RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! La semaine dernière sortait « Les saveurs du palais », qui nous faisait plonger dans les coulisses des cuisines de l’Élysée, et encore, tout n’a pas été dit, n’est-ce pas, Valéry Giscard d’Estaing ?
VALÉRY GISCARD D’ESTAING : Oh, je vous vois venir, vous, vous essayez de m’arracher un scoop, mais je puis vous assurer que concernant mon septennat, les cuisiniers de l’Élysée n’ont jamais reçu d’autre directive que de donner le meilleur d’eux-mêmes afin que la table du chef de l’État soit à la hauteur du prestige gastronomique de notre pays : je suis sûr que les chômeurs qui commençaient à crever de faim de mon temps me sont reconnaissants d’avoir sauvé les apparences ! Notez, pour être tout à fait honnête, que j’ai parfois demandé que l’on adapte les menus en fonction des personnalités que je recevais. Par exemple, Lady Di : je savais que quand elle venait me rendre une visite d’agrément, rien ne pouvait lui faire plaisir que des asperges au gingembre en entrée ; ensuite, en plat de résistance, du gigot à l’ail, avec beaucoup, beaucoup d’ail, et aussi une généreuse portion de gingembre, et au dessert, double dose de chocolat noir, le tout arrosé de jus de gingembre !
R.A. : Hum ! Que des trucs aphrodisiaques, quoi !
V.G.E. : C’étaient les goûts de la princesse, je n’y peux rien !
R.A. : Je présume que madame votre épouse n’était pas non plus avec vous à ce moment-là, comme par hasard ?
V.G.E. : Et oui, comme vous dites, un hasard ! Un autre exemple : quand mon cousin Bokassa Ier (et dernier) m’annonçait sa venue par téléphone, je lui demandais de m’envoyer par courrier un menu pour savoir ce qu’il voulait manger. Quand je le recevais, je ne pouvais pas m’empêcher de rire un peu car, vous vous en doutez, ce pauvre Jean-Bédel ne maîtrisait pas à la merveille notre belle langue et son menu était toujours plein de fautes de français ; tenez, je vous en lis un : « Entrée froide : Salade de niçoise. Entrée chaude : Soupe aux poivrots. Plat de résistance : Veuf bourguignon aux carottés. Dessert : Tarte aux brunes » ! C’est folklorique, vous ne trouvez pas…
R.A. : Vivivivivi… Hum ! Jacques Chirac, vous avez la réputation d’être un bon mangeur…
JACQUES CHIRAC : Écoutez, je vous vois venir, vous allez me ressortir cette calomnie suivant laquelle j’aurais englouti pour 4.000 francs de nourriture par jour aux frais de la princesse ! Je vous rappelle que j’avais la Bernadette avec moi à l’Élysée et croyez-moi, une Chodron de Courcel ne se contente pas de tartines beurrées au petit déjeuner ! La seule idée de devoir manger, je cite « comme ces bolcheviks qui vous ont élu, Jâââcques », la rendait encore plus invivable que d’habitude !
R.A. : Non, c’est possible ?
J.C. : Puisque je vous le dis ! Enfin, remarquez que pour ma part, je suis comme tous les Français, j’aime bien manger et bien boire : la seule différence, c’est que moi, je pouvais vraiment le faire tous jours !
R.A. : Et vous aimez vraiment la tête de veau ?
J.C. : Ben oui, à votre avis, pourquoi j’ai gardé Raffarin à Matignon pendant trois ans ? Remarquez, puisqu’on parle de gastronomie, ce qui m’a étonné pendant mes douze années de présidence, ce n’est pas tout ce que j’ai pu manger : c’est plutôt tout ce que les Français ont pu avaler comme couleuvres !
R.A. : Je vous crois… Et vous, Nicolas Sarkozy ?
NICOLAS SARKOZY : Oh ben, si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais bien claqué tout le budget de l’Élysée en costards à trois patates, en ray-bans, en pompes de classes, en baguouzes, en rolex… Bref, dans des trucs qui en jettent, quoi, qui font président dynamique qui pète toujours le feu ! Pour la bouffe, je me serais contenté de commenter des pizzas, des Mc Do, des pâtes, des kebabs… Heu, non, pas des kebabs : c’était un coup à perdre tous mes électeurs racistes ! Seulement, quand j’ai épousé Carla, elle était pas d’accord : il lui fallait la grande cuisine, les meilleurs plats, les mets les plus raffinés et gnagnagna ; du coup, depuis qu’on est mariés, j’ai droit presque tous les soirs à des plats invraisemblables en toute petite quantité au milieu d’une assiette carrée qu’il faut mâcher pendant des heures ! Ceci dit, je crois que ça a quand même bien profité à Carla : comparez le tour de taille qu’elle avait quand je l’ai rencontrée à celui qu’elle affichait quand on a quitté l’Élysée, et vous verrez la différence !
R.A. : Vous avez eu un enfant durant votre mandat, vous lui faisiez préparer des blédines ?
N.S. : ‘Valait mieux ! Carla, au début, s’était mis en tête de lui donner le sein… « Quel sein ? », que je lui ai fait remarquer ! Alors le budget de l’Élysée, je l’ai aussi claqué dans les repas pour Giulia : et quand j’ai compris que c’était foutu pour ma réélection, j’ai même organisé régulièrement des agapes ! « Fallait pas s’imaginer que j’allais lui faciliter le boulot, à Hollande !
R.A. : Quand on parle du loup : monsieur le président, avec vous, les repas doivent être assez frugaux, je pense ?
FRANÇOIS HOLLANDE : Je vois très bien ce que vous voulez dire, mais j’ai été obligé d’interrompre mon régime : il est très efficace, d’accord, mais même un peu trop ! Il m’a beaucoup affaibli, il m’a rendu presque amorphe, mou comme une chique pour tout dire, incapable de la moindre action…
R.A. : Oui, ça c’est vu : et vous l’arrêtez quand, alors ?
F.H. : Ben… Ça fait déjà quatre mois que j’ai arrêté !
R.A. : Ah ben il était temps, en effet ! Mais concrètement, vous mangez quoi ?
F.H. : Oh, des nouilles au beurre avec du jambon, des œufs durs, de la salade, des sardines à l’huile, du thon au naturel, du yaourt nature…
R.A. : Non mais attendez, je ne comprends pas, là : vous l’avez arrêté, votre régime, ou pas, au final ?
F.H. : Bien sûr, que je l’ai arrêté ! Mais je suis un président normal, je mange comme tous les Français ! Je ferai des agapes quand, grâce à l’action de mon gouvernement, le français moyen aura enfin les moyens d’en faire lui aussi !
R.A. : Vous êtes optimiste… Et votre compagne, Valérie Trierweiler, elle en pense quoi ?
F.H. : Je crois qu’elle n’aime pas tellement : elle prend tous ses repas du midi à la cantine de Paris-Match ! Vous comprenez maintenant pourquoi elle s’accroche à son boulot…
R.A. : En effet ! Fabrice Colombero, le mot de la faim (ah ! ah !) ?
FABRICE COLOMBERO : Ah ben les graoulliens, je vous félicite : faire un papier sur la bouffe à l’Élysée sans faire le moindre jeu de mot vaseux avec le camembert « Président », il fallait le faire !
R.A. : Oui, la tentation était forte, nous sommes fiers de ne pas y avoir succombé ! Allez, kenavo !
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