépite de film d’anticipation. Il réussit à parler de la vieillesse, de nos années qui passent avec les relations familiales, de l’amour. Il bouleverse par ses non-dits, par son twist. J’ai été surprise par les relations qui se dessinent sous nos yeux de spectateurs. J’ai aimé la sincérité sous-jacente des sentiments et des mots portés à l’écran. Je me suis prise d’affection pour Frank, même si j’ai eu envie de lui botter le derrière avec son espièglerie. J’ai craqué littéralement sur Robot. J’ai eu des larmes. J’ai par contre, eu un sentiment triste sur la fin et sans cette note, j’aurai eu moins de pincement. Filez le voir, filez découvrir une amitié hors du commun. Faites vous votre opinion, laissez vous séduire par Frank et par son adorable Robot.
Note: 8/10
3 Moop raisons de voir Robot and Frank:
- Frank Langella impérial
- Robot
- Pour la mémoire d’hier et de demain
Distribué par EuropaCorp Distribution