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Libres ! Introduction du livre aux cent auteurs

Publié le 24 septembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Retrouvez chaque lundi sur Contrepoints, en collaboration avec le collectif La Main Invisible, l'un des 100 textes de Libres !, le livre libéral aux cent auteurs. Vous pouvez dès à présent l'acheter sur Internet et dans toute bonne librairie !

Aujourd’hui l'introduction signée par Damien Theillier

Libres ! Introduction du livre aux cent auteurs
L’ambition de ce livre grand public n’est pas d’initier le lecteur aux arcanes de la philosophie libérale, ni même aux subtilités de l’économie politique. Son ambition est plutôt d’offrir une diversité d’aperçus individuels sur le monde contemporain et la société française en particulier. Le libéralisme n’est pas un corps de principes unifiés, fixé une fois pour toutes dans on ne sait quel texte fondateur. Il y a une grande diversité de sources du libéralisme et ce livre en témoigne par la pluralité de ses approches.

Toutefois, il n’est pas inutile de rappeler quelques principes communs, partagés par l’ensemble des libéraux. Car ce sont ces principes de philosophie du marché et de philosophie de la liberté que la plupart des gens ignorent. Et c’est précisément cette ignorance qui est la raison fondamentale du rejet de la liberté dans ce pays.

Tous ceux qui sont passés par l’Éducation nationale, soit 99% de la population, puisqu’il s’agit d’un monopole, ont appris que l’échange est un jeu à somme nulle où les gains des uns impliqueraient les pertes des autres, que la propriété est un vol, que poursuivre son intérêt est un vice, etc.

Les intellectuels n’aiment pas le libéralisme et le philosophe de Harvard, Robert Nozick, explique ce phénomène comme un effet du ressentiment. Les intellectuels sont hostiles au libéralisme, selon lui, parce que les sociétés où règne le marché ne rémunèrent pas suffisamment leurs investissements en années d’étude. C’est pourquoi les intellectuels adhèrent systématiquement au socialisme et imposent une culpabilité imméritée à ceux qui poursuivent leur propre intérêt.

Qu’est-ce que la Main invisible ?

L’expression « Main invisible » est associée à La Richesse des Nations (1776), célèbre livre d’Adam Smith. Selon lui, l’entrepreneur qui cherche à faire du profit est conduit à rendre service à des gens bien plus nombreux que s’il avait pour but d’en rendre aux seuls gens connus de lui. Il produit des biens de plus en plus utiles et abordables par la division du travail et la concurrence. Le message de Smith est que la volonté de chacun d’améliorer son sort est un élément central du développement économique, qui profite à tous.

En 1958, l’écrivain américain Leonard Read (créateur de la Foundation for Economic Education) publie dans la revue The Freeman un petit essai devenu très célèbre : I, pencil, « Moi, le crayon ». Ce texte est une magnifique illustration de la métaphore de la main invisible. Il commence ainsi : « Je suis un crayon à mine, un crayon ordinaire en bois, familier à tous les garçons et les filles et les adultes qui savent lire et écrire. Il est l’un des objets les plus simples dans la civilisation humaine. Et pourtant pas une seule personne sur cette terre ne sait comment me produire. »

Milton Friedman (prix Nobel d’économie en 1976), s’est souvent servi de cette histoire pour expliquer le « miracle » de la coopération humaine dans une économie de marché (notamment dans un épisode de sa série télévisée Free to Choose, Libre de Choisir). Des milliers de personnes qui ne se connaissent pas, qui n’ont pas la même religion ni les mêmes coutumes, réussissent pourtant à se coordonner pour produire cet objet.

Leonard Read écrit : « Il y a quelque chose d’encore plus étonnant : c’est l’absence d’un esprit supérieur, de quelqu’un qui dicte ou dirige énergiquement les innombrables actions qui conduisent à son existence. On ne peut pas trouver trace d’une telle personne. À la place, nous trouvons le travail de la Main Invisible. » Et l’auteur de conclure : « La leçon que je veux enseigner est la suivante : laissez libres toutes les énergies créatrices. Organisez juste la société pour qu’elle agisse en harmonie avec cette leçon. Que l’appareil légal de la société élimine tous les obstacles du mieux qu’il le peut. Permettez à tous ces savoirs créateurs de se répandre librement. Ayez foi dans les hommes et les femmes libres qui répondent à la main invisible. »

Le thème de l’entrepreneur fait l’objet de plusieurs articles du présent livre. « L’Honneur des Entrepreneurs » illustre via l’actualité de début d’année comment l’entrepreneur peut rendre service aux multitudes tout en n’étant guidé que par son seul intérêt personnel. « Le Génocide Batelier » et « Taxi ! Vous êtes Libre ? » à l’inverse, illustrent combien il peut être difficile de jouer ce rôle dans la France socialisante contemporaine.

Friedrich Hayek, dans son essai « L’utilisation de la connaissance dans la société » en 1945, expliquait déjà pourquoi l’économie de marché et la décentralisation des décisions sont vitales pour la prospérité. Selon Hayek, aucun planificateur central ou bureaucrate ne pourrait jamais avoir une connaissance suffisante de la manière de guider avec succès l’ensemble des actions économiques. Seul le système des prix sur un marché libre permet à des millions d’acteurs indépendants de décider pour eux-mêmes comment répartir efficacement les ressources.

Dans La route de la servitude (1944), Hayek explique : « C’est la soumission de l’homme aux forces impersonnelles du marché qui, dans le passé, a rendu possible le dévelop- pement d’une civilisation qui sans cela n’aurait pu se développer ; c’est par cette soumis- sion que nous participons quotidiennement à construire quelque chose de plus grand que ce que nous tous pouvons comprendre pleinement. » La planification économique, qui prétend faire mieux que le marché, conduit non seulement à une mauvaise allocation des ressources, mais aussi à l’hégémonie d’une classe sur une autre. Le socialisme est une erreur intellectuelle qui finit par engendrer une grande injustice.

Les mécanismes du marché libre ont été une des sources d’inspiration de nos auteurs. Comme mise en bouche, « La Concurrence » nous rappelle que c’est bien grâce à elle que nous progressons toujours un peu plus. « Les Délocalisations » et « Le Protectionnisme » s’attaquent ensuite à deux monstres sacrés du discours populiste ambiant, que la campagne électorale n’a pas manqué de reprendre. Enfin, «Spéculation et Marchés Financiers » ose nous expliquer qu’il n’y a pas de vie sans spéculation et que les marchés financiers pourraient bien être plus vertueux que la verve politicienne voudrait nous le faire croire.

Bien entendu, l’harmonie des intérêts, réalisée par la concurrence et le mécanisme des prix, n’est possible que sur la base du respect des contrats et des droits de propriété. Il n’y a pas d’ordre auto-organisé sans règles du jeu. D’où cette définition de l’État par Frédéric Bastiat au XIXe siècle : « l’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité. »

L’économiste austro-américain Murray Rothbard a expliqué les choses de la manière suivante : « Le capitalisme de marché libre est un réseau d’échanges libres et volontaires dans lequel les producteurs travaillent, produisent, et échangent leurs produits contre les produits d’autrui via des prix volontairement établis. Le capitalisme d’État se compose d’un ou plusieurs groupes faisant usage de l’appareil coercitif du gouvernement – l’État – afin d’accumuler du capital pour eux-mêmes en expropriant la production des autres par la force et la violence. » Le capitalisme d’État, ou capitalisme de copinage, est une perversion du capitalisme de libre marché par la politique. Or c’est ce phénomène qui gangrène aujourd’hui nos sociétés prétendument « libérales » et qui produit les crises que nous connaissons.

Le capitalisme dans ses multiples facettes n’a pas été oublié du livre, et même des sujets a priori techniques comme « Qu’est-ce que la Monnaie ? » et « L’Imposture de l’Euro » ou encore « Les Dettes Souveraines » font l’objet d’une initiation que beaucoup de lecteurs devraient trouver à la fois abordable et donnant un éclairage peu convenu.

Le libéralisme est un humanisme

La liberté économique est perçue par une majorité de nos contemporains, conservateurs ou socialistes, comme étant radicalement immorale. Elle révolte et scandalise. On s’indigne de la spéculation, du profit et des salaires des patrons, du « règne de l’argent ». Le libéralisme serait affranchi de toute considération de justice et guidé par des mécanismes impersonnels et inhumains.

Dans le grand roman d’Ayn Rand, La Grève (Les Belles Lettres, traduction de Sophie Bastide-Foltz, 2011), Hank Rearden, un des héros, refuse pourtant de s’accuser publi- quement de faire du profit.
Il affirme : « Si je travaille, c’est pour gagner de l’argent. Si je fais des bénéfices, c’est parce que je vends un produit à des gens qui en ont besoin, qui acceptent de l’acheter et de le payer à sa juste valeur. Ce produit, je ne le fabrique pas à mes dépens pour leur seul bénéfice. Et eux ne l’achètent pas à perte pour me faire gagner de l’argent. Je ne sacrifie pas plus mes intérêts aux leurs qu’ils ne sacrifient les leurs aux miens. Nous traitons d’égal à égal, d’un commun accord et à notre avantage mutuel, et je suis fier de chaque centime ainsi gagné. J’ai gagné de l’argent grâce à mon travail, en vertu d’un libre échange et avec le consentement de ceux avec qui j’ai fait affaire – le consentement de mes employeurs à mes débuts, le consentement de mes employés aujourd’hui, et le consentement de ceux qui achètent mon produit. »

La liberté grandit les hommes car elle implique d’assumer la responsabilité de ses choix, d’accepter les règles du jeu et de refuser d’obtenir un profit par la force. C’est par le service à autrui que je peux me servir moi-même.

Toutefois, les conservateurs prétendent que le libéralisme est une belle doctrine mais une doctrine qui ne peut pas fonctionner, car les hommes ne seraient pas vertueux. Pour eux, le plus grand bien social n’est pas la liberté sans réserve, mais un comportement décent, ou la liberté ordonnée par la vertu. Cette culture de la liberté dans la vertu ne s’acquiert pas spontanément. Il faut le renforcement et la médiation des institutions, voire du gouvernement lui-même.

Les libéraux répondent : le conservatisme est une utopie car l’État finit toujours par devenir un Léviathan incontrôlable. « Si l’on rejette le laissez-faire à cause de la faillibilité de l’homme et de sa faiblesse morale, il faut aussi, pour les mêmes raisons, rejeter toute espèce d’action du gouvernement », écrit Ludwig von Mises.

Par ailleurs, ajoutent les libéraux, une communauté ne peut pas forcer un homme à être vertueux. Il n’y a d’actions morales que volontaires et choisies. Dès lors qu’une action est forcée, elle perd sa dimension éthique et ne peut être celle d’un homme vertueux. Nous sommes moralement bons, responsables et dignes de respect dans la mesure où nos actes découlent de notre propre volonté, et non de contraintes extérieures. Le capitalisme est vecteur de cet espace moral et de l’autonomie individuelle car il est fondé sur le droit de propriété.

Le thème de la vertu a de nombreuses facettes lorsqu’on s’y intéresse avec la liberté en point de mire. «Vertu et Capitalisme » n’a pas peur de chercher la vertu dans l’aridité économique, puis « Moralité et Tolérance du Libéral » prend un point de vue plus personnel ; la vertu et l’impôt se cherchent comme lune et soleil dans « L’Impôt Immoral », sans oublier le contre-pied pris par « La Désobéissance Civile ».

Les socialistes disent que les êtres humains sont capables de progresser de façon illimitée vers la bonne société. Il n’y aurait aucun mal indéracinable dans la nature humaine. Une fois débarrassés de la cupidité, des préjugés et de l’intérêt égoïste, les êtres humains se conduiraient de manière raisonnable et seraient donc en mesure de construire une société de paix, de liberté et de justice.

Les libéraux répondent à cela que l’économie de marché est le seul système qui soit compatible avec une perspective morale car c’est un système qui repose sur le jugement individuel, sur la liberté des contrats et donc sur le consentement. « Le capitalisme de laissez-faire, écrit Ayn Rand, est le seul système social justifié et, par conséquent, le seul système qui proscrive la force dans les relations sociales (…) Si les hommes veulent s’opposer à la guerre, c’est l’étatisme qu’ils doivent combattre. Aussi longtemps qu’ils soutiennent la notion tribale que l’individu est bon à être sacrifié à la collectivité, que certains hommes ont le droit de régner sur les autres par la force et qu’un « bien » (n’importe quel « bien ») peut le justifier – il ne peut y avoir de paix à l’intérieur d’une nation, ni de paix entre les nations. »

Au contraire, dans le socialisme, les droits des individus ne sont pas protégés. Au nom de prétendus droits collectifs, on limite et on porte atteinte aux droits individuels. « Le socialisme est la doctrine selon laquelle l’homme n’a pas le droit d’exister pour lui-même, que sa vie et son œuvre ne lui appartiennent pas, mais appartiennent à la société, que la seule justification de son existence est de servir la société, et que la société peut disposer de lui de la façon qu’il lui plaît pour le bien de ce qu’elle estime être le bien collectif », écrit encore Ayn Rand dans La Vertu d’Égoïsme.

Les relations étroites entre organisation sociale et économique et le progrès, ou encore le bonheur ne sont pas oubliées dans cet ouvrage. « Origine de la Justice et du Droit » aborde l’importance du bon sens, faisant le lien entre société libérale et mécanismes sociaux spontanés. « Libéralisme et Propriété Privée » approfondit un des mécanismes au cœur de la liberté et des relations humaines, la propriété. «Libéralisme et Pauvreté », ou encore « Fraternité Libérale vs Solidarité Administrative » analysent ensuite comment ces mécanismes viennent assurer que la société libre ne laisse « Personne sur le Carreau ».

Le capitalisme bien compris n’est donc pas un modèle d’organisation sociale fondé sur la loi de la jungle, mais c’est un système dans lequel les innovations des plus créatifs bénéficient à tous. Si les meilleurs gestionnaires des ressources disponibles gagnent plus d’argent que les autres, ils pourront investir pour augmenter les chances d’élévation de tous. L’épargne, dans un marché libre, permet l’ascension sociale.

Et Ludwig von Mises écrit : « L’économie de marché est le système social de division du travail, avec propriété privée des moyens de production. Chacun agit pour son propre compte ; mais les actions de chacun visent à satisfaire les besoins d’autrui tout autant que la satisfaction des siens. Chacun en agissant sert ses semblables. Chacun, d’autre part, est servi par ses concitoyens. Chacun est à la fois un moyen et un but en lui-même, but final pour lui-même et moyen pour les autres dans leurs efforts pour atteindre leurs propres objectifs. »

Toutefois, les avantages matériels, tels que la croissance économique, ne suffisent pas à justifier moralement le capitalisme, selon Ayn Rand. Au contraire, c’est parce que le capitalisme est un système moral qui permet aux individus la pratique des vertus telles que la rationalité et la productivité, qu’il en résulte une création de richesses.

Certains articles reprennent ces idées du lien entre richesse, moralité et liberté. « Liberté et Développement Économique » n’oublie pas les pays émergents, par exemple. « La Responsabilité Illimitée» nous donne un éclairage novateur sur les perversités de structures comme les sociétés anonymes, alors que « L’État prend la Moitié de votre Salaire » explicite et démontre les dérives concrètes du socialisme actuel sur la capacité de chacun à jouir du fruit de son travail.

Une autre vision de la politique

L’un des reproches souvent fait au libéralisme par les conservateurs de tous bords, c’est la dépolitisation de la cité. On accuse le libéralisme économique de nier le politique, c’est- à-dire le vivre ensemble, au profit d’un individualisme débridé.
Mais pour les libéraux, la dépolitisation n’est pas un mal, bien au contraire. Encore faut-il préciser de quelle politique on parle, car il existe une forme pervertie de la politique, celle que nous observons tous les jours et qui consiste à conserver, ou bien à augmenter la violence légale, c’est-à-dire la violation des droits des individus. Distinguons deux sens du mot « politique ».

1) La politique comme une lutte entre les individus pour obtenir un maximum de faveurs du gouvernement par le détournement de la loi ou la création de faux droits. Il s’agit d’une guerre civile institutionnalisée par l’État pour la conquête de privilèges et d’avantages sociaux. C’est le règne des groupes de pression qui n’ont en vue que le détournement de la loi au profit de leurs intérêts particuliers. C’est un jeu à somme nulle. Ce que les uns gagnent, les autres le perdent. C’est la lutte des classes, le refus de la concurrence, le règne de la « spoliation légale » comme le disait Bastiat.

En effet, lorsque le gouvernement se met à distribuer des privilèges, à la suite de pressions politiques, on voit se développer des conflits entre groupes et s’exacerber la lutte des classes. Le grand moyen de s’enrichir, dans un monde dominé par la politique, est de profiter des privilèges permis par la fiscalité, les prestations sociales et autres combinaisons artificiellement instaurées par le législateur. La richesse est jalousée et la spoliation d’autrui approuvée.

Ce thème est repris par « Le Lobbying » qui justifie que ce jeu est en fait mis en place par la bureaucratie, et par « Les Subventions » qui l’analyse plus économiquement mais aussi d’un point de vue moral.

2) Mais il existe une autre forme de politique, compatible avec la liberté, c’est la politique comme seule protection des droits naturels et individuels. Il s’agit alors de l’ensemble des institutions qui émergent des libres contrats passés entre les individus permettant la coopération et la coordination des activités économiques et sociales. La communauté n’est pas opposée à la liberté si elle est fondée sur l’échange des services et la coopération volontaire entre tous les acteurs de la société.

Les libéraux croient à l’existence d’une harmonie naturelle des intérêts parmi les membres pacifiques et producteurs d’une société équitable. La politique ainsi comprise, nous dit Bastiat au sujet de la loi, n’a pas pour but de faire régner la justice mais d’empêcher l’injustice de régner.

La loi, le droit, les piliers juridiques du libéralisme, sont au cœur de nombreux articles. Certains rappellent la légitime pluralité des mœurs, avec « Le Poker », ou « L’Usage de la Drogue », mais sans oublier de présenter « Le Risque, une Affaire Individuelle ». Cependant, dans La Loi (1848), Bastiat a aussi montré que lorsqu’un gouvernement outrepasse sa fonction de protection des personnes et des biens, cela incite des groupes d’intérêt à rechercher des privilèges et à influer sur le gouvernement pour obtenir des avantages au détriment des contribuables et des consommateurs. Autrement dit, lorsque la loi, au nom d’une fausse philanthropie, cesse d’être négative pour devenir positive, elle devient l’enjeu d’une lutte pour s’assurer un maximum de profits immérités : subventions, crédits, retraites, salaires minimum, etc.

Les revenus et les richesses sont redistribués et les ressources gaspillées. Le sentiment d’inégalité et d’injustice ne peut alors que s’accroître et générer des conflits. « Vous ouvrez la porte à une série sans fin de plaintes, de haines, de troubles et de révolutions », écrit encore Bastiat. Si la loi promet de répondre à toutes les attentes, il est probable qu’elle échoue et qu’au bout de chaque déception, il y ait une révolution.

L’histoire le confirme : « L’Impôt Mène Toujours à la Révolution ». Et juste avant, on constate « Le Droit Punisseur » et le fait que « La Démocratie ne Protège pas la Liberté ».

Enfin, la politique ‘positive’ s’appuie sur un présupposé qui a été clairement mis en lumière par Bastiat : pour les socialistes, les hommes ne sont que des matériaux inertes qui ne portent en eux ni principe d’action, ni moyen de discernement.

Partant de là, il y aura entre le législateur et l’humanité le même rapport qu’entre le potier et l’argile. La loi devra façonner les hommes, leur donner une forme et une impulsion. Elle devra faire le bien des hommes, à leur place et parfois même contre leur volonté. Le socialisme est donc un paternalisme collectiviste.

Et Bastiat de conclure, dans La Loi : « Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle. »

L’État, désormais sorti de ses rails, de sa cage, devient « L’État, Faux-Monnayeur Permanent », ou encore «L’État Illusionniste ». On a recours à la « Science-Fiction Libérale » et à « La Panarchie » pour imaginer « Vers Quelle Société Évoluer ? »

La politique juste est donc une politique négative et plus on s’éloigne d’une politique positive, plus on se rapproche de la société libre. Pour finir, nous rappellerons ces mots de Ludwig von Mises, qui justifient à eux seuls tout cet ouvrage : « Ce ne sont pas des ‘forces productives matérielles’, mais la raison et les idées qui déterminent le cours des affaires de l’humanité. Ce qu’il faut pour arrêter ce penchant pour le socialisme et le despotisme, c’est du bon sens et du courage moral. » (Planned Chaos, 1951)

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