Drame - 1h50
Sortie salles France - 19 septembre 2012
avec Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner...
Alain Evrard sort de prison et n'a d'autre solution que de retourner vivre chez sa mère. Quand elle lui reproche de quitter un emploi inintéressant, par les temps qui courent et dans sa situation, il lui en veut d'avoir fait appel à une association en Suisse qui propose le suicide assisté, décision qu'elle a prise pour mettre un terme à sa vie et à sa maladie sans passer par la souffrance. La relation entre le fils et sa mère est on ne peut plus tendue, faite de silences, de coups d'éclats, de colères. Mais Alain sera finalement là pour sa mère, jusqu'au bout.Après avoir entendu Vincent Lindon parler de ce film sur France Inter avec Pascale Clark, la rocaille de sa voix ne m'a pas quittée et m'a poussée à courir vivre avec lui et Hélène Vincent ces Quelques heures de printemps. Mais justement, ma petite déception est que je n'ai pas l'impression que le titre colle au film, pas le sentiment d'avoir vécu quelques heures de printemps avec ce duo mère-fils. Quand le printemps arrive et que la décision de la mère doit être suivie, c'est avec le silence de l'acceptation que son fils Alain l'accompagne, avec regret et résignation. Le réalisateur dit avoir fait de nombreuses coupures au montage pour éviter le sentimentalisme, mais j'ai été en attente de plus d'échanges, notamment lors du long trajet en voiture jusqu'en Suisse.
Car Stéphane Brizé va vraiment jusqu'au bout. Il filme de minute en minute le déroulé d'une telle démarche, les entretiens, les documents, le rendez vous, le lieu, les verres à boire, les produits à ingérer, le silence de la chambre qu'on découvre, du lit dans lequel on se glisse.... Le spectateur est projeté dans une réalité crue, juste, et d'autant plus étouffante qu'entre ces deux là les mots ne viennent pas, viennent très tard.
Ce n'est pourtant pas un plaidoyer pour le suicide assisté, je ne l'ai pas trouvé. Le parcours de cette femme, son encadrement par l'équipe associative, l'organisation de l'ultime journée, l'accueil "professionnel", le protocole minuté, cela ne donne pas envie, et même pour abréger un futur fait de souffrances, on aspire sûrement à mieux, à plus de douceur et de compassion. On regrette justement que les patients soient attirés par cette solution plutôt que par le service des soins palliatifs. Il y a là une réflexion sur l'adéquation à établir entre les personnes en fin de vie et le cadre médical et juridique.C'est un film très dur, très réaliste, qui ose porter à l'écran, sans forcer le jugement, le thème de la mort souhaitée par ceux que la maladie a condamnés.
"La mort choisie d'une femme de peu" - Rue89
"Prison sentimentale" - Critikat.com