Le lien vers l'opus numéro un :
"Et si on parlait, bouquins !"
Voici donc mon avis sur d'autres romans et essais sur la Thaïlande pour éventuellement vous donner une idée de lecture ! [...]
Les larmes de Bouddha.
Dirigé par Guido Franco.
Edition Autrement.
Ce recueil dont la première édition date de 1990 est une enquête plus ou moins approfondie sur la Thaïlande. Comme il est écrit dans le titre, il s'agit surtout des « choses qui fâchent », coté obscur du pays du sourire, clichés décrits sans cliché, politique, histoire, sociologie, caractères thaïs, royauté, modernisme et féodalité... Un livre que j'avais lu à mon arrivée en Thaïlande en 1998 dont je n'avais pas saisi tout le contenu. Je l'avais oublié dans un coin de ma bibliothèque et l'ai parcouru de nouveau pour vous le présenter. L'étude est étayée de nombreux récits, de nouvelles et témoignages de personnages éminents de la société civile et politique du pays. Les chiffres et statistiques sont évidemment « vieillots », les textes de Guido Franco peuvent ne pas plaire à tout le monde, mais son regard acéré sur ce pays, pays qui est une partie de moi désormais, est une vue et une analyse sans concession d'un connaisseur avertie... À lire ou à relire !
De Saneh Sangsuk.
Seuil édition (Points).
Traduit du thaïlandais par Marcel Barang.
Ce roman, ce conte est tout d'abord une très belle histoire qui nous plongent dans les superstitions du peuple de Siam. Je parle du royaume du Siam car la plupart de l'action se passe dans des temps immémoriaux pour un peuple qui a peut-être perdu l'origine de ses racines : la jungle et la mousson ! L'auteur écrit dans un style haletant et vif ce qui donne à ce récit un vrai suspens ; le texte est servit par une traduction toujours aussi précise et « enjouée » de Marcel Barang qui décidément sait de quoi il parle ! Et puis le personnage principale, un moine centenaire, original, dont la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Vous l'accompagnerez de l'époque, où il n'avait pas encore revêtu la robe safran, du temps où les habitants de son village mais aussi ceux du pays du sourire étaient encore un peuple de chasseurs-cueilleurs pour devenir des riziculteurs sédentaires, jusqu'à la veille des années soixante dix où devenu révérend père du temple du village où il naquit jadis, il reviendra devant les enfants de ce même village, avides de ses contes, sur l'histoire de sa vie, sur un siècle d'histoire paysanne du royaume du Siam à la Thaïlande d'aujourd'hui ! Une très belle histoire qui m'a profondément touché où jusqu'à la dernière ligne, je fus assailli d'un émoi incandescent, où la place de l'animal, en particulier le tigre dans toute sa splendeur sauvage est présent, un livre dont je ne ressortais pas indemne !
De Saneh Sangsuk.
Seuil édition (Points).
Traduit du thaïlandais par Marcel Barang.
Du même auteur que le livre précédent, ce petit conte, qui se lit très vite puisqu'il fait moins de cent pages vous emmènera dans un petit village où un petit garçon plus ou moins rejeté dont la vie ne l'a pas gâtée mais qui est néanmoins passionné de spectacle de marionnette qui le fait jouir d'une certaine Aura ; il verra son destin basculé par sa rencontre malencontreuse avec un cobra royale près du temple animiste de la Mère Sacrée, sensé protégé le village ! Entre superstitions des villageois et personnages profitant des croyances et de la naïveté de ces mêmes villageois, une bien belle et triste histoire !
De Kukrit Pramoj.
LANGUES & MONDES édition, section l'asiathèque.
Traduit du thaïlandais par Wilawan & Christian Pellaumail.
Avant de parler de ce roman, parlons tout d'abord de l'auteur ! Kukrit Pramoj fut un personnage très important de la vie politique et culturelle du pays du sourire tout au long du vingtième siècle. Sénateur, premier ministre, issu de famille princière, ayant étudié à Oxford, il est l'archétype de intelligentsia thaïlandaise d'ailleurs la princesse Maha Chakri Sirindhorn, infante du Roi de la Thaïlande actuelle et princesse préférée du peuple thaï a écrit la préface ! Il n'en reste pas moins un homme doté d'humour et assez visionnaire pour décrire certains aspects de la société thaïlandaise. Ce livre fut écrit au début des années cinquante, lorsque témoins d'un accident de la route où il y eut de nombreuses victimes, il lui viendra l'idée de se demander pourquoi tous ces gens affectés dans la tragédie ayant eut une vie totalement différente, venant de milieux différents ont tous eu le même destin tragique, au même moment et au même endroit. Il reprendra donc dans ce roman le trajet de onze vies totalement différentes (vie d'un simple paysan à celle d'un politicien émérite en passant par un moine vénéré ou une femme volage), onze vies décrites grâce à un style plaisant ! À l'aube du destin commun de tous ces personnages où ils feront preuve de rédemptions à un moment de leur vie mais surtout avant leur fin tragique, le fil conducteur de ce roman est le Karma de chacun ou comment l'un des préceptes essentiels du Bouddhisme intervient dans l'ordre des choses de la vie de chaque personnage et donc de chaque être humain ! À lire avec délectation...
De Chart Korbjitti.
Seuil édition.
Traduit du thaïlandais par Marcel Barang.
Nous avions déjà parlé de l'auteur dans mon précédent article sur « mes lectures siamoises », en partageant un de ses très beaux romans, « La chute de Fak ». L'auteur est aussi cinéaste et dans ce livre il va se livrer à un style romanesque un peu déroutant, il va assister à une pièce de théâtre, style nouveau théâtre, un peu comme un critique et tout au long du récit, nous décrire la façon qu'il la mettrait en scène en tant que cinéaste...Au delà de tout ce coté, un peu rébarbatif, la pièce de théâtre se passe dans un hospice pour vieilles personnes ! Quelques personnages annexes, infirmières, homme de ménage et famille proche des vieillards vont accompagner les acteurs principaux de cette histoire, c'est-à-dire, une pendule qui déroule ses minutes, inexorablement au dessus de vieilles femmes plus ou moins abandonnées de leur famille, état de fait plutôt rare en Thaïlande ; leurs caractères, leurs histoires personnelles et surtout leurs rapports entre elles, venant toutes de milieux différents seront mis en exergue par les auteurs de la pièce...Une atmosphère étrange, hélas ternit, à mon avis, par ces descriptifs continus de l'auteur sur les techniques de mise en scène, mais cette histoire imprégnée de l'âme thaïlandaise nous concerne tous puisqu'il s'agit du moment où nous vieilliront tous, bien ou mal et de la solitude contrainte lorsque l'heure sonnera pour tous et nous annoncera notre trépas !
De Chart Korbjitti.
Asphalte édition.
Traduit du thaïlandais par Marcel Barang.
Pour ce dernier roman, un autre de Chart Korbjitti, il s'agit plutôt d'un autobiographie de la jeunesse de l'auteur...Le passage de l'adolescence à l'age adulte, pour lui et ses amis...Comment s'émanciper ou non de sa famille, omniprésente pour chacun des personnages, comment se confronter à une société très hiérarchisée et tenter de s'en défaire et comment côtoyer les farangs qui commencent à débouler dans les lieux touristiques tel Phuket ou Pattaya ! La bande d'amis ont un point en commun, ils adorent la picole et se saoulent du début à la fin du livre et c'est vrai que j'oserais dire que le Maekhong whisky et la bière mais aussi la ganja sont les principaux personnages de ce roman...Il faut rappeler que l'action se passe dans les années soixante dix, au moment du « flower power », alors on excusera l'auteur qui, à mon avis, passe trop légèrement sur le poids de la société thaïe, de la tradition familiale sur une jeunesse qui rêve juste de liberté mais qui se sent coupable de la désirer... Marcel Barang a eu beau faire une traduction dynamique, le contenu n'est pas à la hauteur de l'attente que j'en avais...Mais peut-être, en attendais-je trop ?
Bonne lecture !
Paille kheundheu !
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