Tel est précisément l'enjeu de l'agroécologie. Un néologisme que Pierre Stassart, chercheur au sein du Département des Sciences et gestion de l'environnement de l'ULg, résume en quelques mots. "L'agroécologie, c'est faire rentrer l'équité sociale et l'écologie dans l'agriculture".
Avec huit autres spécialistes issus de différents horizons académiques[1], il fait partie du GIRAF, Groupe Interdisciplinaire de Recherche en Agroécologie du FNRS . Ce groupe, fondé en 2009, vient de publier un texte intitulé L'agroécologie : trajectoire et potentiel. Pour une transition vers des systèmes alimentaires durables, qui est en réalité le premier chapitre d'un ouvrage publié en septembre 2012[2]. L'objectif de ce texte est double : analyser, d'une part, ce que cette discipline émergente recouvre aujourd'hui et définir, d'autre part, une série de principes qui devraient guider son développement.
Révolution verte
"Ce mouvement est né aux États-Unis, au début des années 80, raconte Pierre Stassart. Il s'appuie dès le départ sur une critique du modèle de développement dans les pays du sud." À cette époque, la « révolution verte » battait son plein. Les avancées technologiques à l'œuvre depuis le début des années 60 poussaient les pays en développement à chambouler leur agriculture. Nouvelles variétés de céréales à haut rendement, irrigation, mécanisation, utilisation d'engrais... C'était à travers la diffusion de ce paquet technologique qu'était pensé le développement, l'objectif étant d'intensifier la productivité agricole.
C'est contre ce modèle biotechnologique que l'agroécologie se positionne. C'est-à-dire contre ce paradigme qui entend résorber la question alimentaire exclusivement par l'intensification de la production grâce à la technologie, de manière à répondre à la demande croissante des marchés globaux.
"Les principe de base du modèle agroécologique, c'est la réorganisation du travail tant au niveau de l'emploi que de la distribution, tout en transformant les modes de consommation commente le chercheur. Notamment en tentant de résoudre les problèmes de gaspillage ou en diminuant la place de la consommation de viande dans le système alimentaire. En Europe, par exemple, 65% de la production végétale sont destinés à la production animale. Selon nous, l'hypothèse productiviste ne suffira pas à résoudre les problèmes de faim dans le monde. Il faut explorer d'autres pistes. Mais attention : nous ne disqualifions pas ce modèle. Plusieurs peuvent cohabiter."
Pour en savoir plus, on peut lire l'article publié sur le site de l'Université de Liège