Nicolas Sarkozy s'y est cassé les dents. Il n'y a plus que Brice Hortefeux et Jean-François Copé pour avoir zappé la
nouvelle.
Florange est un échec de Sarkofrance qui, comme d'autres, rejailli quelques mois plus tard.
Après ses promesses non tenues en faveur du site de Gandrange, l'ancien monarque s'était embourbé dans de fumeuses annonces à
propos du site sidérurgique de Florange. En pleine campagne présidentielle, alors qu'il venait enfin d'avouer sa candidature à sa réélection, il avait lâché cette déclaration au Républicain Lorrain:
« Ne mélangeons pas les ouvriers, inquiets et pour qui j’ai obtenu 17 millions d’euros d’investissement, et les permanents de la CGT ou de la CFDT : 2 millions d’euros de travaux sur la phase liquide réalisés immédiatement – ces travaux ont démarré –, 7 pour la cokerie, 8 millions pour l’usine de fabrication de produits pour l’automobile. C’est de l’investissement pour Florange ! Et il est décidé. Si ces travaux n’avaient pas été engagés, c’était la certitude que les hauts fourneaux ne reprenaient pas. Quant aux permanents de la CFDT, ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus m’insulter et essayer de casser mon siège de campagne. Ne confondons donc pas les salariés d’ArcelorMittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre l’intérêt des salariés. »
Nicolas Sarkozy était furax. Trois jours auparavant, des salariés de Florange avaient tenté de le rencontrer à son QG de
campagne, rue de la Convention dans le XVème arrondissement de Paris. Claude Guéant, alors ministre de l'intérieur, avait envoyé CRS et fumigènes.
Les propos mêmes du candidat sortant étaient mensongers: Arcelor-Mittal n'avait rien promis d'aussi ferme, bien au contraire.
Le groupe sidérurgiste avait prévenu que
l'investissement de 17 millions d'euros était loin d'être assuré: « Le redémarrage du site de Florange dépendra d'une reprise économique cette année. L'entreprise redémarre le
haut-fourneau si la demande est là ».
Six mois plus tard, nous y sommes. La déconvenue, c'est maintenant. Le groupe Arcelor-Mittal juge donc que
la demande n'est pas suffisamment là, pour reprendre son expression d'antan. Il préfère fermer pour concentrer ses capacités ailleurs. Et refuse de vendre Florange pour éviter qu'un concurrent ne
renaisse.
Jean-François Copé, décidément prêt à tout pour décrocher la présidence de son parti, osa accuser
François Hollande d'être responsable de cette fermeture pourtant annoncée 6 mois plus tôt: cette feremeture, a-t-il déclaré, « arrive après que François Hollande ait retaxé les heures
supplémentaires et supprimé la fiscalité anti-délocalisation qu'on avait mise en place ». Comme si Arcelor-Mittal avait décidé de fermer le site à cause de ces prétextes !
Jeudi 28 septembre, Arnaud Montebourg s'est rendu
sur le site. Le ministre du redressement productif a confié que les négociations avec le groupe sidérurgistes étaient difficiles. Mais il y avait une annonce, une première qu'on espère n'être pas
la seule ni la dernière: « Nous sommes aujourd'hui dans un bras de fer qui commence et nous allons le mener ensemble. (...) Mittal a fait la première concession qui consiste aujourd'hui à
accepter une reprise, là où ailleurs, dans d'autres sites, il la refuse ». Si la direction « décidait lundi de ne pas faire repartir les hauts fourneaux, le gouvernement a déjà donné
instruction à ses mandataires (...) qu'ils se tiennent prêt à rechercher un opérateur industriel durable et sérieux et disposant d'un projet solide et réaliste ».
Les salariés - 550 dont les postes sont menacés - étaient quand même déçus. La situation reste dramatique. Devant ces
salariés traumatisés mais combattifs, Montebourg a reconnu qu'il n'avait pu infléchir la décision du sidérurgiste indien.
La CGT appelle à la nationalisation. Tous attendent la loi promise par le candidat Hollande, en avril dernier, quand ce dernier était venu les rencontrer. Une loi qui devait
permettre de forcer la vente d'un site industriel menacé de fermeture. Mais elle ne serait pas prête avant la fermeture du site. Montebourg cherche à gagner du temps, le temps qu'il faut pour que
cette fichue loi et ses décrets soient enfin adoptés.
Le ministre bosse pour revendre ce qu'on appelle la « filière chaude » mais maintenir la « filière froide
». Pour le Point, qui osait titrer sa semaine
sur le retour de Sarkozy, l'information ne valait qu'une brève.
Le président du groupe, Lakshmi Mittal, était à l'Elysée.
Il a vu Hollande.
Le débrief fut sommaire.
Aurait-on pu prévoir un comité d'accueil à la sortie ?