Fillon, Copé, Borloo et Sarkozy : les ténors de la droite se ruent dans la bataille

Publié le 26 septembre 2012 par Letoutpolitique @letoutpolitique

Entre Fillon et Copé qui se livrent une bataille acharnée à coups de comm' interposés, Borloo qui crée son rassemblement des centristes et Sarkozy dont on n'a jamais autant parlé, la droite est en ébullition. Décryptage.

Fillon et Copé, les lions de la place UMP

Fabuleux coup de comm. François Fillon a réussi là le meilleur coup médiatique de la semaine. Sous ses airs calmes et posés, F.Fillon sait très bien manipuler les médias et par conséquent son adversaire. Il a ainsi fait courir le bruit d'une difficulté à obtenir ses parrainages pour la présidence de l'UMP. Rien n'était moins sûr. Et évidemment, cela s'est révélé n'être qu'un vaste coup de bluff. A peine, cette annonce faite, Jean-François Copé, toujours fanfaron et prêt à se mettre en avant, déclare lui n'avoir eu aucun problème à récolter ses parrainages : " Je suis très fier, car nous en avons 30 000. " Une fois le loup sorti du bois, M. Fillon organise immédiatement une conférence de presse et déclare qu'il en a 45 000. Et la bataille est terminée, la victoire revient à F.Fillon. L'adversaire pris par surprise tente de réagir en déclarant qu'il en a 40 000 et que lui, il les fait compter par un huissier, donc ce sont des " vrais. " Mais rien n'y fait. Fillon a été meilleur dans la course au parrainage. Jean-François Copé aurait peut-être du mieux écouter la fable " Rien ne sert de courir, il faut partir à temps. ". Au jeu du lièvre et de la tortue, ce n'est pas toujours celui qu'on croit qui gagne.

D'autant plus que Fillon reste largement en tête dans les sondages de sympathisants. Rappelons seulement que ce ne sont pas les sympathisants qui votent, mais les militants. L'élection n'est donc pas encore faite même s'il est rare que les militants et les sympathisants pensent différemment. En ce moment, l'UMP est en train de choisir le plus présidentiable des deux phénomènes. Et après une présidence Sarkozy dont le style a été rejeté, ils ne semblent pas vouloir du " copé-collé " et lui préfèrent le calme et la sérénité de Fillon, rassurant parce qu'il a été un homme d'Etat pendant 5 ans. Mais il n'est pas encore un homme de parti. Et c'est ce qu'est en passe de conquérir François Fillon.

Agitation au centre

Pendant ce temps-là, le centre s'agite. Borloo a réussi son pari de rassembler les centres dans l'UDI (Union des Démocrates Indépendants). A une lettre près, c'est le grand retour de l'UDF. Pari réussi pour Jean-Louis Borloo qui parvient ainsi à exister politiquement après son éviction du gouvernement en 2010 et son retrait de la course à la présidentielle en 2012. Il a bénéficié des ralliements de nombreux ténors de l'Alliance centriste (Jean Arthuis), du MoDem (Jean-Marie Vanlerenbergh). Et cela peut continuer. Dimanche, François Bayrou a tendu la main à Jean-Louis Borloo en déclarant : " La réunion des centres, faisons-là ensemble. ". Jean-Louis Borloo s'est empressé de répondre que l'UDI avait vocation à accueillir tous ceux qui se reconnaissait dans son projet politique... à savoir une alliance indiscutable avec l'UMP. Bien loin des combats de l'ancien troisième homme de 2007. François Bayrou va-t-il disparaître de la vie politique française ? " En politique, on n'est jamais mort " dit-on. Mais le président du MoDem est face à un choix cornélien : renoncer à son combat de ses cinq dernières années qui lui a coûté la plus grande partie de ses soutiens politiques et populaires, ou refuser l'offre de l'UDI et errer dans les méandres des oubliettes politiques...

La traversée du désert d'un homme heureux

Au milieu de toutes ces agitations, Nicolas Sarkozy est, quant à lui, sur un petit nuage. Il réussit le dur exercice d'une traversée du désert réussie. Les médias ne parlent que de lui : " que fait-il ? ", " que va-t-il faire ? ", " va-t-il revenir ? ", " que pense-t-il ? ", " qui soutient-il dans la course à la présidence de l'UMP ? "... Autant de questions sans réponses qui agitent la sphère médiatique. Ce qui est sûr, c'est que Nicolas Sarkozy se sent porté : jamais les Français ne lui ont montré autant d'affection, jamais les militants UMP n'ont autant réclamé son retour. Et tout lui sourit : François Hollande chute dans les sondages bien plus vite que lui : à la même époque, Nicolas Sarkozy bénéficiait encore de 61% d'opinion favorable contre seulement 44% pour François Hollande. La gauche souffre d'une cacophonie, on la juge incapable. Et enfin, son œuvre n'a pas été complètement détricotée, ce qui lui prouve que son bilan n'était pas si mauvais que ça. En un mot, Nicolas Sarkozy est un homme heureux et il continue de s'intéresser à la vie de son pays. Il reçoit, consulte, juge et réfléchit. A un possible retour ? Possible, mais rien n'est sûr. Une fois le Président de l'UMP choisi, il va se faire un plaisir d'éviter au mieux un retour de Nicolas Sarkozy. Mais d'un point de vue électoral, il aura du pain sur la planche : l'UMP qui a perdu toutes les élections locales des dix dernières années, fait des élections municipales de 2014 un enjeu majeur. En cas d'une nouvelle défaite, Nicolas Sarkozy pourra peut-être apparaître comme l'homme providentiel, seul capable de remettre à flot un parti à la dérive. Mais ce n'est qu'un pari et jusque là, le silence et la patience s'imposent, ce qui ne sont pas les traits de caractère prégnants de M. Sarkozy...