Un lieu que le programmateur de l’événement Nicolas Rabiller connaît bien : l’association Les Sangliers sont lâchés ont leur local juste à côté, dans le hangar BT22 des Terres-Neuves. «C’est un doux rêve qui se réalise. Depuis sa fermeture en 2009, je regarde chaque jour ce lieu devenu une friche comme il y en peu d’exploitables sur Bordeaux. Accessible à pied, en vélo, en tram, et offrant de bonnes conditions pour l’accueil du public. Le fait qu’on y mette un premier pied ce vendredi commence à donner des idées à d’autres opérateurs.»
Le centre de tri, haut-lieu de luttes sociales au sein de la Poste il y a quelques années, colle de plus parfaitement avec l’esprit du festival, qui vise à «user de la culture comme d’un moyen d’appropriation des actes citoyens». La thématique de l’année, «La contre-culture en mouvement», reste donc dans la continuité de la ligne défendue depuis les débuts par l’association. En sus des concerts, le village associatif regroupera les fidèles des Rendez-vous, «orientés prévention et urgence sociale» (Greenpeace, le Planning familial, Aides...) et d’autres nouveaux acteurs plus dans la veine “contre-culture”, tels la Fabrique Pola ou des disquaires et libraires indépendants.
Local et international
Côté musique aussi, il y a cette volonté d’ouvrir le champ à de nouveaux acteurs, ce que permet la deuxième scène qui fait son apparition cette année. «Cela nous permet de donner des cartes blanches à des structures et des artistes représentatifs du territoire, poursuit Nicolas Rabiller. La première, ce vendredi, ira à Cubik Prod., dont on apprécie les les esthétiques entre dub, dubstep, electro et hip hop.» Cubik, qui se réjouit de jouer le soir où Dirtyphonics, le raz-de-marée electro-dubstep français, et Vibronics, grande figure du dub british, joueront sur la grande scène, l’asso ramenant notamment dans ses bagages Brain Damage Dub Sessions et le dubstep londonien de Broken Note. Ce même soir, on verra le bon petit hip hop qui monte d’Odezenne et, autre fierté locale, les noise-rockers de Sleeppers qui fêteront leurs 20 ans de carrière.
Demain, autre anniversaire avec l’autre carte blanche qui ira à Year Of No Light, groupe emblématique de la scène postcore bordelaise affichant, lui, 10 ans au compteur – et qui a invité pour l’occasion une poignée de groupes dans la ligne kraut-noise-drone-metal qu’il affectionne. Surtout, on s’apercevra que les Sangliers ont bousculé leurs habitudes en programmant, non pas leurs fidèles de la scène française, mais une belle brochette d’internationaux : Breton, sa pop urbaine, sa posture très arty, sa vie dans une friche londonienne («une démarche proche de la nôtre», souligne Nicolas Rabiller) ; We Have Band et son electropop agitée et une énorme tête d’affiche qui vaut le détour : le show hip hop barjo des Berlinois de Puppetmastaz, planqués derrière leurs marionnettes. Pour le coup, de la pure contre-culture. • SLJ
Ce soir et demain, 19h-2h, au Centre de tri postal de Bègles, boulevard Jean-Jacques-Bosc (Tram C, arrêt Terres-Neuves), 15€ en prévente, 18€ sur place (les pass 2 jours à 20€ sont hélas épuisés). www.lesrdvdeterresneuves.fr