Maturité.
C’est le 1er mot qui m’est venue, juste après mon entretien individuel au boulot.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, l’entretien individuel, c’est le moment où on est cordialement invité à faire un bilan de notre activité et cerner notre avenir en discutant avec notre responsable et/ou la direction. C’est un moment charnière pour l’employé que tu es, parce que c’est là que tu vas parler de ce qui te plaît et de ce qui t’emmerde te chiffonne.
Bref, qui dit moment important dit stress chez moi et méga préparation.
Bon je t’avouerais que lorsque l’on m’a dit que mon entretien individuel se ferait bientôt. J’étais un petit peu paniquée. Déjà, parce que je garde un mauvais souvenir d’entretiens individuels. Plus particulièrement de ceux que j’avais lorsque j’ai été victime de harcèlement . Je me souviens que ces entretiens tournaient plus au rapport exacerbé de domination, où l’on me parlait de 15% de mon travail et les 85 autres % tournaient autour de reproches sur ma personnalité, que sur un bilan réel et constructif de mon taf. Je peux vous dire qu’argumenter ou demander quelque chose dans ce contexte était de l’ordre de la mission impossible parce que l’on se sent plutôt, très, mais alors, très mal à l’aise.
Heureusement, les expériences professionnelles diffèrent et cette fois-ci, je me sentais un peu stressée, mais pas trop crispée à l’idée du rendez-vous. Avant d’y aller, je savais ce que je voulais dire que cela soit en positif ou en négatif et les questions que je voulais poser. J’ai pris des notes et bien structuré tout ce que je voulais évoquer. Puis j’ai attendu que mon entretien arrive et le jour J, je suis rentrée dans le bureau, je me suis installée avec mon directeur et ma directrice et c’était parti.
Une heure et demie plus tard, je suis ressortie globalement satisfaite. Mes deux directeurs se sont montrés très à l’écoute, ils m’ont fait de très bons retours sur ma manière de travailler, mais ils ont aussi mis l’accent sur des éléments objectifs de mon activité. Même si de nouveaux questionnements concernant la future activité du théâtre et de mon poste par la même occasion se sont pointés. Et que j’avais certaines “revendications” qui n’ont pas abouti (d’autres se sont concrétisées). J’étais vraiment contente.
De moi-même.
Je vais pas me jeter des fleurs hein, mais je vais peut-être me renifler quelques bouquets. J’ai été vraiment surprise par ce que j’avais pu exprimer au cours de cette entrevue. J’ai posé les questions franco, j’ai questionné et (re)questionné jusqu’à avoir les réponses, j’ai (oh my fucking god, faisons péter le champ) aussi parlé argent sans rougir, sans me sentir mal à l’aise. Bon en vrai si un peu au début, mais je me suis accrochée à cette idée que j’avais lu quelque part étant que ce n’est pas être méchante ou désagréable (encore une fois réminiscence de la période de harcèlement où l’on me faisait sentir que prétendre à une augmentation = être l’incarnation du mal, si, si, je te jure) que de demander une augmentation, c’est une demande qui peut se justifier et si j’estime la mériter pourquoi ne pas en parler. Je me sentais suffisamment confiante tout simplement. Pas à 200%, mais dans une bonne tranche disons.
C’est après l’entrevue que je me suis faite la réflexion que j’avais fait preuve d’une assurance dont je ne me sentais pas capable, il y a encore quelques mois. Je ne suis pas encore une pro de l’exercice hein, mais je m’aperçois que j’ai de bonnes ressources pour me positionner et qu’une douce confiance se restaure tranquillement chez moi sur le plan pro. Je sens que j’ai franchi un cap et que c’est juste une nouvelle étape dans ma continuité (you know ce que je veux dire ?). La maturité, la confiance, l’estime je sais pas trop comment le nommer, enfin bref, il y a ce truc chez moi qui grandit, qui se poursuit et qui avaaaaaance. Ouh, ouh.
Et ça, my dear, ça. Ça me ravit.