Diffusion d'un film

Publié le 23 septembre 2012 par Malesherbes

A l’origine, le mot film désigne une feuille mince. A l’avènement de la photographie, il a été utilisé pour signifier la pellicule sensible qui sert de support aux images, puis s’est appliqué à une œuvre du 7° art. Il est des cas où le mot film ne désigne pas une œuvre artistique, par exemple lorsqu’un particulier armé d’un caméscope saisit des événements personnels mais, dans l’immense majorité des cas, un film est un produit destiné à l’exploitation dans des salles de cinéma ou via des DVD.

Généralement, une société de production réunit des capitaux et confie ensuite la réalisation artistique et technique de son œuvre à une équipe de professionnels. Une fois le film achevé, elle fait appel à une entreprise de distribution qui en produira des copies qui seront ensuite diffusées à des exploitants de salles decinéma ou à des fournisseurs de supports.

C’est donc par un écart de langage tout à fait blâmable que la plupart des médias emploient à propos de Innocence of Muslims le terme de film. Etant donné que cette vidéo n’a été ni distribuée, ni vraisemblablement projetée publiquement, n’a pas fait l’objet de la moindre campagne de promotion, il est inexact de parler d’un film et encore plus de mentionner sa diffusion.

S’il y est autorisé, un utilisateur peut transmettre à un site sur l’Internet des données sous forme de texte, de son ou de vidéo et éventuellement les y stocker. Les anglo-saxons utilisent pour cette opération le verbe to postque l’on pourrait traduire par afficher, le mot poster s’étant imposé en français avec le sens d’affiche. Mais ceci n’est en rien une diffusion, il s’agit plus exactement d’une publication. L’objet ainsi rendu public ne peut pas même être comparé à un livre fraichement édité car ce dernier apparaît alors à la devanture de librairies dans lesquelles chacun peut l’acquérir.

Non, le fait de stocker une vidéo sur un site de l’Internet est analogue à l’entrée dans une médiathèque d’une vidéo. Seuls ceux qui examinent son catalogue sont susceptibles de remarquer cette vidéo et de l’emprunter. Elle est publique, à la disposition de ceux qui souhaitent la visionner. Encore faut-il qu’ils aient connaissance de son existence et quelque vague idée de son contenu.

Toute cette affaire est relative à un film qui n’existe pas et à une diffusion qui n’a jamais eu lieu. Bravo, les journalistes ! Et la plupart de ceux que cette vidéo révolte ne l’ont probablement jamais vue et, bien plus, sont sans doute totalement incapables d’y accéder.