Une maison…

Par Biotista @biotista

Je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai grandi avec mes grands-parents. Je me suis construite dans la cuisine de ma grand-mère paternelle, bien avant d’aller à l’école.

Mes journées étaient rythmées par ses farcis niçois, ragout et risotto en tous genres et les après-midi d’orage, on faisait des tartes aux pommes, chacune la sienne, la mienne cuisant sur le chauffage…

J’ai joué dans le jardin de la maison attenante tous mes mercredis d’enfance, j’y ai découvert des merveilles, j’y ai eu aussi de belles frayeurs. Mamie m’a appris à construire mon premier herbier, elle m’a aussi appris à tricoter, pendant que Papi m’apprenait à jouer (tricher) au rami !

Je rentrais déjeuner chez eux tous les midis jusqu’à ma dernière année d’école primaire, car les petits plats de Mamie étaient bien meilleurs que ceux servis à la cantine et je n’ai jamais regretté de ne pas jouer avec mes amies pendant la récré du début d’après-midi. Moi, je revenais toujours avec les poches pleines de cerises, de raisins ou d’abricots, selon les saisons.

Et puis, il y a eu la sixième et son lot de changements. Mon collège était trop éloigné de chez eux, alors je ne suis plus allée déjeuner avec mes grands-parents. De quotidiens, nos rapports sont devenus hebdomadaires.

Et ensuite, le mercredi, j’ai eu autre chose à faire, le mercredi, ado, on a toujours autre chose à faire que d’aller chez ses grands-parents.

Le lycée est arrivé, Mamie et Papi vieillissaient…

Puis la fac, et là je faisais mes études à plusieurs kilomètres de leur ville.

Et j’ai eu 20 ans… c’était un jeudi de novembre et j’avais terminé mes cours plus tôt. Je m’étais dit, tiens si j’allais faire une surprise à Mamie et Papi en allant les voir. Et j’ai trouvé autre chose à faire, me disant que j’irai le lendemain… et ce fameux vendredi, j’ai été réveillée tôt, très tôt par le téléphone qui m’annonçait que mon grand-père était décédé dans la nuit d’un terrible accident.

Le problème quand on grandit avec ses grands-parents, c’est que, forcément, on les aime énormément, on y tient beaucoup et quand le premier disparaît, forcément, ça crée une souffrance à laquelle on n’est jamais préparé. (Je suis capable d’écrire cela car depuis j’ai perdu tous mes grands-parents)

Le décès de Papi a laissé Mamie comme morte, elle aussi. Elle n’a plus jamais été la même, elle a attendu d’aller le rejoindre pendant presque 15 ans, c’est long !

Aujourd’hui Mamie aussi est partie, enfin a-t-elle du se dire… et la maison de mon enfance, de mes mille bêtises de petite fille a été transmise à mon père. C’est une suite tout ce qu’il y a de plus logique me direz-vous. Oui, mais, Papa a déjà une maison, mon frère aussi, ma sœur aussi et moi aussi. L’endroit où elle est située la rend difficile à louer et, malheureusement, personne n’a de temps à lui consacrer.

Alors, cet été, quand au hasard d’une rencontre, un potentiel acquéreur s’est présenté, tous ces souvenirs ont ressurgi de nulle part comme une vague déferlant sur une plage tranquille.

Ce week end, la maison est quasiment vendue et si, finalement, elle ne part avec cet acheteur, nous avons décidé que nous nous en séparerions…

Je sais que c’est une bonne nouvelle et qu’il n’y avait pas de meilleure solution que celle-ci, mais il n’empêche que j’ai la boule au ventre, celle d’une veille d’examen, quand on est tiraillé entre la peur et la volonté de réussir…

En espérant que j’obtiendrai mon diplôme, belle semaine à tous !