Comme prévu dans un précédent article, la tempête médiatique qui a suivi la publication de l'étude de Gilles-Eric Séralini sur un maïs OGM de Monsanto est en train de se dégonfler à mesure que les résultats sont analysés en profondeur.
La dernière analyse est le fait de Marc Lavielle, de l'INRIA à Saclay, et du Laboratoire de Mathématiques de l'Université Paris-Sud Orsay. Marc Lavielle est aussi membre du Conseil Scientifique du Haut Conseil des Biotechnologies. Cette analyse, disponible en suivant ce lien, se contente de reprendre les éléments chiffrés de l'étude de Séralini pour en évaluer la pertinence statistique, chose que l'expérimentateur ne semblait pas avoir cru bon de faire lors de la publication de son papier (notons qu'a contrario, il avait tout de même largement trouvé le temps d'écrire un livre relatant ses "découvertes").
Les conclusions de l'analyse, étayés par des calculs rigoureux et détaillés, sont dépourvues de toute ambiguïté. Au plan méthodologique, Marc Lavielle n'y va pas par quatre chemins :
Le protocole et les outils statistiques utilisés souffrent de graves lacunes et faiblesses méthodologiques qui remettent totalement en question les conclusions avancées par les auteurs.
Une analyse statistique rigoureuse des résultats obtenus lors de cette étude ne met en évidence aucune différence significative de la mortalité des rats dans les groupes contrôle et expérimentaux et aucune différence significative des paramètres biochimiques.
... Ce qui rejoint parfaitement les conclusions auxquelles était parvenue l'équipe de Contrepoints. On constate que le reste de la presse française (subventionnée, elle), n'a manifestement pas eu les mêmes réflexes de vérifications élémentaires lorsqu'il s'est agit de relayer bruyamment Gilles-Eric Séralini.
Le reste des éléments fournis dans l'analyse permet d'aboutir aux conclusions suivantes :
"On ne peut pas expliquer les différences observées par la différence de régime administré."
"On ne peut rejeter l’hypothèse que c’est la variabilité naturelle des données (dues aux fluctuations d’échantillonnage) ainsi que le critère de sélection des paramètres (les paramètres présentant le plus de différences) qui expliquent les différences observées."
Autrement dit, Gilles-Eric Séralini a observé du bruit statistique et en a tiré des conclusions péremptoires erronées. On ne peut que regretter l'absence totale de prise de recul de la presse, et, plus grave, du gouvernement français face à des résultats aussi fragiles.