A Athènes, la police estimait à la mi-journée à plus de 15.000 les manifestants en route vers le parlement, séparé en deux cortèges, tandis qu’à Salonique, deuxième ville du pays, dans le nord, près de 18.000 personnes étaient décomptées par la police.
Dans la capitale, le défilé le plus fourni était celui du front syndical communiste Pame, uni derrière les slogans « Insoumission » et « Pas de nouveaux sacrifices pour la ploutocratie ». L’autre cortège était mené par les deux centrales syndicales GSEE et Adedy, organisatrices de la journée d’action pour « repousser les nouvelles mesures dures, injustes et inefficaces ».
Près de 5.000 policiers ont été déployés pour sécuriser les manifestations, souvent violentes en Grèce, comme lors des deux précédentes grèves générales de l’année, en février. L’accès au parlement était bouclé par une barrière métallique.
« Depuis deux-trois ans, nous vivons une catastrophe sociale incroyable, la société grecque est un cobaye pour ce qui se passe ailleurs » dans l’Union européenne, tempêtait Ilias Loizos, un employé municipal de 56 ans, qui affirme que son salaire a été réduit de moitié.« Nous avons un tiers de chômeurs, les affaires ne marchent plus (…) nous sommes désespérés et avons perdu confiance dans l’UE », affirmait aussi Dimitris Mitropoulos, un enseignant de 35 ans.
Les employés de société en voie de privatisation (Eau, électricité, caisse d’épargne) scandaient : « no pasaran » en dénonçant le « bradage » imposé par les bailleurs de fonds du pays.
Dans une manifestation de détermination face à cette grogne, le ministère des Finances a fait savoir dans la matinée que le nouveau plan de mesures d’économies et de réformes structurelles, contesté dans la rue, avait été « bouclé » lors d’une réunion discrète la veille au soir entre le Premier ministre conservateur Antonis Samaras et son ministre des Finances, Yannis Stournaras.
Les mesures, portant sur plus de 11,5 milliards d’économies budgétaires, essentiellement des coupes de salaires publics, pensions et prestations sociales, doivent toutefois encore être soumise à l’aval des deux partenaires de la coalition gouvernementale, et décrocher le feu vert de la troïka représentant les créanciers.
Soutenue par le principal parti d’opposition, le Syriza de la gauche radicale, la journée d’action est la troisième de l’année mais la première depuis l’arrivée au pouvoir en juin de la coalition gouvernementale.
Devant l’hôpital Evangelismos, en centre-ville, Dimitri Tsiolias, radiologue, ne se fait aucune illusion sur l’issue du mouvement.« La grève ne changera rien. Peu importe ce que nous faisons, les salaires vont baisser, tout vient de la troika » explique le médecin en désignant les représentants des bailleurs de fonds du pays, UE, BCE et FMI.
Un peu plus loin, la Poste est fermée ainsi que la plupart des administrations. Des écoles aussi sont touchées par le mouvement.
Pour Irina, la trentaine, qui dirige une imprimerie, « ce sont surtout les fonctionnaires qui font grève ». « Mes employés arrivent en retard en raison de la grève du métro, mais ils ne font pas grève, ça n’a jamais servi à rien » affirme-t-elle en sortant d’un taxi.
Les syndicats des commerçants, artisans et ingénieurs civils ont toutefois aussi appelé à la grève, même si mercredi matin les petits commerces de centre ville étaient ouverts pour la plupart.
Aucune desserte des îles n’était par contre assurée suite à un mot d’ordre de grève de 24H qui a pris effet dans la nuit.
Les contrôleurs aériens ont aussi entamé un arrêt de travail de trois heures, jusqu’à 10H00 GMT, qui a provoqué l’annulation de 12 vols des compagnies grecques, Olympic air et Aegean Airlines.
Conditionnant le maintien de la Grèce sous perfusion financière, alors que la nécessité d’une troisième opération de soutien au pays parait gagner du terrain, le nouveau plan doit être adopté au parlement avant le sommet européen du 18 octobre, dont la Grèce attend le déblocage du versement au pays de 31,5 milliards d’euros de prêts.
source : AFP