Aujourd'hui, une femme sur trois ne se fait toujours pas dépister ou pas régulièrement et la participation au dépistage ne progresse plus. Octobre rose permet, chaque année, de relancer des actions d'information et de sensibilisation, notamment auprès des femmes les plus touchées par les inégalités de santé territoriales, socioéconomiques ou culturelles. Cette année, les pouvoirs publics interpellent à nouveau : « Vérifiez de quand date votre dernière mammographie.A partir de 50 ans, c'est tous les deux ans ».
En France, le cancer du sein est toujours le premier cancer chez la femme en nombre de nouveaux cas et de mortalité. Pourtant, détecté à un stade précoce, il peut non seulement être guéri dans plus de 90% des cas mais aussi être soigné par des traitements moins agressifs. Actuellement, malgré les progrès réalisés dans les traitements, le dépistage constitue toujours l'une des armes les plus efficaces de la lutte contre le cancer du sein.
Le mois national de mobilisation Octobre Rose : C'est pourquoi, cette année encore, le ministère de la Santé lance à nouveau le mois national de mobilisation Octobre Rose : un dispositif d'information et de communication destiné à inciter toutes les femmes de 50 à 74 ans à participer au dépistage organisé du cancer du sein. Ce programme permet aux femmes de bénéficier tous les deux ans d'un dépistage de qualité pris en charge à 100% par l'Assurance maladie, sans avance de frais.
Pour les femmes qui ne se font pas dépister régulièrement : Le dépistage organisé par mammographie constitue l'un des meilleurs moyens d'agir face au cancer du sein. En 2009, il a permis de découvrir près de 15.000 cancers du sein, soit 6,4 cas pour 1.000 femmes dépistées. De plus, on estime à 9% le nombre de cancers dépistés grâce à la seconde lecture comprise dans le programme de dépistage organisé. Ce dépistage organisé est aussi une réponse à la lutte contre les inégalités sociales de santé. Il s'agit d'un programme égalitaire qui s'adresse à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans bénéficiant du régime obligatoire de la sécurité sociale.
37% des femmes boudent le dépistage : En 2011, plus de 2.400.000 femmes de 50 à 74 ans ont réalisé une mammographie dans le cadre du programme de dépistage organisé, soit 52,7% de la population cible, auxquelles s'ajoutent 10% de femmes de la même tranche d'âge se faisant dépister de manière individuelle. Ainsi, globalement, seules 63% des femmes se font dépister régulièrement. Il existe donc encore des freins liés à des facteurs psychologiques, économiques ou géographiques, variables selon les âges, qui influencent les pratiques.
Parmi les freins, le risque de surdiagnostic et de sur-traitement : De nombreuses études ont porté sur la question, un peu de la même manière que sur le dépistage systématique du cancer de la prostate. Une étude publiée dans le British Medical Journal, en décembre 2011, conclut ainsi que le dépistage par mammographie du cancer du sein, à 50 ans, pourrait causer plus de tort que de bien, du moins dans les 10 années qui le suivent. Dans cette période de 10 ans, la perte de qualité de vie liée aux surdiagnostics et aux surtraitements l'emporterait sur le gain lié aux cancers dûment dépistés. Cette idée revient régulièrement, toujours en raison du risque, important, de diagnostics erronés et de traitements inutiles comme des interventions chirurgicales pour des tumeurs inoffensives. En Europe, le consensus général est de proposer le dépistage systématique tous les deux ans aux femmes de 50 à 74 ans. Une autre étude publiée par la Cochrane collaboration conclut que ce rapport bénéfice-risque n'est pas clair. Les 3 études considérées comme de plus haute tenue, dans son analyse, montrent que le dépistage n'a pas réduit significativement le taux de décès du cancer du sein après un suivi de 13 ans en comparaison du taux observé chez des femmes qui n'ont pas été dépistées. Enfin, une étude publiée ce mois-ci dans la revue Cancer Epidemiology, Biomarkers and Preventionrétablit le dépistage par mammographie, comme une arme indiscutable contre le décès par cancer du sein, concluant que la mammographie divise par 2 le risque de décès.
Le Ministère de la santé répond sur la question du surdiagnostic : « L'objectif du dépistage est de détecter des cancers de stade précoce pour les prendre en charge avec de meilleures chances de guérison. Néanmoins, il est établi que certaines lésions détectées par la mammographie et traitées ne se seraient pas développées, ou n'auraient pas évolué et n'auraient été à l'origine d'aucun symptôme du vivant de la personne. C'est ce que l'on appelle le surdiagnostic. Il est inhérent à tout dépistage mais plus ou moins important selon les techniques utilisées et le dépistage concerné ». Concrètement, le surdiagnostic concerne surtout les cas de cancers « in situ », c'est-à-dire les lésions cancéreuses non invasives. Pour la période 2005-2007, ces cancers auraient représenté 13,2% de l'ensemble des cancers du sein diagnostiqués dans le programme national.
Source : Ministère de la Santé Octobre rose 2012 : Dépistage organisé du cancer du sein
CANCER du SEIN: La mammographie divise par 2 le risque de décès
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