Dans les coulisses de la cosmétique, on se moque souvent des longues listes de revendications "sans" (parabènes, phénoxyéthanol, silicones, PEG, huiles minérales, tests sur animaux, blablablaaaa...) : "Et avec quoi alors? Du vent ?... Des bactéries ?... Huhuhu ;).". On se moque, mais en réalité, on s'en agace, surtout.
Car il y a un côté très anxiogène à mettre en avant l'absence de tous ces "nasties", sous-entendant que les produits qui n'affichent pas de "sans" sont bourrés de molécules dont les industriels savent pertinemment qu'elles sont néfastes ou que ces derniers s'amusent à torturer les animaux, sous-entendant également que les parabènes ou sels d'alu sont définitivement mauvais, ce qui est faux, bien sûr, en tous cas inexact (allez relire ça et ça). Des "sans" donnant matière à extrapolation au consommateur qui peut penser que les silicones, par exemple, ne sont pas seulement mauvais pour la planète (ce qui est vrai) mais aussi pour leur santé (ce qui est faux, ils sont inertes sur notre organisme - et c'est un toxicologue qui nous le confirme ici).
Bref, si les "sans" peuvent être tout à fait pertinents dans certains cas, quand ils concernent l'absence de conservateurs ou d'huiles essentielles pour les personnes à peau ultra-sensibles, l'absence de silicones ou dérivés pétrochimiques pour les ultra-écolos, l'absence de dérivés animaux pour les végétariens (comme le collagène extrait de déchets de carapaces de crustacés issu de l'alimentaire), les excès de "sans" énervent les scientifiques et les industriels. Moi la première.
J'ai bien dit "les excès", ne déformez pas mes propos.
Allégations “sans”
a/ Afin de contribuer à une image valorisante des produits cosmétiques, la publicité doit être essentiellement consacrée aux arguments positifs.
b/ A ce titre, l’utilisation d’une allégation indiquant l’absence d’un ou de plusieurs ingrédients ou d’une catégorie d’ingrédients n’est possible que si cette allégation respecte les conditions spécifiques suivantes :
b/1 Elle ne constitue pas l’argument principal du produit mais apporte au consommateur une information complémentaire;
b/2 Elle n’est pas dénigrante, notamment elle ne met pas en avant un risque ou un danger pour la santé ou l’environnement;
b/3 Elle est loyale et non mensongère, en particulier lorsque l’ingrédient ou la combinaison d’ingrédients peuvent être apportés de manière indirecte, notamment par l’intermédiaire d’une autre matière première.
Et il semblerait que les choses vont bouger d'avantage très prochainement.
D'après l'un de mes clients qui a assisté à une conférence de la FEBEA (le syndicat de l'industrie cosmétique) au dernier Beyond Beauty, d'ici 2013 ou 2014, il est fort probable que toute mention "sans" soit carrément interdite par la loi ! Probablement pas de manière catégorique (ce qui me semblerait personnellement peu pertinent et plutôt dommage), peut-être juste sur le facing des produits en revendication principale, et/ou peut-être pas tous les "sans", je ne saurais vous le dire, je n'ai eu que des bribes d'informations. D'ailleurs, chers lecteurs, si vous avez des précisions à nous donnez, n'hésitez pas, le champ "commentaires" est là pour ça.
La question du "sans sans" est actuellement à l'étude, donc rien de 100% sûr sur une application légale d'ici deux ans comme je l'ai évoqué plus haut, mais comme je sais que pas mal de pros de la cosméto passent par ici, à bon entendeur......