C’est une réponse normande que j’ai envie d'apporter. Contrairement à une idée répandue, le Québec n’est pas désespérément à la recherche de Français pour combler des milliers de postes vacants sur le marché du travail. En émigrant au Canada, il ne faut pas s’attendre à ce que les employeurs vous courent après et vous accueillent les bras ouverts.
De un, ces employeurs ne connaissent ni le système scolaire français, ni les diplômes français. Le concept des Grandes Écoles est tout à fait mystérieux à leurs yeux – expression faisant plus allusion à l’école primaire pour les canadiens qu’à un système d’ « élites ». Dans la même lignée, un critère recherché pour beaucoup d’emplois sont les accréditations des Ordres canadiens. Cela demande souvent un retour aux études long et onéreux pour les obtenir! Si vous avez de l’expérience professionnelle, ne vous attendez pas non plus à ce que votre entreprise française soit connue au Québec. Mettez-vous donc à la place des employeurs d’ici. Ils ont face à eux des nouveaux arrivants dont ils ne connaissent réellement ni les études, ni les employeurs précédents. S’ajoute parfois un problème de langue, car maitriser l’anglais est primordial dans beaucoup d’entreprises, vos collègues et supérieurs étant potentiellement anglophones!
Pour ajouter à la difficulté, ces candidats français ne connaissent pas le Canada et le marché canadien. Imaginez travailler en marketing par exemple pour une marque en France sans connaitre aucun des des clients potentiels et leur façon de travailler : Carrefour, Leclerc, Les Galaries Lafayette ou le Bon Marché…ne pas connaître le marché local, les clients, les fournisseurs et les concurrents peut tout à fait vous faire perdre le poste face à un candidat canadien. Cela souligne l’importance de la première expérience canadienne qui peut être ou ne pas être forcément dans votre domaine actuel précis. Ce premier travail, souvent en deçà de vos qualifications, permet de se familiariser avec une industrie, avec les us et coutumes locaux, et surtout de se faire un réseau. Il est important d’obtenir des références locales pour obtenir un emploi, d’autant plus que beaucoup de recrutements se font via les réseaux. A l’inverse, partir en mauvais termes d’une entreprise peut s’avérer dévastateur pour votre carrière. Le monde des affaires québécois est petit!
Cela étant dit, qu’en est-il une fois obtenu le poste convoité?
Après, tout dépend de vous, du poste et de la culture d’entreprise. Des postes dont les horaires sont de « 9 à 5 », il y en a. Mais, parmi les postes dits de « professionnels » ou de cadres, le 9 à 5 est déjà moins évident. Les deadlines, la pression, les voyages et les jeux de politique interne peuvent être tout aussi intenses que dans n’importe quelle autre entreprise du monde selon votre travail! Si vous cherchez à fuir votre métier actuel, reprendre la même carrière ici n’est pas la solution.
N’oubliez pas non plus que la norme canadienne est de deux semaines de vacances par année, soit 10 jours. Les vacances correspondent à un avantage à l’ancienneté au Canada. Vous obtenez une semaine de plus après 5 ans dans l’entreprise. Toutefois, il est tout à fait possible de négocier des vacances supplémentaires lors de la négociation salariale. Ne l’oubliez pas!