Gilles Pen : "J'ai un tempérament de survivant"

Par Titus @TitusFR

Dans "Les Nuages n'ont fait que passer", roman publié en 2011, Gilles Pen, auteur rennais d'origine brestoise, fait parler un môme attachant et rêveur qui raconte le Brest de la guerre et de l'après-guerre. Cette histoire - le romancier ne s'en cache pas - c'est bien la sienne. Dans cet ouvrage qui révèle une plume alerte et souvent drôle, l'auteur raconte sa ville natale, rendant au passage un hommage appuyé à ses parents, qui furent d'honnêtes boulangers, de simples "héros ordinaires". Passionné de musique, Gilles Pen est aussi parolier à ses heures. Un rêve devenu réalité grâce aux complicités tissées, au fil des ans, avec plusieurs compositeurs.

Titus - Gilles Pen, dans votre plus récent roman, "Il y a tant de chemins", j'ai relevé cette citation de Mark Twain : "La chance, c'est un trait de caractère". Est-ce que cette petite phrase ne résume pas formidablement votre parcours ?

Gilles Pen - Oui, sans doute. Je pense que je suis né chanceux, même si le démarrage a été un peu difficile… J'ai failli mourir à six mois, ce qui m'a donné un tempérament de survivant. J'ai subi une toxicose, un empoisonnement par le lait de vache, car celui-ci n'était pas pasteurisé à l'époque. J'ai été sauvé grâce à la pénicilline. Merci M. Fleming. Après cet incident, j'ai toujours été considéré par mes parents comme quelqu'un de très fragile, ce qui fait que j'ai été surprotégé durant toute mon enfance. Ils disaient même à mon frère aîné qu'il ne fallait surtout pas me contrarier… Même si je suis assez angoissé de nature, j'ai malgré tout la conviction que, dans la vie, tout finit toujours par s'arranger. 

Si l'on se réfère à votre premier roman, "Les nuages n'ont fait que passer", vous semblez avoir vécu une enfance heureuse…

Quand on est aimé comme je l'ai été par mes proches, mes parents, mais aussi mon frère et ma soeur, cela n'a rien d'étonnant ! D'abord, mes parents étaient très amoureux l'un de l'autre. Ils ont vécu une très belle histoire d'amour et ont adoré leurs enfants. C'étaient des gens très généreux… Ils étaient boulangers à Brest, à une époque où le petit commerce tournait bien. C'est après que ça s'est dégradé. Quand ma mère est tombée malade, les commerçants à l'époque n'avaient pas de sécurité sociale et ma mère a dû être opérée quatre ou cinq fois, ce qui a coûté extrêmement cher et leur a causé d'énormes difficultés. Malgré tout, c'étaient des gens qui ne se plaignaient jamais. Au contraire, ma mère, qui était handicapée, était celle qui remontait le moral de tout le monde, et notamment des clients. Elle disait toujours : "Dans le commerce, on écoute les choses mais on ne les répète surtout pas…"

Dans votre livre, vous racontez cette journée où tout a basculé dans votre vie.

Oui. Nous étions à table, un soir, et nous l'avons vue s'affaisser sous nos yeux. Elle a fait un AVC. Mon père nous a aussitôt envoyés, moi et mon frère, chercher le médecin. A l'époque, il n'y avait qu'un téléphone dans le quartier, chez le boucher. Le temps que celui-ci nous ouvre, on a préféré foncer en voiture jusqu'à la maison du médecin. Celui-ci finissait son repas et nous a dit qu'il allait arriver. Mon frère m'avait dit que Maman ne marcherait jamais plus, et je chialais comme une madeleine.

Cet accident aura eu des répercussions notables sur votre parcours scolaire…

Ça s'est très mal passé ! Le lendemain de l'incident, lorsque j'ai expliqué au prof que je n'avais pas fait mes devoirs parce que ma mère avait failli mourir, il m'avait ri au nez ! J'avais 13 ans à l'époque et je n'imaginais pas qu'il fût possible d'être aussi méchant. C'est à ce moment-là que je me suis dit que je ne pouvais compter sur mes enseignants et qu'il faudrait me démerder tout seul. C'est là que j'ai commencé à bouquiner et que j'ai fait la connaissance de Georges, le libraire du quartier de Kérinou, à Brest, qui était un type fabuleux.

Vous avez plus appris à son contact que sur les bancs de l'école semble-t-il… Il vous a fait découvrir de nombreux auteurs…

Il me mettait des ouvrages de côté et me disait : "Tenez, il faut que vous lisiez ça". C'est lui qui m'a fait découvrir Kerouac, Steinbeck, entre autres. Je lisais tout le temps. A l'époque, on n'avait pas la télé et je bouquinais des heures et des heures. Ça énervait ma mère car je n'entendais pas ce qu'elle me disait tant j'étais dans ma bulle.

Vous décrivez avec beaucoup de tendresse l'activité de vos parents boulangers dans les années 1940, 50 et 60… Vous leur rendez un bel hommage.

J'aime décrire ces époques passées. Mes parents, surtout mon père, m'ont beaucoup raconté la guerre. Ça m'a toujours passionné. 

Le livre fourmille de détails qui restituent fidèlement la vie à Brest dans ces années-là… On a l'impression d'y être.

Je suis très observateur et j'ai une mémoire visuelle plutôt développée. Je me rappelle de la couleur des voitures, ou des caractéristiques de certains vieux modèles; le tableau de bord, les essieux, etc. Sans parler des odeurs… Comme Brest a été totalement détruite pendant la guerre, je me suis souvent demandé à quel âge j'avais réellement découvert ma ville. Je suis né en 1948 et mes premières visites de Brest doivent donc logiquement remonter à 1955, vers là. C'était l'époque de la reconstruction. Enfant, on ne se demandait pas vraiment pourquoi certains de nos copains vivaient dans des baraques, notamment au Bouguen. C'est quelque chose que je raconte dans l'ouvrage sur lequel je travaille actuellement, qui sera la suite de "Les nuages n'ont fait que passer". On déambulait dans ces quartiers entièrement constitués de baraques, où l'on trouvait toutes sortes de commerces, la boucherie, la charcuterie, le café… On se serait cru dans un western ! Tout était en bois !

Vous avez été formé pour le métier de couvreur, mais vous n'avez jamais exercé…

Je raconte ça justement dans le prochain livre à paraître. Je ne suis pas un manuel et j'admire les gens qui savent faire des choses que je ne sais pas faire. Quand j'ai suivi ma formation de couvreur, c'est là que j'ai rencontré mes meilleurs amis. Cette période de ma vie a duré trois ans, mais j'étais là pratiquement en dilettante. Ce qui n'a pas empêché qu'on ait tous été reçus à la fin… Certains ont poursuivi dans cette voie, moi non. Au cours de ces trois années, on n'est monté sur un toit qu'une seule fois.  

Comment êtes-vous devenu routier ?

Après mon service militaire, j'ai travaillé environ cinq ans dans la grande distribution, chez Rallye, (l'ancêtre de Géant, ndr). Le frère d'un ami, qui était mécano, m'a lancé : "Toi qui adores les bagnoles, tu n'as jamais pensé conduire un camion ?" Le genre de phrase qui change une vie… Il m'a suggéré de me renseigner car il existait des stages pour passer le permis poids lourd. C'est ce que j'ai fait et trois mois plus tard, j'ai débuté un stage à Loudéac. A l'époque, je n'avais que mes deux fils; ma fille est née plus tard à Rennes. Et donc ma femme et mes garçons sont venus habiter avec moi près de Loudéac. A l'issue du stage, en 1977, j'ai obtenu mes permis, et j'ai surtout été repéré par le chef du personnel de la société STG, pour laquelle j'ai ensuite travaillé pendant 31 ans. J'y ai fait toute ma carrière. Encore ma bonne étoile.

Vous avez dû voir du pays durant toutes ces années ?

J'ai traversé la France dans tous les sens, pendant environ cinq ans, avant de rouler davantage dans le Nord de la France et la Belgique. Ce que j'ai adoré car j'aime beaucoup la mentalité des gens du Nord et des Belges ! A l'époque, quand on roulait, on avait beaucoup de liberté. Ça n'est plus aussi vrai de nos jours. On était toujours en retard. On se faisait engueuler ou on engueulait les clients… Ça n'allait jamais plus loin. Sur la route, j'écoutais un tas de choses : les infos et beaucoup de musique. J'avais aussi le temps de lire et d'écrire. J'ai toujours beaucoup écrit. J'avais déjà le projet de raconter l'histoire de mes parents, sans savoir à l'époque si j'y parviendrais ! J'ai accumulé beaucoup de notes sur cette époque. C'est une fois à la retraite que je me suis attelé à ce projet, en choisissant l'angle du gamin qui raconte. En fin de compte, j'avais mémorisé mes notes, car je n'ai pas eu besoin de m'y référer au moment de la rédaction. J'ai laissé courir mon imagination, et j'ai écrit un premier jet de près de 500 pages. Au moment de la relecture, j'ai éliminé certains passages que je jugeais redondants. Il fallait qu'il y ait du rythme tout le temps.

Dans ce premier roman, publié en 2011, qui constitue un formidable témoignage sur le Brest de l'après-guerre, on entrevoit ce que sont les grandes passions de votre vie : la littérature, la musique, mais aussi l'amitié, l'amour et les femmes… Et c'est vrai que l'on ne s'ennuie pas du tout lors de la lecture de "Les nuages n'ont fait que passer"… Le récit foisonne de micro-événements qui, au final, restituent fidèlement une époque. Et puis, il y a beaucoup d'humour…

Je me suis efforcé de réunir une multitude d'anecdotes qui peuvent parfois paraître originales, mais qui sont pourtant tirées du réel. Je m'étais dit qu'il fallait qu'il se passe quelque chose toutes les cinq lignes !

Vous dites souvent que vous ne vous considérez pas écrivain, mais plutôt raconteur…

Je n'ai pas la prétention d'être un écrivain, par contre, c'est vrai que je sais raconter. Ceux qui me connaissent depuis longtemps me disent que j'avais déjà ce style, cette façon d'écrire, lorsque j'étais plus jeune. Notamment dans mes rédactions à l'école.

Certains de vos profs avaient en effet remarqué chez vous cette facilité à raconter.

C'est vrai. Je me souviens de l'un des sujets. On nous avait dit de raconter un voyage. Il n'y avait pas un seul d'entre nous qui avait déjà mis les pieds à l'extérieur de Brest. La plupart de mes camarades avaient inventé des récits peu crédibles. Pour ma part, j'ai raconté un voyage à Paris, effectué alors que j'étais encore dans le ventre de ma mère. Cela m'avait valu des commentaires assez élogieux. 

Dans votre oeuvre, on constate un appétit insatiable pour la découverte d'autres contrées, mais on voit que vous êtes demeuré particulièrement attaché à Brest, votre ville natale…

Comme disait Saint-Exupéry, "On est de son enfance comme on est d'un pays". Quand j'arrive à Brest, je suis chez moi ! J'y reviens régulièrement car c'est un besoin. Il y a la mer, bien sûr. Je ne vais pas dessus mais j'adore la regarder. Je suis un contemplatif dans tous les domaines. Mon deuxième fils, Jérémy, est né à Brest. Quand on est parti, il avait un an je pense. Malgré tout, il se sent lui aussi  chez lui à Brest et il a longtemps taquiné sa soeur, qui est née à Rennes, en lui disant que de toute façon, elle ne pouvait pas comprendre parce qu'elle n'était pas née à Brest (rires).

On sort de la lecture de vos romans avec l'impression d'avoir passé un long moment en votre compagnie et d'assez bien vous connaître... Vous vous dévoilez beaucoup… N'est-ce pas un trait de caractère, chez vous, cette grande franchise qui semble transparaître dans les rapports d'amitié ou d'amour que vous tissez tout au long de votre existence ?

Je ne sais pas tricher. Quand je n'aime pas quelqu'un, il n'y aura rien à faire ! Par contre, quand j'aime, j'adore. Et on peut tout me demander ! 

Avez-vous actuellement d'autres projets d'écriture ?

Je suis en train d'écrire la suite du premier, qui couvrait plusieurs décennies jusqu'à l'été 1963, puisque j'y relatais l'histoire de mes parents. La suite reprend à ce moment-là et raconte mon histoire jusqu'au 2 mai 1968. Elle couvrira donc cinq ans, c'est à dire une période beaucoup plus courte. Cela m'oblige à me montrer plus précis dans mes descriptions. Il sera cependant dans la même veine que le premier. En 1963, j'avais 15 ans; en 1968, 20. Il a fallu que je tienne compte de cette différence d'âge dans l'écriture. Il y aura moins de naïveté. 

Pourquoi s'être arrêté au 2 mai 1968 ?

Ce jour-là, il ne se passe encore rien des événements que l'on connaîtra peu après. Ça correspond à la date de mon départ au service militaire, en fait. Je prévois déjà un troisième volet qui couvrira cette autre période. Je me retrouve dans ma caserne au moment où ça pète un peu partout. Nous y sommes très mal informés des événements et ce n'est que trois semaines après les faits que les infos commencent tout juste à nous parvenir. J'ai le sentiment, du coup, de ne pas avoir vécu mai 1968. J'étais en France mais coupé de ce qui s'y passait. Ce sera l'amorce du livre.

On peut donc imaginer un volet suivant, couvrant cette fois la période où vous étiez routier ?

J'ai déjà écrit un volume sur ce thème que je suis obligé de remanier parce que j'ai exploité une partie de l'histoire, celle qui traite de la relation entre Gary et Marie, dans "Il y a tant de chemins". Et j'ai d'autres projets pour la suite : mais j'aimerais m'atteler à des livres plus courts !

Jusqu'ici, vos ouvrages sont très autobiographiques. Vous n'êtes pas tenté par la fiction ?

Non. Je dis toujours que je n'ai pas d'imagination. Stéphanie, ma meilleure amie, me dit cependant tout le temps le contraire ! Elle est toujours la première à lire mes manuscrits et elle me connaît par cœur… 

Quelles réactions obtenez-vous de vos lecteurs ? Les livres se vendent bien ?

Oui, ils s'écoulent tranquillement, grâce notamment aux réseaux sociaux et aux salons auxquels je participe régulièrement. Je suis satisfait du travail des Editions Velours, une jeune maison d'édition avec laquelle j'entends bien continuer à collaborer. Les réactions des lecteurs sont plutôt bonnes : ce qui me fait plaisir, c'est quand on me dit que mon livre fait du bien. Là, c'est la médaille. Les anciens Brestois m'ont dit y avoir retrouvé l'âme de leur ville détruite. Je dois la force de mes descriptions à mon père, qui m'a tout raconté dans les moindres détails...

Musique et littérature se combinent parfaitement dans votre activité d'auteur. Vous êtes parolier depuis déjà pas mal de temps…

D'emblée, j'ai eu la certitude que je rencontrerais des musiciens pour chanter mes chansons. En 1995, quelques-unes de mes poésies ont été réunies dans un recueil publié chez "La Pensée Universelle". Un ami a présenté ces textes à un musicien. Celui-ci a estimé que c'était très bien, mais qu'il fallait que j'apprenne à écrire un refrain. Il a donc fallu que je change un peu ma manière d'écrire dans ce cas précis.

Votre frère, Alain, qui est l'un des personnages principaux du premier roman, est celui qui vous a fortement encouragé à prendre la plume. Vous pouvez nous raconter l'histoire de ce recueil de poésie, "Un oeil sur le temps", dont il est à l'origine ?

Au départ, ce recueil était en effet un cadeau de mon frère. Je m'explique. Quand j'ai divorcé, en 1995, lui-même est devenu veuf. On s'est donc retrouvés seuls à peu près au même moment, et on n'était bien ni l'un ni l'autre. Pour mon anniversaire, il a voulu me faire un cadeau. Il m'a demandé de choisir une quarantaine de mes textes et m'a proposé de les faire éditer à compte d'auteur. Ce livre m'a beaucoup apporté, même encore aujourd'hui. Il m'a permis de rencontrer de nombreux musiciens. Parmi ceux-ci, il y a eu Maolo Di Giovanni, ou encore Sylvère Burlot, qui a récemment fait l'Olympia. Nous allons faire un album ensemble, qui devrait sortir avant la fin de l'année. Je collabore aussi avec Freddy Petit, un chanteur du Nord. J'ai notamment écrit les paroles de la chanson "J'ai croisé la fille du Nord", qui figure sur son album "Angel" sorti récemment. Il y a encore mon ami Seroan, avec qui j'ai écrit une formidable chanson en hommage à Gainsbourg, qui s'appelle "Le ciseleur de mots". Après coup, nous nous sommes aperçus qu'il n'existait aucune chanson sur lui. Des chansons de lui, reprises, oui, mais une création-hommage, non. Comme  Seroan est un garçon plein de talent, qui a sorti il y a peu un premier album magnifique, je suis heureux et flatté de collaborer artistiquement avec lui. J'écris environ 80 textes par an. Environ une soixantaine d'entre eux devraient aboutir, à terme, sur différents albums.

Comment travaillez-vous avec les compositeurs ? Vous leur soumettez un certain nombre de textes et ils choisissent ?

En général, on discute au préalable puis je leur envoie mes textes. Je leur dis toujours qu'on peut les modifier à loisir. Ça n'est pas compliqué; l'important, c'est d'arriver à écrire de bonnes chansons. Dans le cas de Sylvère, je lui ai adressé une quinzaine de textes et il les a tous gardés.

Ça arrive aussi que des compositeurs vous demandent un texte sur un sujet en particulier ?

Tout à fait. Quand je fais ça, j'ai besoin de beaucoup parler avec eux pour mieux cerner leurs attentes...

Quel est votre premier souvenir musical ?

C'est à ma mère que je dois mes premières expériences musicales. Ce furent Tino Rossi et les opérettes. On allait au ciné pour voir Luis Mariano et Francis Lopez. A huit-neuf ans, j'écoutais déjà beaucoup la radio. Je me souviens d'écouter notamment une radio berbère. J'adorais les chansons berbères. L'animateur s'appelait Hami. Toutes les demi-heures, il disait : "Je vous rappelle que vous écoutez une émission présentée par votre ami Hami". (Rires)

Dans votre dernier livre, "Il y a tant de chemins", vous évoquez aussi une autre radio qui vous a beaucoup marqué, la radio pirate britannique Radio Caroline, à laquelle un hommage a récemment été rendu dans le film "Good Morning England".

Jusque là, nous n'avions eu que le Pop Club de José Arthur, qui fut pour nous une émission extrêmement importante car il jouait des morceaux que nous n'entendions nulle part ailleurs. Sur les ondes courtes, nous captions les radios pirates, à l'instar de Radio Caroline. On écoutait beaucoup cette station qui nous permettait de découvrir des albums que nous allions ensuite commander chez le disquaire. 

Vous avez continué par la suite à vous passionner pour bon nombre d'artistes folk ou rock. Qui sont ceux qui vous ont le plus marqué ?

Il y a Johnny Cash, Bob Dylan, Leonard Cohen et les Beatles, que je peux écouter toute la journée. J'aime aussi beaucoup les Kinks, que j'ai peut-être autant écoutés que les Beatles. Et puis, plus tard, Eric Clapton ou Procol Harum…

Procol Harum, que vous avez eu la chance de voir en concert à Brest, salle Cerdan…

Il faut imaginer la salle Cerdan, à l'époque. Le plus souvent, on allait y voir du catch. Tout le monde fumait et au bout d'un moment, un nuage de fumée se formait dans la salle. C'était terrible. Gérard Klein, qui était à l'époque animateur à Europe 1, présentait le spectacle de Procol Harum. Avec mon pote Alain, on est allés le voir et il a bien voulu qu'on reste à côté de lui. Donc, on a entendu "A whiter shade of pale" dans le dos de Gary Brooker. Un moment incroyable !

On vous sent heureux de vivre, et cela rejoint la petite phrase de Mark Twain qu'on citait en début d'entretien. Quel est donc votre secret du bonheur ?

J'aime les gens et j'aime bien que les gens que j'aime aillent bien. J'ai cette façon de vivre du survivant. Quand on me contrarie, ça dure dix minutes et puis c'est fini. Ce qui ne m'empêche pas d'être un hypersensible ! 

Propos recueillis par Titus le 22 septembre 2012.

POUR EN SAVOIR PLUS 

Le site officiel de Gilles Pen   

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Pour commander les ouvrages de Gilles Pen publiés aux Editions Velours 

ou contact : gilles.pen@gmail.com

Les livres de Gilles Pen 

"Il y a tant de chemins" (Editions Velours, 2012)

"Les Nuages n'ont fait que passer" (Editions Velours, 2011).

"Un oeil sur le temps", 1995 (La Pensée Universelle)