Dramaturge canadien ayant mené une brillante carrière à Hollywood et au Royaume Uni comme scénariste, Bernard Slade est l'auteur de nombreux succès théâtraux comme "Même heure l'année prochaine", "La fille sur la banquette arrière", "Coup de Chapeau" ou plus récemment "Les grandes occasions" dans lesquelles, souvenez-vous, s'illustrèrent Clémentine Célarié et Jean Réno. A chaque fois des comédies romantiques ou dramatiques plutôt fines et élégantes. Cette fois-ci pourtant, on s'interroge sur les raisons qui ont pu conduire l'écrivain à composer si rapidement ce "Drôle de Père" pour le moins poussif...
Narrant la tentative de reconquête d'estime d'un père, amuseur public sur le petit écran, auprès d'un fils qu'il n'a pas vu grandir parce qu'élevé par sa mère, la pièce fait défiler scènes quelconques ou stéréotypées et personnages sans épaisseur, parfois inutiles, à vitesse grand V. On ne sait par ailleurs si cela est dû à l'adaptation de Gérald Sibleyras, mais les dialogues se révèlent bien pauvres et l'humour manié lourdaud à souhait... Ne prenant jamais le temps d'installer les situations, usant d'une psychologie de supermarché, les séquences imaginées par l'auteur n'émeuvent pas plus qu'elles ne font rire et sonnent faux du début à la fin.
A l'image de ce que nous venons d'évoquer, la mise en scène de Jean-Luc Moreau est bâclée. Nous nous garderons bien, enfin, de porter un jugement sur l'interprétation des comédiens tant il n'ont que peu de matière pour exposer leurs talents et se voient contraints d'aller à la caricature.
Un mot sur Michel Leeb, peut-être, presque sobre... A défaut de nous resservir sa délicieuse imitation de "l'africain" (on sent qu'il se retient...) ou de nous offrir le come-back de "Baygon jaune", l'artiste fit la poule et pondit un oeuf... Ce qui eut l'air d'enchanter une dame assise à nos côtés, s'esclaffant sans retenue.
La soirée ne fut donc pas perdue pour tout le monde.
Tant mieux, tant mieux...