Les vacances de la Toussaint durent cette année - "le changement c'est maintenant" - deux semaines. C'est l'occasion idéale - je parle bien sûr pour les parents qui peuvent laisser leur progéniture en garde, chez les grand-parents par exemple - d'en profiter en allant écouter un peu de musique. Je vous propose donc de choisir entre les deux festivals "mastodontes" du rock indépendant : l'habituel festival des Inrocks et celui nettement plus récent de Pitchfork. Bon, vous pouvez aussi bien aller aux deux car les dates ne se chevauchent pas, mais gare au trou dans le porte monnaie... Dans tous les cas, voici un bref comparatif des forces en présence. Tout cela est évidemment subjectif...
Le magazine / le webzine
Les Inrocks : Depuis peu, le magazine a vu arriver à sa tête, Audrey Pulvar, femme de ministre, et n'ayant pas pour réputation d'être très "rock'n'roll". Mais c'est peu dire que la musique n'est plus, depuis un bail, le sujet principal de l'hebdomadaire. On y parle de tout et (surtout?) de rien : de politique, de sujets de société, de culture aussi. Comme dans les émissions d'Ardisson ou Ruquier. Plus que jamais, il faut trier, quitte à ne presque rien garder... Pitchfork : Le petit webzine originaire de Chicago est devenu grand. Son influence est désormais indéniable. Le festival est l'occasion de passer encore à la vitesse supérieure en terme de reconnaissance. Si Pitchfork a réussi à mettre sur le devant de la scène quelques grands groupes rock actuels (Arcade Fire, Animal Collective, Grizzly Bear, etc), ses goûts deviennent à force de plus en plus prévisibles - malgré la note "surprise" accordée au dernier Animal Collective, pas si bonne que prévue.
Vainqueur : Pitchfork.
La programmation
Les Inrocks : Comme à son habitude depuis quelques années, le festival ratisse large, mélangeant les genres. Comme pour le magazine, il faudra piocher parmi les valeurs sûres (Pulp, Biolay, Spiritualized, Tindersticks, etc) et quelques nouveautés excitantes (Alt-J) et laisser tomber celles dont on se serait volontiers passé (Electric Guest). Pitchfork : Là aussi, programmation sans grande surprise avec les deux têtes de pont que sont Animal Collective et Grizzly Bear (desquels le site a grandement participé au succès) et une soirée plus frenchie et forcément électro avec M83 et Sébastien Tellier. C'est très (trop?) homogène mais cela semble manquer de grandes formations scéniques capables d'enflammer les foules.
Vainqueur : Ex-aequo.
Les salles / l'organisation
Les Inrocks : Le festival a la bonne idée de s'exporter aussi en province, même si les principales têtes d'affiche ne s'y déplacent pas. Autre avantage indéniable, celui de ne proposer que quelques groupes par soir, ce qui laisse la possibilité de tous les voir. Avantage qui a aussi ses inconvénients, celui d'être "obligé" de tout écouter, voire de ne pas être rassasié avec un seul soir.
Pitchfork : Un seul lieu, la Cité de la musique, qui n'est pas, loin s'en faut, réputée pour avoir la meilleure acoustique de Paris et pléthore (trop?) de formations programmées chaque soir.
Vainqueur : Les Inrocks.
L'ambiance
Les Inrocks : Comme la programmation est assez variée, le public aussi. On va du quadra sage et rangé à l'adolescent excité et à peine pubère. Comme le festival se déplace un peu en province, on se retrouve à Paris avec des spectateurs essentiellement... parisiens, c'est-à-dire plutôt blasés et pas toujours réceptifs à la nouveauté. Je me rappelle d'une prestation de Joanna Newsom où le son de sa voix et de sa harpe étaient largement couverts par le brouhaha des gens venus avant tout pour discuter autour d'une bière... Pas très respectueux.
Pitchfork : Je n'y ai jamais mis les pieds mais j'imagine un public moins hétéroclite, plutôt 25-30 ans, plutôt bobo, plutôt pas très apte à bouger son corps.
Vainqueur : Ex-aequo.
Les tarifs
Les Inrocks : Les tarifs sont raisonnables et dans la moyenne de ceux pratiqués pour un festival. Même Pulp à l'Olympia pouvait se voir à moindre frais. Encore fallait-il être très très rapide pour réserver ses places, car celles-ci sont parties en à peine quelques dizaines de minutes. D'ailleurs, si quelqu'un aurait des places à vendre (pas trop chères bien sûr), je suis preneur ;-)
Pitchfork : Avec un forfait à 130 euros les trois jours ou 50 euros la soirée, on est plus près des tarifs anglo-saxons. Pas à la portée de toutes les bourses, donc. Les américains ne doivent pas savoir qu'il y a une crise en Europe. A moins que le festival ne soit justement sensé cibler une clientèle que la crise ne touche pas...
Vainqueur : Les Inrocks.
Au final, ce sont donc les Inrocks qui l'emportent d'une courte tête... Ben oui, j'ai beau ne plus lire le magazine, faire venir Pulp, quand même !