IsWhat ?! - The life we chose
Ben voilà c’est malin. Si quelqu’un avait attiré plus tôt mon attention sur l’album d’IsWhat ?! The life we chose, j’en aurais évité des heures et des heures passées à rechercher en vain CE SON. Cet équilibre. Parfois en matière de musique, une fois enquillé et fait sien les ténors d’un genre, on reste sur la béquille : plus rien à se mettre sous la dent, la dèche, nibe, que dalle, nada. Pourtant on l’entend cette petite fusion intérieure, qui mélange du De la soul avec The Roots et Antibalas, qui encastre du scat, mâtiné de hip-hop, dans du jazz New Orleans. Qui cite, qui navigue, qui ose. Quand Mingus roule une pelle à Coltrane. On se dit que ça doit bien exister quelque part, à New-York ou à Tijuana, de nouveau dingos touchés par la grâce qui ont trouvé la recette, l’exact précipité de notre petite musique intime. Allez quoi, même juste un titre, je suis en manque.
Alors on cherche. Et parfois on approche du Graal. Sur dix secondes, un sample, un arrangement. Oui ça y est. Change pas de main ça vient. Et puis non. Trop produit. Déjà vu. Un coup dans l’eau. On réécoute Maceo Parker, Rashaan Roland Kirk, S. MOS, le Wu-Tan, la larme à l’œil. On prend le risque de devenir réac’, on se replie sur l’idée que la source est tarie et on va voir ailleurs. Parfois on reprend confiance au détour d’un groupe croisé par hasard en concert. Mais si faible en studio : je fais comment moi avec mon Ipod ? On se met au tricot, on revoit Max Pécas, certains font vœu d’abstinence, d’autres brûlent leurs vinyles et s’abonnent à France-Loisirs. Monde de merde.
Et puis… Pour les plus tenaces, un jour ça vient. Ca prévient pas. Et ce qui est beau avec la musique c’est qu’alors c’est le grand tremblement. Le besoin de dire : mais oui, c’est ça, de sauter sur place pris de convulsions avec l’envie de saisir l’opinion publique : arrêtez tout bordel j’ai trouvé ! Vous venez une nouvelle fois de tomber amoureux. Et pas qu’un peu : d’un titre, de l’album, de l’œuvre. Tout un nouveau territoire à conquérir, à chérir, à ne pas perdre de vue.
Les américains de Cincinatti IsWhat ?!, menés par le chanteur Napoleon Maddox et le saxophoniste Jack Walter, adoubés par MONSIEUR Archie Shepp himself, ont sorti en 2007 une bombe à retardement que je découvre sur le tard en ce mois grisâtre de septembre 2012. De quoi avoir foi de nouveau. De croire quelque part que si l’on cherche bien, on trouvera toujours musique à son oreille. Et vous savez quoi ? Le plus beau dans l’histoire c’est que le temps d’épouser la discographie du groupe, ils nous reviennent le 1er octobre avec leur nouvel album Things that go bump in the dark.
A apprécier live, amis bretons, le 24 octobre au Vauban à Brest, et pour les plus pressés ou les plus parisiens ce 27 septembre au 104. Vous ne direz pas que vous ne saviez pas.
Circus, sur l'album The life we chose (2007) :
Et une superbe impro ici.