Je n'avais pas l'intention de consacrer un billet à ce film qui présente très peu d'intérêt, de mon point de vue. Je sais depuis longtemps que François Mitterrand adorait les ortolans dont je n'ai jamais cherché à estimer le prix de vente au kilo. C'est le dernier plat qu'il aurait mangé avant de mourir. Paix à son âme dirons nous.
Savoir qu'il avait fait installer, au frais du contribuable comme de bien entendu, une cuisine parallèle à l'Elysée, et qu'il estimait "normal" qu'on aille lui chercher les premiers cèpes au pied levé, cela relève d'un régime monarchique que l'on n'a pas besoin de nous mettre sous le nez alors qu'on nous brandit la menace de l'austérité à tout bout de champ.
En quelque sorte le film est indécent. Même si la cuisinière périgourdine qui servit de modèle n'y est pour rien. Qu'elle semble avoir fort bien fait le travail qu'on lui a imposé et qu'on devine que ses conditions d'exercice ne furent pas excellentes sur le plan psychologique. Et qu'enfin certains plans tournés en Islande ont quelque chose du Festin de Babette.
Le film ne nous apprend rien. Il n'est pas question de cuisine ou de saveurs mais de relations de pouvoirs et le message se réduit en gros au fait qu'on a davantage de satisfaction à cuisiner pour des gens simples comme des chercheurs isolés sur une base scientifique en Antarctique que pour "la haute". Rien de nouveau depuis Vatel.
Reste que les débuts au grand écran de Jean d'Ormesson vont tenter plus d'un spectateur. On aurait pu trouver moins bon comédien, c'est un fait. Que Catherine Frot emploie une plus large palette que dans ses autres films. Qu'n se souviendra de ses colliers. Qui sait la mode des sautoirs sera-t-elle remise au goût du jour.
Divers services et établissements publics ont été épinglés ces jours ci pour leur niveau de dépense. Pour combien d'euros la cuisine de l'Elysée pèse-t-elle donc sur le panier de la ménagère ? Le président de la république doit régulièrement publier son bulletin de santé. J'aimerais connaitre le prix d'un repas "ordinaire", toutes charges incluses. Qu'il est loin le temps où Charles de Gaulle réglait l'addition sur ses propres deniers en dehors des réceptions officielles.