Quasiment sous pression depuis le premier match de la saison après cette défaite face aux néo-promus de la Sampdoria, et à plus forte raison après les résultats en dents de scie qui ont suivi, tant en championnat qu’en Ligue des Champions, Massimiliano Allegri, l’entraîneur de l’AC Milan, était contraint de revoir ses plans. Quelques minutes avant le début du match, on apprend que c’est chose faite : changements de joueurs (Mexès, Zapata et Mesbah remplacent respectivement Bonera, Acerbi et Antonini) ; changement de tactique (4-3-3 en lieu et place du 4-3-1-2 habituel) favorable aux ailiers (El Shaarawy et Emanuelson), ce qui entraîne Boateng à débuter depuis le banc ; le moins que l’on puisse dire, c’est que les partisans du changement ont été servis. L’arbitre, Domenico Celi, siffle le coup d’envoi. Très vite, on s’aperçoit que les Rossoneri ne sont pas venus pour faire de la figuration, loin s’en faut. Soucieux de se racheter de leur début de saison piteux et de sauver la tête de leur entraîneur, plus que jamais en sursis, les hommes d’Allegri mettent d’entrée le portier frioulan en évidence : d’abord avec Mexès sur un retourné acrobatique cadré, puis par deux fois avec El Shaarawy. Qu’on se le dise, Milan est bien mieux entré que l’Udinese dans la partie. Oui mais voilà, si le jeu est plutôt fluide et la possession largement avantageuse, la domination n’en demeure pas moins stérile. Face à l’Udinese, une équipe réputée pour ses contre-attaques dévastatrices, il convient de se mettre à l’abri au plus vite – sous peine de se faire cueillir. La crainte se vérifie au pire des moments, pour Milan. Cinq minutes avant la pause, l’Udinese ouvre la marque sur un coup de pied arrêté lointain : le ballon arrive sur la tête de Benatia, lequel le dévie sur celle de Ranegie qui prend le meilleur sur Mexès tout en profitant de la sortie hasardeuse d’Abbiati. Scénario cruel pour l’AC Milan, eu égard à la tension interne et au début de match prometteur. Quoi qu’il en soit, ce sont bien les locaux qui mènent au score à la pause.
Au retour des vestiaires, les deux entraîneurs ne procèdent à aucun changement. Forte de son avantage, l’Udinese, emmenée par un Toto Di Natale toujours aussi percutant malgré ses 36 ans, se libère et enchaîne les occasions. Milan répond, mais les deux portiers veillent au grain. Le salut viendra à la 55ème minute de jeu : Boateng, entré à la place d’un Ambrosini décevant au préalable, se montre tout de suite en action en effectuant une montée rageuse, avant de servir le ballon à Pazzini qui la transmet immédiatement à El Shaarawy. L’Italo-Egyptien ne se fait pas prier et décoche une frappe puissante qui va se loger dans la lucarne de Brkic. 1-1, l’AC Milan égalise de façon méritoire. Le jeu se poursuit et chacune des deux équipes tente de (re)prendre le dessus. Onze minutes après l’égalisation, Milan va bien malgré lui relancer et faciliter la tâche de son adversaire, par l’intermédiaire de son défenseur Zapata ! Déjà averti quelques minutes auparavant, l’international colombien écope d’un second carton jaune, synonyme d’exclusion, pour une faute sur le premier buteur du match, Ranegie, dans la surface de réparation. Dans les tribunes, Adriano Galliani grimace… et pour cause : l’arbitre désigne le point de pénalty. L’inévitable Di Natale trompe Abbiati et redonne l’avantage à son équipe. Le capitaine de l’Udinese inscrit son onzième but face à l’AC Milan, le huitième en huit rencontres. Vous avez dit bête noire ? Dans la foulée, Allegri sort Emanuelson au profit d’Acerbi et réorganise son schéma tactique par la même occasion. En infériorité numérique, Milan tente tout de même de revenir dans la partie et peut, pour ce faire, compter sur les quelques 20 minutes de temps réglementaire. Brouillons, agressifs, en témoigne l’avertissement justifié de Boateng (75ème minute) pour un tacle rugueux, les Rossoneri peinent à développer leur jeu. La meilleure occasion intervient à la 81ème minute : Bojan est fauché aux abords de la surface, par Coda. Les Tifosi s’aperçoivent non pas sans étonnement qu’Acerbi se charge de tirer le coup-franc, alors qu’un joueur comme Montolivo, théoriquement plus à son aise dans ce domaine, se trouvait sur le terrain. Le numéro 13 milanais bute sur le mur. Dans la continuité de l’action, Boateng tente de prendre le meilleur sur un Bianconero au sprint pour récupérer le ballon, en vain. En retard, le Ghanéen use d’agressivité et met son vis-à-vis au sol. Pour la deuxième fois de la rencontre, monsieur Celi sort le carton rouge (deux cartons jaunes, Ndlr). Dans la stupeur générale, l’AC Milan est désormais réduit à neuf ! Foutu pour foutu, les joueurs essayent autant que faire se peut de créer l’exploit, mais vu la situation, c’est l’Udinese qui se procure les meilleurs occasions. Les quatre minutes de temps additionnel n’y changeront rien : les hommes de Guidolin remportent leur premier match de la saison et enfoncent un peu plus Milan dans la crise. A peine le coup de sifflet final retenti que les caméras braquent Max Allegri, lequel regagne les vestiaires tête basse.
Notes et appréciations :
- Abbiati (5) : Pas exempt de tout reproche, sur le premier but. Sa sortie, tardive, apporte de l’eau au moulin de Ranegie qui, déjà bien aidé par le mauvais timing de Mexès, n’en avait pas besoin.
- Abate (5,5) : Généreux, a fait montre d’un apport offensif non négligeable, notamment en première période. Si seulement ses centres étaient plus ajustés…
- Mexès (5) : Le Français disputait son premier de la saison, en championnat. Auteur d’un beau geste qui aurait pu être récompensé par un but en début de rencontre, « Philou » a ensuite alterné entre le bon, le moins bon voire le pas bon du tout. Est fautif sur le premier but de l’Udinese.
- Zapata (4,5) : Qu’on se le dise, son exclusion, justifiée, lui fait perdre un bon point. Autrement, celui qui est habitué à évoluer dans une défense à trois – depuis sa période frioulane – était plutôt rassurant dans ses interventions. Manquera donc le prochain match, face à Cagliari.
- Mesbah (4) : N’a rien fait, et c’est justement le problème.
- Ambrosini (5) : Une perte de balle dangereuse en première période ; un énième carton jaune écopé ; une présence moins prolifique qu’à l’accoutumée, le capitaine rossonero cède logiquement sa place à la 53ème minute.
- Montolivo (5,5) : Se bat comme un chiffonnier, avant de quelque peu baisser le pied. Est le leader technique de l’entrejeu milanais.
- Nocerino (5) : Où est donc passé le Nocerino de la saison ? Cette question, on se la pose depuis le début de la saison. Court toujours autant, mais (trop) souvent dans le vide. « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé », disait Lamartine. Il faut croire que Nocerino souffre du départ d’Ibrahimovic, l’homme qui brillait et faisait briller. Est remplacé par Bojan, à dix minutes de la fin.
- El Shaarawy (6,5) : Sans conteste le meilleur, côté milanais. En plus d’égaliser d’un fort joli but, le Pharaon a le mérite de (re)donner des couleurs à une animation offensive peu à son avantage ces derniers matches. Le retour de Robinho, joueur qui présente des caractéristiques à peu près similaires aux siennes, devrait lui faire du bien.
- Emanuelson (5) : Que dire ? Le Batave ne s’est pas montré outre mesure. Subit le choix d’Allegri en étant remplacé par Acerbi, suite à l’exclusion de Zapata (66ème minute).
- Pazzini (5) : Même impression de nonchalance. A sa décharge, ne reçoit aucun centre exploitable. Manque de manière étonnante le cadre en première période, à quelques mètres des cages adverses. Bute par la suite sur Brkic, au terme d’une belle action.
- Boateng (5) : Difficile de le noter. Entre en lieu et place d’Ambrosini, peu après la pause, et se montre de suite décisif. A côté de ça, le Ghanéen fait preuve d’un trop plein d’agressivité, ce qui le conduit à recevoir deux cartons jaunes. Sentiment mitigé, donc.
- Acerbi (5,5) : Prend la responsabilité de tirer un coup-franc dans un moment crucial. Rien à signaler, autrement.
- Bojan (non noté) : Entre dans un contexte peu banal, alors que l’équipe est réduite à neuf. Provoque tout de même un beau coup-franc.
- Allegri (5,5) : A le courage de « tout chambouler », à l’heure où la presse transalpine le critique vivement. Des choix judicieux, malgré l’incompréhensible titularisation de Mesbah. Sera peut-être plus serein, maintenant que le club l’a (officieusement) confirmé.
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