Dans la série "l'indie j'ai un peu fait le tour donc en ce moment je vais me faire mal aux oreilles dans des trucs un peu inédits en live pour moi", j'ai eu deux soirées intéressantes cette semaine. La première au Point Ephémère jeudi, avec The Forks + Jean Jean + Toe et la seconde à la Boule Noire avec Into It. Over It + Make Do and Mend + Title Fight + La Dispute hier soir. L'ensemble était bien bien awesome, pour preuve mon audition encore pas complètement revenue ce matin. La première soirée était assez fascinante car littéralement 99% instrumentale: sur les 3 heures de set, y'a eu 2 titres avec des chanteurs, et en temps normal j'aurais eu peur de me faire sévèrement chier mais en fait pas du tout, l'ensemble tenait extrêmement bien la route. The Forks ont joué dans la fosse, faute de place sur scène et du coup on voyait presque rien, donc entrée en matière bizarre. Jean Jean étaient eux par contre absolument fabuleux, c'était une sorte de mélange réussi de post-rock avec de math rock et d'autres trucs, bref ça faisait beaucoup de bruit et les guitariste et batteur avaient approximativement les meilleures expressions faciales du monde. Enfin y'avait Toe, des japonais avec un statut culte bien important qui font en ce moment même leur première tournée européenne après une décennie de carrière. La salle était donc pleine à craquer de fans très très en amour, ce qui était proprement merveilleux: évidemment, personne ne chantait, mais les sons gutturaux éructés par la fosse au début de chaque morceaux valaient à eux seuls le détour. De mon propre aveu, je suis une novice presque totale en matière de Toe mais leur set a très largement suffit à me convertir, les mecs étaient d'une sincérité désarmante et entièrement absorbés par leur set (ça se traduit par des grimaces inquiétantes et des roulements au sol tout en continuant de jouer de sa guitare au dessus de sa tête). Bref, amour.
Puis hier la Boule Noire donc, pour une affiche que "l'Amérique nous envie" (les mots d'Evan Weiss, pas les miens). Etrangement j'avais jamais mis les pieds dans la Boule Noire depuis que je suis à Paris ("t'es pas assez punk" -Anthony à moi, constat triste et sans appel) donc encore une fois ~soirée découvertes!~ J'ai mis mon plus joli sweat Topshelf Records pour m'intégrer dans le décor et évidemment au bout de 3 mètres à l'intérieur y'avait un mec avec la version grise de mon pull donc tout allait bien, on était entre gens respectables. Into It. Over It. ouvrait les festivités et comme j'étais surtout là pour voir le one-man-band d'Evan Weiss j'étais en bonne place avec mon sourire niais. Evan a juste une guitare, une barbe, des lunettes et un vrai talent pour le stage-banter (si vous avez une traduction correcte je veux bien, j'ai l'impression d'avoir sur moi le jugement de ma mère qui me corrige à chaque anglicisme et grossièreté depuis que je fais des Lettres) et mon dieu, j'aurais aimé pouvoir l'écouter raconter sa vie pendant 2 heures ou le voir jouer 52 Weeks en entier en avalant pintes sur pintes. Mais hélas la vie n'est pas si bien faite, il a du laisser rapidement la place à Make Do And Mend, un groupe dont le chanteur crie aussi ENTRE les morceaux pour s'adresser au public et qui m'a surtout donné l'occasion de sortir fumer une clope et retirer de l'argent pour acheter tout le merch d'Evan pour l'encourager à revenir en France avec le groupe complet qu'il vient de constituer pour jouer les titres d'Into It. Over It. Après Title Fight c'était cool, ils criaient de manière plus mélodique et j'avais plus bu. La Dispute ont fermé la soirée avec un set relativement court qui a mis pas mal de joie dans les coeurs de leurs fans, bonne dynamique de scandage dans les rangs (notamment chez les jeunes fans de sexe féminin, ce qui faisait grogner pas mal de vingtenaires aigris probablement ni blonds ni américains sur l'event FB) et j'étais très fière d'avoir survécu à mon sweat malgré l'ambiance torride. On peut dire ce qu'on veut sur leurs paroles pour adolescents en crise, je les ai trouvé super honnêtes. En fait je suis peut être au coeur de leur cible démographique, même si je contemple a priori pas trop le suicide.
Sinon j'ai toujours pas fait ma rentrée parce que c'est ça l'esprit Sorbonne, par contre grâce à mon statut de "cas particulier" (enfin officialisé après toutes ces années à me battre pour être une special snowflake) j'ai pu récupérer tous les cours de branlos qui m'intéressaient genre "anglais du cinéma" ou "atelier d'écriture romanesque" donc c'est cool et j'ai assez hâte de revenir à l'école la semaine prochaine même si y'aura environ zéro potes à moi dans mes TD. Je vivrai chez Gibert, c'est juste en face. Mon compte en banque est excité.
(les photos d'Evan sont de Jon Weiner)