Sans laisser planer un doute énorme sur le ressenti que procure cette émission, il reste à dire que “Le Supplément” de Canal + n’a véritablement rien de surprenant. Dans la forme, tout est bon, bien produit, conducteur propre. Pour une émission qui vient tout juste de démarrer on sent un grand sérieux dans la production.
Mais cette émission paraît pêcher de deux manières différentes. Tout d’abord dans son format hybride. En effet, telle que l’émission nous est présentée, le samedi est dédié au monde de la consommation et de la société tandis que le dimanche va majoritairement aborder les angles politique et international. Pourquoi pas. Mais lorsque que l’on regarde les deux émissions, force est de constater que bien peu de choses viennent les différencier.
Même décors, même ambiance, même présentatrice, même chroniqueur (Cyril Eldin tandis que les deux autres changent tout de même) et surtout même mise en scène. En terme de différenciation et d’identification j’avoue que l’on a déjà vu plus élaboré. Le choix est délibéré semble-t-il mais il pose un véritable problème dans la lecture du programme.
Parle-t-on du difficile travail des journalistes femmes en Syrie de la même manière que le boom des food trucks à Paris ? Chez Canal + et surtout chez Bangumi (producteur de l’émission) l’impression est sans nul doute celle-ci. Cet aspect des choses fait naviguer le programme dans une sorte de ventre mou informationnel où l’on ne sait pas comment appréhender les informations données. C’est un manque de légitimité qui saute aux yeux.
Ensuite, et c’est sans doute en très fort lien avec le point précédent, les émissions manquent cruellement de ton. Tout est neutre, rien n’est enlevé, rien n’est inscrit dans un sillon qui puisse donner l’indication aux téléspectateurs (dans un contexte hors calendrier) que l’on regarde l’émission du samedi ou du dimanche. L’aspect même du décors (tonalités à majorité blanches ou clairs), l’espace vide produit au sol, le public parsemé, disséminé donne une impression aucunement conviviale. Le seul côté Canal Plus que cet ensemble a su produire est la table centrale qui sait jouer avec des formes brisées, faisant fi de la traditionnelle table de discussion ou d’ailleurs Maïtena Biraben circule habillement autour.
Bref, l’émission telle qu’elle se présente pour l’heure n’est pas enthousiasmante du tout et n’apporte, et c’est vraiment le cas de le dire, aucun “supplément” d’âme notamment.