Malgré son statut d'espèce menacée et protégée, le braconnage du bruant ortolan se poursuit plus que jamais cet automne dans les Landes, légitimé comme depuis dix ans par une tolérance préfectorale orale, et donc sans aucune valeur juridique, que la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) n'a eu de cesse de condamner. Retour sur une actualité brûlante.
Le braconnage de l'ortolan se poursuit pourtant plus que jamais cet automne dans les Landes ! Pour preuve : les 27 installations actives de piégeage localisées fin août dans les Landes par des bénévoles du Comité contre l'abatage d'oiseaux (CABS, Committee Against Bird Slaughter). L'association, basée en Allemagne, y a relevé 679 pièges cages et libéré 80 ortolans fraîchement capturés*.
Pour la LPO, ces opérations sont "totalement légitimes et témoignent d'une prise de conscience à l'échelle européenne de ce scandale. C'est d'ailleurs bien l'échelle européenne qui est légitime dès lors qu'il s'agit d'une espèce grande migratrice". La LPO voit là "la conséquence logique de ces dix années d'une stratégie démagogique, désastreuse pour la préservation de cette espèce aujourd'hui en grand danger, et déplore par ailleurs la montée en puissance de la violence sur le territoire landais."
"Le 2 septembre, à cause des nombreuses plaintes des braconniers et de la violence croissante contre les équipes, le Préfet des Landes, Claude Morel, a mis en demeure les bénévoles du CABS de quitter le département", précise la LPO. Pour le président du CABS Heinz Schwarze, qui a reçu la lettre via la gendarmerie en précisant qu’elle ne pouvait plus assurer leur sécurité, "cette attitude de la part des autorités rend les forces de l’ordre et la préfecture otage des braconniers."
La LPO sollicite ainsi une rencontre avec le préfet des Landes "pour connaître sa stratégie d’éradication de cette pratique illégale coupable de contribuer à la disparition d’une espèce de son territoire européen". L'association a également demandé le 22 août dernier à Delphine Batho, ministre de l’Ecologie, et à Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, de mettre en œuvre la promesse du candidat à la présidentielle François Hollande : "Je soutiens bien évidemment l’interdiction de chasser des espèces protégées et m’inscris en opposition aux pratiques illégales telles que la pose de piège aux passereaux protégés".
Source : Terre sauvage