Pour mettre fin à la violence scolaire, il faut d’abord mettre les divers acteurs de la vie scolaire en situation et en état d’être responsables.
Par Jacques Garello.
Publié en collaboration avec l'aleps.
Pour autant, notre ministre de l’Éducation nationale n’est pas un homme heureux. Vincent Peillon vient en effet de découvrir un phénomène inaperçu de ses prédécesseurs : la violence scolaire. Il a pris tout de suite la mesure radicale qui s’imposait : il va créer un Observatoire de la Violence Scolaire. Voici le changement tant attendu : les socialistes voient vite et voient loin. La méthode du ministre est éprouvée. Les fonctionnaires de Bercy eux-mêmes viennent en effet de dénombrer 600 officines publiques (sur 1.200) qui ne servent à rien et qui coûtent un argent fou. Un observatoire de plus conduira certainement à des progrès spectaculaires, à des coûts forcément réduits.
Désireuse d’économiser l’argent des contribuables, l’équipe de l'aleps s’est proposée pour observer gratuitement la violence scolaire, et adresse au ministre ses observations :
1° L’argument des syndicats suivant lequel c’est faute d’enseignants qu’il y a de la violence scolaire ne résiste pas aux données brutes : le nombre d’élèves n’a cessé de diminuer, et le nombre d’enseignants n’a cessé d’augmenter, de sorte qu’il y a en moyenne un enseignant pour 14 élèves. De même le manque de moyens de l’Éducation nationale est un mythe, son budget a grossi davantage que tous les autres postes budgétaires.
2° Globalement la violence scolaire épargne l’enseignement privé, sans doute parce que les établissements y sont l’objet d’un choix délibéré, responsable et onéreux de la part des familles. Il serait donc souhaitable de traiter les établissements scolaires comme des entités concurrentes et libres de leur pédagogie et de leur gestion, au lieu de les assujettir aux directives d’une administration centralisée et syndicalisée.
3° La plupart des enseignants aiment leur métier et ont une réelle vocation pour instruire les enfants, mais ils sont épuisés par les problèmes de discipline, par l’absentéisme de certains collègues, par la complexité du système de gestion, par les changements pédagogiques imposés sans cesse et enfin par le comportement des parents.
4° Les parents ont souvent abandonné la mission éducative qui leur est assignée par la logique familiale. Jules Ferry disait « Nous donnons une instruction publique à des enfants éduqués par leurs parents ». Nombreux sont ceux qui voient dans l’école une garderie et dans le collège et le lycée des parkings pour ados, et ne s’occupent guère du contenu de l’enseignement, ni de la forme de la pédagogie.
5° Ainsi, on occupe les enfants au lieu de s’en occuper. Cela débouche sur la permissivité, économe en temps et en énergie, alors que la moralité exige une attention permanente, l’art de comprendre et parfois de redresser. Quand on a un travail hors du foyer il est difficile de consacrer de longues heures à l’éducation des enfants. De tous les pays européens, la France est celui où les enfants sont mis le plus tôt en crèche ou en maternelle. L’évolution des structures familiales rend le défi de l’éducation encore plus lourd à relever.
6° La plupart des enfants sont en fait livrés à la mode du moment. Celle qui leur parvient à travers la télévision et autres « réseaux sociaux » : violence plus violence. Mais surtout celle qui se forge dans les établissements, dans les cours de récréation et les classes : imitation des petits chefs, esprit de bande, harcèlement et racket des faibles, prosélytisme des déviances, etc.
Au total la violence scolaire n’est que le sous-produit de l’irresponsabilité. Irresponsabilité des enseignants qui ne veulent plus ou ne peuvent plus accepter les sacrifices qu’exige l’éducation d’enfants mal élevés par leurs familles. Irresponsabilité des parents qui ne se soucient guère de la qualité d’une éducation offerte gratuitement par l’État-providence. Irresponsabilité des enfants, assez naturelle dans le premier âge, mais qui explose avec l’adolescence, au point que la criminalité peut maintenant concerner des mineurs de dix ans.
Pour mettre fin à la violence scolaire, il faut d’abord mettre les divers acteurs de la vie scolaire en situation et en état d’être responsables.
Les maîtres donnent toute la mesure de leur talent et sont fiers de leur mission dans des établissements où il y a place pour le mérite, pour la concurrence, qui conduit à l’excellence ; aucune bureaucratie centralisée ne peut y réussir. En l’absence de toute concurrence, le mammouth est devenu un foyer d’improductivité et d’irresponsabilité. Les parents se sentent responsables de l’école de leurs enfants quand ils en ont le choix, et doivent payer pour ce choix. Si l’éducation devient un « droit social », pourquoi s’en soucier ? Si tous les jeunes sont pris en charge jusqu’à l’âge de 16 ans, pourquoi s’inquiéter pour leur avenir ? On sait pourtant que l’échec scolaire est aussi évident que la violence scolaire. Quant aux enfants, il est temps de s’occuper de leur personnalité, de leur identité, au lieu de les fondre dans le collectif, au lieu de niveler par le bas. Il faut les aider à découvrir leur propre potentiel et à briser le mimétisme.
Mais il sera difficile de vaincre la violence, scolaire ou autre, dans une société où la règle et l’idéologie sont celles de la lutte, de la jalousie et de l’envie, et finalement de la barbarie.
Les enfants, les familles, les écoles ont besoin de sérénité et d’harmonie. Or c’est un bien commun qui n’existe que dans une société civilisée, fondée sur la complémentarité, l’échange et la liberté. C’est à la reconstruction de cette société que doivent travailler les libéraux.
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