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Un roman français, autobiographie de Fréderic Beigbeder

Publié le 24 septembre 2012 par Mpbernet

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Le titre est bien grandiloquent pour l’autobiographie d’un homme de 42 ans … Il s’explique par les origines sociales de son auteur : des familles aristocrates en fin de course mais toujours attachées aux bonnes manières, des bourgeois talentueux ayant réussi dans l’exploitation de maisons de santé … Ainsi le jeune Frédéric n’aura pas manqué de confort dans sa jeunesse.

Seulement voilà … Très jeune, lui et son frère aîné de quelques mois, ont vécu la douloureuse absence du père et donc le divorce de leurs parents. Ce récit, ces souvenirs revenus en une circonstance exceptionnelle où l’auteur est « piégé » en une trop longue garde à vue pour avoir sniffé en public un rail de coke sur le capot d’une luxueuse berline, c’est celui d’un enfant du siècle ultrasensible et trop lucide pour ne pas se haïr.

Malgré le beau portrait de lui qui figure en couverture, à 9 ans, Frédéric n’est pas beau comme son frère Charles : il a le menton en galoche, il rougit à tout bout de champ, se trouve maigre, "concave" et, naturellement, il en souffre. Toute sa jeunesse, il la passe à vouloir se démarquer, se faire connaître autrement, réussir brillamment, lui aussi, mais dans la provocation, la démesure, tandis que son frère est un garçon lisse, bon père et bon époux, fin entrepreneur, un modèle … Lui, son talent, c’est d’être un play boy, que tout le monde reconnaît dans la rue, même et surtout ici, dans ce cul de basse fosse où sa désinvolture et son goût de l’excès l’on conduit, menottes aux poignets. Il croit qu’il a scratché tout souvenir d’enfance … Ce déni est éclairant car la malédiction le poursuit : lui qui a tant souffert de la séparation de ses parents, des mensonges longtemps assénés « Votre père travaille beaucoup, il est à New-York … », il inflige aussi cette situation à sa fille Chloé, qu’il chérit pourtant plus que tout au monde. Au fur et à mesure que grandit l’angoisse de cet enfermement exceptionnellement long, les souvenirs reviennent.

Frédéric Begbeder a suivi un cursus bourgeois classique : les lieux qu’il décrit, les rues où il a habité – chez sa mère, chaleureux mais étroit – chez son père ,immense et à la mode -  sont exclusivement situées dans les beaux quartiers : le XVIème, Neuilly, le VIème, Guétary et la Côte basque. Il a fréquenté les meilleurs établissements scolaires (l’école Bossuet, Sciences Pô Paris). Lui et son frère ont parfaitement réussi dans la vie … Mais là, la confession de cette déchirure intime est pour le coup honnête et sincère. Plus de paillettes, de pirouettes et de faux semblants. L’homme se livre, en une belle écriture, concise et attachante. Les plus belles pages sont celles où il parle de son enfant. Le mal est-il donc héréditaire ?

Le divorce est devenu la règle et rester fidèle confine aujourd’hui à la ringardise … Voire ! Tous les enfants ne s’en tirent pas aussi bien que l’auteur.

Un roman français, de Frédéric Beigbeder, en Livre de Poche (Grasset), 248 p. 6,50€


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