Rien ne justifie les avantages fiscaux dont bénéficient les retraités, avantages qui coûtent chaque année 12 milliards €.
Par Aurélien Véron.
Plus sérieusement et sans mauvais esprit, qui peut contester la légitimité d’aligner la fiscalité des revenus des retraités sur celle des revenus des actifs ? Certes, nos aînés nous ont donné la vie. Mais ils nous livrent la facture épouvantable de leur modèle social et un avenir bien sombre. Pour la première fois dans l’histoire du pays, le niveau de vie des nouvelles générations promet de décliner relativement à celui des générations précédentes.
Nous connaissons les ravages de l’hyperfiscalité : croissance anémique, chômage dévastateur, absence d’ascenseur social. François Hollande a malgré tout annoncé 20 milliards d’impôts nouveaux qui viendront s’ajouter aux 25 milliards des plans de rigueur Fillon I et II. Ce choix punitif étant supposé compenser l’absence de baisse drastique de la dépense publique, il en découle un débat qui porte essentiellement sur la répartition du fardeau supplémentaire. Dans cette ligne nocive, il est plutôt juste d’aligner les régimes spéciaux sur les régimes généraux : les fonctionnaires sur le secteur privé, les retraités sur les salariés. Des impôts plus simples sur des bases plus larges. Il sera plus simple, le jour venu, de baisser ces taux simplifiés appliqués à tous.
Quant à ceux qui désapprouvent cette logique de justice fiscale, j’attends qu’ils m’expliquent pourquoi un revenu du travail subit une CSG de 7.5% contre 6.6% pour une retraite ? D’autant que le premier président de la Cour des Comptes, le socialiste Didier Migaud, est explicite: « Contrairement à une idée reçue, les retraités sont dans une situation financière plus favorable que les actifs, notamment les jeunes ». Qu’il s’agisse de revenu ou de patrimoine. Un retraité devrait-il être moins solidaire qu’un actif dans ces conditions ? La misère du minimum vieillesse concerne 940.000 personnes. C’est beaucoup mais cela ne justifie pas l’exonération de tous ceux qui ont une retraite convenable. Et puis après tout, un certain nombre d’actifs perçoivent aussi un petit revenu (temps partiel, contrats aidés…) sans être traités différemment dans l’ensemble.
Les retraités sont également consommateurs d’offres de soin ; de grands consommateurs à l’origine de 60 % des dépenses de santé. Pourquoi ne contribueraient-ils pas eux aussi au financement de l’assurance maladie ? En reposant exclusivement sur les épaules des actifs, le mécanisme de la couverture santé revient à doubler celui de la répartition (que nous savons financièrement condamné lui aussi). La logique assurantielle voudrait au contraire que chaque foyer cotise pour financer sa couverture. Si les retraités prenaient leur part, le coût du travail pourrait diminuer par une plus juste répartition des cotisations maladie.
La Cour des comptes nous apprend que le total des exonérations dont bénéficient les retraités représente 12 milliards d’euros par an. Ce privilège n’a aucune raison de perdurer. Ma préférence va à un alignement vers le bas pour diminuer l’insupportable pression fiscale. Mais le choix socialiste allant dans le sens contraire, l’équité fiscale plaide pour un alignement vers le haut. Compte tenu du risque politique d’une mesure visant exclusivement les retraités (13 millions d’électeurs davantage mobilisés que les plus jeunes), je propose d’étendre ce principe d’équité fiscale aux fonctionnaires… et aux élus. Chiche ?
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Publié initialement sur Atlantico