- que les prix Anti-Nobel honorent des découvertes ou inventions qui font d'abord rire puis réfléchir. En voilà un concept fantastique. Elles sont remises depuis 22 ans dans le théâtre de la prestigieuse Université de Harvard. Le prix 2012, catégorie littérature, a été attribué au Government Accountability Office, organisme d'audit, d'évaluation et d'investigation du Congrès des États-Unis, pour son rapport sur les rapports au sujet des rapports recommandant la préparation d'un rapport sur le rapport au sujet des rapports sur les rapports. On ne peut souligner que la précision de la demande, ainsi, évidemment, que l’éloge de l’administration, l’encensement de la politique, l’apologie de la connerie. Une avalanche au Népal, des bloggeurs dissidents emprisonnés au Vietnam, les qataris dans nos quartiers, le Soudan et le Sud-Soudan en conflit, la fermeture de l’accès à Google en Iran, toutes ces choses sont sûrement hilarantes, mais je dois avoir un humour particulier, ça m’amuse moins. Les Ig Nobel, en VO, rendent hommage à l’originalité, honorent l’imagination et ont pour but d’attiser l’intérêt des gens. Je ne dresse pas la liste de ceux qui pourraient s’en inspirer, ce serait trop long. Mais rassurons-nous, la planète est sauvée, il reste encore quelques doux dingues, et pas que !
- que le prix Anti-Nobel 2012, catégorie acoustique, a été décerné aux japonais Kazutaka Kurihara et Koji Tsukada pour la création du SpeechJammer, une machine qui perturbe la parole d'une personne, en lui faisant entendre ses propres mots avec un très léger retard. Une bonne petite claque aux mauvais parleurs. Le ferme ta gueule classieux, l’épouvantail à bavards, le clap à clapets ! Je suggère la mise en place systématique de l’appareil, avec, en direct, grâce aux sms et tweets, qui seraient gratuits je précise, des auditeurs ou téléspectateurs, le positionnement automatique sur le crâne des pénibles à partir de 50% de mécontents. Puisqu’il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, certains museaux vont ressembler à des ventilateurs palataux position trois. Et ça va nous reposer. Et leur rafraichir les idées. Que l’idée fasse son chemin, allez hop, envole-toi belle idée. La Terre est sauvée, m’entendez-vous, il reste encore quelques doux dingues, et pas que !
- que le prix Anti-Nobel 2012, catégorie neurosciences, est revenu aux Américains Craig Bennett, Abigail Baird, Michael Miller et George Wolford, qui ont démontré que les chercheurs peuvent prouver, à travers l'utilisation d'instruments sophistiqués et de statistiques simples, l'existence d'une activité cérébrale cohérente en toute espèce, y compris dans un saumon mort. C’est beau, c’est concret, et tellement véridique, véritable, et vérifié donc, que la fraîcheur du raisonnement m’a fait décoller de mon siège ! Et puis c’est rassurant pour tous ceux qui se noient dans l’autodénigrement, les têtes de turc ou boucs émissaires harcelés, compressés et broyés, ceux qui pensent qu’ils n’ont pas d’avenir, même, allez, l’humanité tout entière. Nous pensons, si je résume ! Chacun à sa hauteur, certes, mais arrêtons de titiller sinon je ne finirai jamais le paragraphe. Sortons en citant. Le troisième millénaire sera spirituel ou ne sera pas. Monsieur Malraux, si vous nous entendez, c’est confirmé ! Notre planète est sauvée, vous dis-je, il reste encore quelques doux dingues, et pas que !