C’est un geste qui va de soi, tout comme de prendre des nouvelles, trainer quelques minutes sur le blog d’un ami ou embrasser les mouvements de groupe sur son mur facebook. Bien sûr que je sais d’avance que j’en achèterais les livres, parfois je les recevrais avant même et avec un petit mot qui scellera quelque chose entre celui qui l’a écrit et moi qui le lirait comme s’il se confiait à moi. Parfois les piles s’attardent et puis en quelques jours à la faveur de trajets de train, je mange trois romans d’un coup. Ce mois-ci, il y a eu le petit recueil de Philippe B., compagnon de route depuis long et à qui je dois beaucoup de mon parcours en littérature. Il n’a jamais oublié de m’envoyer son dernier avec quelques mots d’amitié et c’est pour le lire mieux que je suis allé vers d’autres et que j’empoignerais un jour les russes et Joyce un peu sérieusement. Premier catalogue, il était là. Et depuis, plusieurs fois encore. Pour sûr, dans quelques poignées de jours j’irais acheter ce petit essai dont il m’avait confié des épreuves. J’attends même déjà ceux dont il m’a parlé avant même d’en avoir écrit un chapitre. >Philippe Blanchon, Etrènes à Strenia, éditions La Termitière. >Philippe Blanchon, Joyce, une lecture amoureuse, éditions Golias.
Il y a quelques jours, ou quelques semaines, je n’étais pas peu fier, et touché de recevoir de Pierre B. en réponse à mon dernier petit essai dont je lui avais envoyé un exemplaire, un de ses livres qu’il m’avait dédicacé. Là aussi, je crois ne pas en avoir manqué beaucoup au fil des sorties depuis que j’ai commencé à le lire. J’ai en cours d’ailleurs le dernier tome de son journal que j’avance doucement, couvrant la décennie 2001/2010. C’est en 2004 que je l’avais rencontré aux Beaux arts. Dans mon premier livre (le livre l’immeuble le tableau), j’avais placé cette anecdote d’un auteur refilant un morceau de ferraille à un autre, le revoyant dans les couloirs des Beaux arts. Amusé dans les pages de ce journal d’en trouver le contre-point ; lui, racontant comme il lui cisaille la hanche à le porter sur la route, ce bout de bastingage reçu du copain. >Pierre Bergounioux, Carnet de notes Tome 3, éditions Verdier. >Pierre Bergounioux, 30 années, éditions Fata Morgana.
La ferraille c’était François B. qui lui avait refilé (qui m’avait invité à le faire ce livre sur l’immeuble et le tableau, pour ça qu’en clin d’œil j’y avais inséré cette histoire de bout de fer au minium écaillé). Et là non plus pas manqué beaucoup de ses bouquins. Récupéré d’occasion dernièrement un des rares qu’il me manquait alors que je venais de terminer celui qu’il venait de sortir. Longtemps aussi que son site/blog est dans les marges du mien comme un point de repère. Souvent rêvé qu’on ferait un livre ensemble et plusieurs fois passé pas loin. De lui aussi beaucoup appris, sur comment écrire mais pas que. >François Bon, autobiographie des objets, éditions du Seuil. >François Bon, conversation avec Keith Richard, éditions Publie.net/publiepapier.
Parfois je prend le train en route et m’occupe de rattraper : dernièrement me suis dit que j’allais lire ou relire tout Bernard Noël. Toujours frappé de la justesse des mots, de l’épaisseur des phrases, de ce travail de fond qui le fait poursuivre à quatre vingt ans passés avec une simplicité déconcertante. J’ai reçu une belle lettre de lui il y a peu en réponse à une encre, touché par son écriture fine, ces quelques mots humbles et sensibles. J’avais reçu en cadeau de la part d’Armand D. un portrait filmé de lui parmi ses livres ; on le voyait tourner entre les rayons, la fenêtre et la charpente. Dehors la pluie sur le verger et puis ce petit bureau où il écrit ses lettres. L’impression de toucher quelque chose d’avoir pu faire le lien. >Bernard Noël, les larmes d’Eros, éditions POL. >Bernard Noël, les premiers mots, éditions Flammarion/Léo Scheer.
Armand D. aussi est de ceux dont je suis les avancées et nous nous échangeons nos livres quand nous ne les écrivons pas ensemble. Hâte de découvrir son dernier, préfacé par Bernard N. Même génération que moi, l’impression de faire chemin en parallèle. Cette langue au rythme syncopé qui bute aux choses comme une mouche à la vitre, le travail de la langue dans son tuyau. >Armand Dupuy, la tête pas vite, éditions Potentille. >Armand Dupuy, être et, éditions Mots Tessons.
Mais je disais les retards et cette semaine, après avoir terminé ce livre de Bernard N., je me suis dis que j’allais reprendre tout Duras. Trop entendu parler et dans tout les sens, pas vraiment forgé d’avis personnel. Longtemps passé à côté, mais trop de chemins qui se croisent pour ne faire qu’en lire quelques passages distraitement. Du coup, repris l’amant, pour commencer. La suite est sur la pile. >Margueritte Duras, romans, cinéma, théâtre, Quatro Gallimard. >Margueritte Duras, magazine hors série du Monde. >Margueritte Duras, l’Amant, éditions de Minuit.
Puis en une heure, sur la même logique, empoigné un Eric Pessan. Qu’on ait un projet ensemble invite à se plonger dans son œuvre, à suivre. Compté pas moins de 4 livres sortis cette année : Monde profond, N, plus haut que les oiseaux, ôter les masques. Comment suivre son rythme effréné ? Toujours cette sobriété, une allure simple qui donne l’impression d’être écrite au fil de la plume, mais dans le détail ça tient, c’est pensé. Là où quelques autres (Bon, Séréna… période éditions de Minuit) demandent qu’on y entre et vous emportent progressivement après avoir passé 50 pages, Les livres d’Eric Pessan savent poser des postulas narratifs, des intrigues qui vous prennent dès les premiers mots. >Eric Pessan, plus haut que les oiseaux, éditions L’école des loisirs (jeunesse). >Eric Pessan, Oter les masques, édition Cécile Defaut.
Un peu comme de Thomas V. Le premier livre lu de lui c’était par l’intermédiaire de Dimitri qui l’avait publié. Me suis demandé tout de suite ce que ça pourrait donner en écriture dense. Pensé à lui pour un de nos livre chez Publie.net, commandé quelques uns. Puis un jour son premier roman. Un véritable graphomane, quelqu’un qui écrit comme il respire. Là aussi, ce qui rapproche, c’est une affaire de génération : évidemment nous connaissons ces histoires qu’il évoque, du moins les grandes lignes. Nous aussi on en est à, à peu près 30 ans, à l’aventure de l’installation avec plus ou moins de travaux (pensées pour Armand), la naissance des enfants. On est sur ce même point de pivot. Quand j’ai acheté ici ça va, la libraire m’a dit : « tout le monde aime », comme pour m’assurer que mon investissement était sans risque. Oui, somme toute, cette attention sensible et douce aux choses ordinaires, sans prétention, est quelque chose qui se laisse aisément partager. C’est comme avec certains films qu’on regarde avec l’envie de se faire du bien, de s’apaiser. Sûr que l’on poursuivra quelques choses ensemble, avec Dimitri V. et Guillaume S., en imagistes. Commandé ce matin ses bricolages hopperiens. >Thomas Vinau, Ici ça va, éditions Alma. >Thomas Vinau, Nos cheveux blanchirons avec nos yeux, éditions Alma/rédédition en poche 10/18.
Surprise enfin hier de recevoir de Dominique S. deux livres gentiment dédicacés. Touché de ce cadeau tombé du ciel. De lui, un premier livre reçu des mains de Philippe M. qui m’avait invité à exposer dans le Nord, puis quelques autres achetés au hasard. Cet entretient avec Bernard N. acheté à Philippe B. lorsqu’il avait la librairie. Jamais vraiment fouillé ces correspondances. Tellement de questions que l’on ne prend pas même le temps de formuler et qui restent dans les limbes à attendre de vagues plages de disponibilité. Un livre à venir pour rassembler un peu, un bon départ déjà. >Dominique Sampiero, Bégaiement de l’impossible et de l’impensable, éditions Lettres Vives. >Dominique Sampiero, Carnet d’un buveur de ciel, éditions Lettres Vives.
C’est l’état de la pile aujourd’hui et pourtant il faudrait ajouter. Arnaud Maïsetti, frère de route et le texte poignant et hanté qu’il vient d’écrire depuis les sous sols de ma dernière exposition. Là aussi, beaucoup appris à le lire du maniement de la langue. Vient à l’instant de sortir chez Publie.papier son essai sur Koltès. Sûr qu’il sera dans ma prochaine livraison même si déjà lu en numérique. >Arnaud Maïsetti, seul comme on ne peut pas dire, éditions Publie.net
Dont j’attends chaque livre aussi, Fabienne Swiatly, son écriture sobre, économe, juste et accrochée au réel. Des livres que j’ai plusieurs fois offerts. Et heureux qu’elle soit du prochain projet que j’ai en chantier. >Fabienne Swiatly, unité de vie, éditions La fosse aux ours.
Petite pensée au passage pour Béatrice Rilos et ses chantiers en cours. Textes toujours poignants, sans concession, attachés à l’intime avec leur musique lancinante. Elle aussi, on l’a suivi sur son blog et croisé souvent. Embarquée sur le même bateau. >Béatrice Rilos, nous aurions dormi vingt ans (à paraître).
Parait aussi que Dimitri a quelque chose sous le coude. (…)