LONDRES (AFP) - Le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique Gordon Brown ont jeté jeudi à Londres les bases de la nouvelle "entente amicale" qu'ils veulent développer entre leurs deux pays, mais n'ont pu masquer une première divergence sur la question du Tibet.Evènement
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Au deuxième et dernier jour de la visite d'Etat du couple présidentiel français, les deux dirigeants ont conclu les travaux de leur premier sommet bilatéral par un abondant communiqué énumérant leurs "analyses extrêmement voisines", selon le mot de Nicolas Sarkozy, sur la réforme des institutions internationales, la transparence des marchés financiers ou l'immigration.
Mais dès la conférence de presse qui a suivi, ils ont exprimé des points de vue singulièrement différents sur un éventuel boycott de la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques de Pékin pour dénoncer la répression dans la province du Tibet.
A la tête du pays qui organisera les JO de Londres en 2012, Gordon Brown a répété qu'il écartait totalement cette possibilité. "Nous ne boycotterons pas les jeux Olympiques. La Grande-Bretagne participera à la cérémonie d'ouverture", a-t-il affirmé.
Même s'il a défendu "l'analyse commune" des deux pays sur la nécessité de discussions entre la Chine et le dalaï lama, le Français a clairement laissé ouverte la possibilité de bouder le coup d'envoi des JO.
"Il faut que je consulte les autres sur leurs positions pour savoir si j'irai à la cérémonie d'ouverture ou pas", a déclaré Nicolas Sarkozy, qui présidera l'Union européenne (UE) à partir de juillet. "En fonction de la situation au Tibet, je me réserverai le droit de dire si je vais ou non à la cérémonie d'ouverture", a-t-il ajouté.
Hormis ce "couac" tibétain, la France et la Grande-Bretagne ont fait assaut de convergences sur tous les sujets. "Sur l'Afrique et la paix au Darfour, nos positions sont les mêmes", "sur le climat, notre position est exactement la même", "sur la transparences des marchés financiers, nous sommes sur la même ligne", a résumé le président français.
A tous ceux qui y ont vu un changement de stratégie, Nicolas Sarkozy a tenu à préciser que la "nouvelle fraternité franco-britannique" ne se ferait pas au détriment du "partenariat avec les Allemands".
Signe que "l'entente formidable" louée par Gordon Brown en est encore à ses balbutiements, le sommet bilatéral organisé dans l'enceinte inhabituelle du stade de l'équipe de football d'Arsenal s'est rarement éloigné de la déclaration d'intentions. Sauf pour annoncer un programme pour la scolarisation d'ici 2010 de 16 millions d'enfants africains.
Aucun des éventuels accords évoqués avant le sommet en matière d'armement ou de nucléaire civil ne s'est ainsi concrétisé.
Devenue en moins de 24 heures la nouvelle coqueluche de la presse britannique, Carla Bruni-Sarkozy s'est acquittée, le temps de ce sommet, de son unique engagement officiel de la visite en déjeunant avec l'épouse de Gordon Brown, Sarah, et plusieurs invitées de marque dont l'actrice Judi Dench.
Le couple présidentiel français s'est très rapidement reformé pour une descente de la Tamise en bateau à Greenwich (est de Londres). A cette occasion, Nicolas Sarkozy a visité le célèbre Observatoire puis décoré la navigatrice britannique Ellen MacArthur de la Légion d'honneur.
Cette visite d'Etat expresse de trente-six heures, la première d'un chef d'Etat français depuis Jacques Chirac en 1996, s'est achevée en soirée après un banquet offert par le maire honorifique de la City de Londres. L'occasion d'une nouvelle charge de Nicolas Sarkozy contre le niveau "trop élevé" de l'euro et les dérives du "capitalisme de la frivolité".
Plus que le vibrant plaidoyer du président devant les députés et Lords réunis, la presse britannique a surtout mis à sa "une" de jeudi l'élégance de son épouse, que plusieurs journaux n'ont pas hésité à comparer à l'ex-Première dame américaine Jackie Kennedy ou à la princesse Diana.
Son mari de président lui-même s'est réjoui publiquement de cette notoriété. "Je pense qu'elle a fait honneur à notre pays", s'est-il félicité.