Girl vs. Boy, je ne connaissais pas il y a encore 24h. Mais à quoi servent les world tours, si ce n'est faire des découvertes ? Il ne sera pas dit dans les parages que les cordonniers sont les plus mal chaussés...
Le pitch de Girl vs. Boy a piqué ma curiosité lorsque je suis tombée dessus hier, et j'ai donc décidé de faire des recherches pour tester cette fiction qui s'autoproclamait "premier whodunit romantique de Nouvelle-Zélande". De quoi ? Premier whodunit romantique ? Jamais entendu ce terme avant. Et ça implique qu'il y en a eu ailleurs...? Que cache ce terme étrange ? Oh, ça sent l'arnaque...
22 minutes plus tard, je suis en mesure de vous confirmer, pouces levés, que cette série néo-zélandaise pour la jeunesse change réellement de l'ordinaire. C'est le genre de série qui ne vous fait pas regretter un instant de tenter des séries hors de votre groupe démographique. J'ai le double de la cible et j'ai trouvé l'idée fraîche, amusante et très divertissante ! Bon, d'accord, j'ai regardé le pilote à 6h du matin, mais quand même.
Attendez, on rembobine ; je suis allée trop vite. Expliquons un peu de quoi parle Girl vs. Boy, et voyons ensuite si l'appellation de "whodunit romantique" se justifie...
Diffusée cette été par TV2, Girl vs. Boy est une tentative que l'on doit à KHF, déjà à l'origine de la webserie Reservoir Hill, une initiative interactive récompensée par un International Digital Emmy Award en 2010.
Tout commence à The Bay, une petite bourgade fictive de Nouvelle-Zélande, élue 3e banlieue la plus agréable à vivre du pays. The Bay est un petit coin de paradis typique des séries inoffensives : il y a la mer, la campagne, des rangées de maisons, et des gens adorables partout. Eh oui, à The Bay, comme nous l'explique l'héroïne d'entrée de jeu, tout le monde se connait, se salue en se croisant, et les enfants des voisins grandissent côte-à-côte, se marient et continuent de faire prospérer cette charmante petite ville. Très franchement, ça ressemble presque à l'univers des Stepford Wives, la mer en plus.
Et pourtant, à cause de Maxine, l'héroïne, tout cela va être mis en danger.
Lors d'une fête célébrant les fiançailles d'un des jeunes couples de la ville, tout va basculer. Maxine est en effet supposée porter un toast aux fiancés, mais au dernier moment, elle égare ses notes et doit improviser. Son discours maladroit va finir par causer une rupture terrible : Hailey et Tim, les amoureux les plus populaires de The Bay, présents à la fête, se séparent avec toute la ville comme témoin.
Comment ? Pourquoi ? C'est ce que va tenter de découvrir Maxine qui, avec sa queue de cheval rousse et ses grands yeux innocents, n'en est pas moins une Jessica Fletcher pleine d'énergie et d'entêtement. Elle va tenter de comprendre comment une parole malheureuse de sa part a déclenché une réaction en chaîne aussi dramatique. C'est que, progressivement, toute la ville prend partie dans cette rupture, les filles contre les garçons, et The Bay, autrefois troisième banlieue la plus agréable à vivre du pays, devient un véritable champs de bataille...
Alors, qu'est-ce qui fait que Girl vs. Boy change résolument de l'ordinaire ? Déjà parce qu'il n'y est absolument pas question de reprendre les clichés de la série pour ado/préado avec une héroïne qui chante ou qui a des pouvoirs, et ça c'est le bien. Ensuite parce que, quand bien même il y est question d'une histoire d'amour qui tourne mal, l'intrigue ne tourne absolument pas au soap dissimulé sous un artifice quelconque, comme on aurait pu le craindre (et comme Pretty Little Liars, dont Girl vs. Boy a été le lead-in cet été sur TV2, le fait). Enfin, et surtout, parce que le ton de Girl vs. Boy est réellement une comédie déjantée, tirant partie de ses dialogues, ses gags et ses situations rocambolesques pour emmener ses jeunes spectateurs dans une enquête pas comme les autres, avec comme décor une ville un peu toquée derrière ses apparences proprettes.
La série est, de surcroît, menée par un personnage principal à la fois gauche et naturel, incarné avec beaucoup d'énergie par une jeune comédie absolument charmante, avec laquelle il est très facilement possible de se laisser emporter dans le tourbillon des évènements. C'est d'autant plus important que, comme un nombre grandissant de séries, Girl vs. Boy est encadrée par une voix-off quasi-permanente, alors autant faire le chemin avec une héroïne sympathique.
Toutefois, revenons sur cette histoire de "romantic whodunit", voulez-vous ? Le propre d'un whodunit est que l'on n'est pas supposés connaître l'auteur du crime initial. Dans le cas présent, ce "crime" est la rupture de Hailey et Tim... et la criminelle s'autoidentifie dés le début de l'épisode : c'est la narratrice, Maxine ! Bon, vous le voyez, l'étiquette que se colle Girl vs. Boy est légèrement à côté de la plaque, mais tellement moins que je le craignais en lançant l'épisode...
Ça fait vraiment du bien de voir qu'il y a encore des idées originales en matière de séries pour la jeunesse. Je suis affreusement blasée, sans doute (et avoir la trentaine n'arrange sûrement rien à l'affaire), mais j'ai toujours la crainte que ces séries soient en première ligne vers l'uniformisation ; c'est la faute de Disney, évidemment, qui nous inonde de produits bien souvent (pas toujours) copiés les uns sur les autres.
A l'heure où les pays passent leur temps à se refiler des formats, comme on l'évoquait il y a quelques mois, il y a encore de la place pour l'innovation, et ça c'est bien chouette. Parce que les remakes et les adaptations et les copies officieuses, bon... c'est génial à regarder de loin, parce que c'est fascinant de voir comment les marchés sont perméables les uns aux autres en dépit des distances géographiques ou culturelles, mais à regarder, de façon concrète, ça donne quand même rarement des séries épatantes. Dans le cas présent (et ça ne m'arrive pas souvent) j'ai été amusée (gentillement amusée, hein, c'est pas la révélation de l'année évidemment) par une série qui ne m'était pas destinée, et je me suis dit qu'elle était regardable par tout le monde. Typiquement le genre de série que KD2A diffusait volontiers au bon vieux temps, et que je recommanderais aujourd'hui sans problème à la jeune génération, sans craindre de la voir s'abrutir ou, pire, de se mettre des idées tordues en tête.
En tout, la première saison de Girl vs. Boy ne compte que 8 épisodes d'une vingtaine de minutes chacun. C'est peu, mais ça permet de ne pas étirer l'enquête de Maxine en longueur, je suppose. A l'heure actuelle, je n'ai trouvé aucune trace d'un renouvellement.
Mais si j'avais un message à faire passer à TV2, ce serait, pour le bien de tous les jeunes téléphages en herbe abrutis depuis des années par les Hannah Montana et autres cavaliers chantants de l'apocalypse, de renouveler cette petite série pleine d'énergie. Allez, quoi, elle est nommée pour les New Zealand Television Awards, ça doit bien vouloir dire quelque chose !
Allez, histoire de finir sur une note positive, je vous propose la bande-annonce de la série, comme ça vous vous ferez une idée par vous-mêmes...