Les Amants de Montparnasse : la bohème en Blu-ray

Par Cineblogywood @Cineblogywood
En Blu-ray : Gaumont continue à exhumer les trésors de son catalogue pour leur donner une nouvelle vie numérique. Je ne connaissais pas Les Amants de Montparnasse (Montparnasse 19) et sa sortie en Blu-ray m'a permis de combler cette lacune.
Sorti en salles en 1958, le film raconte la dernière année de Modigliani dans la Paris de l'entre-deux guerres. Pour paraphraser le beau titre d'un film coréen : un artiste ivre de femmes et de peinture. De peinture d'abord. D'alcool aussi. Et d'une femme surtout. Avec en toile de fond Paname, la misère, le spleen, l'amour, l'art, la mort. D'Ophuls à Becker
A l'origine, le scénario d'Henri Jeanson devait être adapté par Max Ophuls. Son décès amène le projet entre les mains de Jacques Becker (Casque d'Or), au grand désespoir du scénariste qui cherche à faire capoter le film. En vain. Becker s'attèle avec application à réaliser un film de commande, pas forcément convaincu par le choix de Gérard Philipe dans le rôle du peintre maudit. Le cinéaste trouve le comédien trop "théâtreux". Je le trouve sévère, le Jacques. Gérard Philipe livre une prestation mémorable, comme souvent. Il est habité par le personnage. La voix faiblarde, les yeux humides, la gorge nouée, il campe un Modigliani consummé par son art et un mal être qui l'amène à se détruire à petit feu. Dans le rôle de sa compagne patiente et passionnée, Anouk Aimée, rayonnante. Leur couple fonctionne bien et leur interprétation toute en finesse rend le film bouleversant. Piliers du cinéma français, les seconds rôles sont excellents, notamment Lino Ventura qui campe avec l'économie de moyens qu'on lui connaît une sacrée belle ordure.
La partition de Misraki hante les images en noir et blanc, superbement restaurées par Gaumont. Un seul supplément mais instructif pour mieux comprendre la genèse du film et l'art de Becker. Son fils, le réalisateur Jean Becker, sa fille, son ex-femme, Anouk Aimée et deux critiques apportent des témoignages précieux sur l'homme et son oeuvre. Je recommande chaudement. Anderton