Décrié dans la presse et sur les réseaux sociaux, un «concours de miss» destiné aux fillettes de 6 à 13 ans s’est tenu ce week-end. Plutôt innocemment. L’organisatrice alsacienne ne veut pas être le bouc émissaire d’un débat qui, selon elle, ne s’applique pas à son activité.
Hier, 14h30, quartier Émile-Counord, deux voitures de police ralentissent devant le Diamant Rose, la nouvelle salle de music-hall bordelaise où se tient le concours «Graine de Miss». Petit contrôle de routine après la polémique née les jours précédents, le Planning familial de Gironde appelant les responsables politiques à faire interdire cet événement «qui participe à l’hypersexualisation des petites filles», les politiques se renvoyant la balle: au député Vincent Feltesse qui lui demandait de se prononcer, Alain Juppé a rappelé que son pouvoir réglementaire de maire ne s’appliquait pas à ce type de manifestation privée et a suggéré que le parlementaire profite de son pouvoir législatif pour agir. Finalement, sur place, le jour J, tout est calme. Du moins dans la rue car, dans la salle, l’ambiance est déjà surchauffée.
Ni maquillage ni talons
Sur scène, Maud, l’organisatrice et animatrice du concours vêtue d’une robe turquoise, accueille gaiement les «miss» qui disent trois mots au micro avant de défiler, tour à tour en robe «de princesse» puis dans une tenue «mode» – « mais sans talon, ni maquillage, ni nombril à l’air !», les parents ont tous bien compris la consigne. La plupart des petites filles, âgées de 6 à 13 ans, participent à ce type d’événement pour la première fois. C’est le cas de Lola qui a un peu le trac en coulisses parce qu’elle voudrait bien gagner: «il faut avoir confiance en soi», lui a dit sa maman. Emma, de Pau, se sent en revanche «très à l’aise: je prends un grand souffle et j’y vais. Je suis heureuse…» La petite Shakira, venue des Landes, fera plus tard une jolie démonstration de flamenco, en précisant : «c’est ma culture».
Paillettes et chaises en plastique
Dehors, entre deux défilés, les familles prennent l’air : la température de la salle est accablante. D’ailleurs une maman râle parce qu’en déboursant 35 euros par personne elle pensait «que c’était un vrai cabaret, mais il n’y a pas d’aération et on est assis sur des chaises en plastique». À part ça, l’après-midi se déroule dans une atmosphère bon enfant, Maud incarnant davantage un Jacques Martin période «École des fans» qu’une Geneviève de Fontenay chaperonnant des miss en maillot de bain. Défilés, séances photos, intermèdes musicaux, remise de trophées, l’affaire est rondement menée. Chaque enfant repart avec des cadeaux, certaines avec une écharpe ou – joie suprême! – un diadème. Les mamans rosissent de plaisir devant leur «petit bout de chou qui grandit» et achètent le DVD-souvenir de la journée. Sur scène, Océane reste très gracieuse sous les flashes et les larmes de joie : elle vient d’être élue Graine de Miss Aquitaine et participera à la finale nationale, en décembre à Paris. •
Anne Chaput