Certains chrétienspensent aussi à institutionnaliser ce délit de blasphème. Le patriarche maronite libanais Béchara Raï a déclaré à l’ouverture du sommet islamo-chrétien de Bkerké hier que le film “L’Innocence des musulmans” “porte atteinte non seulement aux musulmans et au prophète, mais également aux chrétiens. Nous n’allons pas nous contenter de condamner. Nous allons appeler la communauté internationale à émettre une loi onusienne interdisant de dénigrer les religions“. Même si, comme on le rappelle dans Causeur, tous les navets ne provoquent pas des émeutes et des assassinats. Et alors même que Salman Rushdie est de nouveau la cible d’une fatwa (de 3 millions de dollars…), et que les violences islamistes ont enflammées une fois de plus de nombreux pays – y compris européens, ce qui est bien nouveau.
De l’autre côté, en Europe, une société sans Dieu, l’idée d’un “religieusement correct” ne serait pas un mal, si cela est bien comrpis et appliqué. La parole n’est pas contrôlée dans nos sociétés, et la religion – disons tout de go l’Eglise catholique – est bafouée en permanence sur les réseaux sociaux, dans la publicité ou l’ironie omniprésente (comme le rappelle le radar cathophobe sur Twitter); et souvent avec l’argent des contribuables (voir Sur le concept du Fils de Dieu, Piss Christ, Inquisito, et bientôt Ainsi soient-ils). Un peu de mesure et de dignité dans ce flot ininterrompu de parole ne serait pas totalement néfaste.
Mais qu’en est-il aujourd’hui du blasphème, de la parole impie ? Le blasphème, lui aussi, s’est “laïcisé”. La relation entre le blasphémateur et l’objet du blasphème, elle qui était verticale (blasphémateur/Dieu) s’est horizontalisée : elle oppose celui qui exerce son droit à la liberté d’expression à celui qui est bafoué. Le blasphème attaque dorénavant le groupe de croyant, voir l’ethnie, plutôt que Dieu ou le sacré. Or c’est une méprise profonde sur le sens même du blasphème, qui bafoue Dieu lui-même. De fait, un blasphémateur ne peut être qu’un croyant qui offense son Dieu.
De fait, c’est chez certains croyants que se perpétuent les plus énormes blasphèmes. Bref, il est bon que le délit de blasphème soit institué, mais qui pour faire respecter le blasphème ultime, celui du fidèle qui insulte son Dieu, et qui caricature sa religion plus que n’importe quel impie pourrait le faire. La destruction quotidienne d’églises, la mise à mort de jeunes chrétiens, l’organisation d’attentats ou autres horreurs, comme on le retrouve relayés tous les jours sur l’Observatoire de la christianophobie ou sur Riposte catholique, en sont des exemples malheureux et probants.