Antonio Osorio, poèmes

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Ainsi parle le tracteur

.
(Traduction Patrick Quillier)
.

Je n’aime pas ce profil de sauterelle.

Je suis content, je trépide, on abuse de moi,

esclave de la glèbe. Je déchire, puis j’ourle,

j’ai un axe de douloureuse, sereine

transmission. Il est dur d’entraîner en rampant

une vache à la fosse. Je me suis déjà brisé

une jambe. Je déteste le poids de la remorque.

Cinq ans et pourtant je ne comprends toujours pas ces

pièces toutes sales qui tournent en moi.

La pelleteuse, au moins, hurle

(je l’aime). La ferraille ne me dit rien qui vaille.
.
.

Cheval

.
(Traduction Patrick Quillier)

Un jour viendra
où quelqu’un se montrera
reconnaissant et dira:
- Entrez,
venez manger à notre table.
.
.
.

Comme un pigeon

.
(Traduction Patrick Quillier)

…tutto non si puo mai dire, né si sé né degli altri, né dei vivi né dei morti

(Umberto Saba)

Comme un pigeon de la Piazzale Michelangelo
je vole, rue après rue, dans le ciel de Florence.
Je cherche à atteindre la toiture,
la maison détruite de tes parents.
Il est resté dans l’air un rien, je m’en absorbe,
d’amour et d’angoisse. Je bois dans l’Arno
ta dernière larme, pareille
à la matière du fleuve. J’arrive au point
culminant du Campanile de Giotto, et j’entends
les cloches qui parcourent Fiesole, les collines
et les métairies. Léonardo
achetait au mercato di San Lorenzo
des oiseaux pour leur donner, de nouveau, des ailes.
Maintenant c’est moi qui vole aimant pour toi
et pour moi, triste, orgueilleuse, son
âme, je me pose sur le Battistero
car je sais que Dante y fut baptisé
et je souille à Orsanmichele la tête de San Giogio
en touchant ce bronze que posséda la main de Donatello.
O choses d’ocre, safranées, noircies,
sur lesquelles je vole à la recherche de morceaux de pain
offerts par les passants prodigues.
Et dans l’espoir qu’une persienne s’ouvre
et que je trouve, ô Mère, un visage rappelant le tien
et où dans cette main parvenir et manger.

.
.
.

La première nuit

.
La première nuit,

Et avant, et après,

J’ai baisé tes lèvres

En tremblant.

Non par crainte

De te toucher.

Tremblant de te perdre.
.
.
.

Site exact

.
Je sais qu’ils sont sans fin,

ton plaisir

et le mien.

Quelqu’un

aime avec nous,

qui nous conduit

au siège exact des saisons.

Non, même le sommeil

alors n’est pas à nous

legs d’autres donateurs

hérité de leurs amours.
.
.
.

Bibliographie

.
Né en 1933 à Sétubal, au Portugal.
Avocat à Lisbonne.
Animateur de revue. Poète post-moderne (premier recueil, A Raiz Afectuosa, 1972). Auteur d’un essai sur les mythologies du fado (1974).

Publications:

Poèmes dans Europe n°660, 1984
Revue des Belles Lettres I, 1993
Vingt-et-un poètes pour un vingtième siècle portugais, L’Escampette, 1994
Poésie portugaise contemporaine
L’Arbre à paroles, 1994
Poésie 96 n°65, 1996
Anthologie de la poésie portugaise contemporaine, Gallimard, 2003.
Enquête, édition bilingue, traduit du portugais par Ana Paula Patrïo, illustrations de Pedro Cabrita Reis. [Lisbonne], Comissariado para a Europalia 91-Portugal, 1991, 38 pages, livre d’artiste, épuisé.
Nature du pollen, poésie, traduit du portugais par Patrick Quillier. [Châtelineau, Belgique], éditions Taillis Pré, 1998, 164 pages,
.
.
.