Les Patriarches

Publié le 24 septembre 2012 par Auroretaupin


Les Patriarches est un roman qui va crescendo, se dit-on en refermant le livre. Ca commence doucement, par l'enquête de Denise Maisse, jeune fille timide et peu sûre d'elle, sur quelques mois obscurs  de la vie de son père, ce trou de l'année 1985 que personne ne veut combler pour elle. Heureusement, elle a trouvé par hasard une personne qui peut l'aider à mettre des mots sur cette période, un certain Gérard Rambert, dont la connexion n'est pas encore clairement établie avec feu Patrice Maisse. Mais voilà, Gérard, plutôt que de répondre à la curiosité de la jeune fille, élude avec force bavardage sa question, en lui racontant mille et une anecdotes sur sa vie avant et après la période concernée, mais sans jamais se laisser aller à mentionner 1985.
La pelote de laine de l'histoire se détricote au fur et à mesure, par petites touches successives jusqu'à la révélation finale, dont on ne dira rien ici de peur de gacher le plaisir au lecteur éventuel. Il suffit de savoir que contrairement à la plupart des livres qui misent tout sur une chute, ici, on ne s'empresse pas de découvrir la fin car le récit intermédiaire ne sert pas seulement la chute mais démontre une telle habileté qu'on n'a guère de hâte de finir le roman.
Anne Berest nous offre une écriture précise et un rien fantaisiste, qui sollicite pleinement l'imagination du lecteur, recréant des scènes fortes et quasiment visuelles pour le lecteur tant la description y est juste. On ne citera que l'exemple de la virée de Denise sur les routes de l'Ouest de la France pour accompagner un photographe célèbre faire une livre de photos sur les ronds-points : moment truculent à souhait ! Avec Denise, mais également avec Patrice son père, homosexuel des années pré-sida qu'on découvre en filigrane tout au long du livre, l'auteure crée des personnages forts et attachants, qu'on sent mûrement pensé avant l'écriture du roman.
Bonne surprise de la rentrée littéraire 2012 !