Possessions // De Eric Guirado. Avec Julie Depardieu, Jérémie Renier, Lucien Jean-Baptiste et Alexandra Lamy.
Le thriller français est depuis pas mal de temps un genre en berne. L'inspiration manque et les films s'enchainent sans grande saveur. C'est là qu'apparait de nul part Possessions, un film qui
sur le papier avait tout du navet de champion et qui finit en film de compétition. La force première de Possessions c'est d'arriver à nous plonger dans son univers glacial. Certes, c'était assez
simple de le faire puisque nous sommes dans les montagnes et qu'il fait froid. Mais ce n'était pas si simple que ça d'exploiter au mieux l'univers. J'aime beaucoup les diverses histoires qui vont
se chevaucher petit à petit jusqu'au final du film qui laisse au spectateur le soin d'imaginer la suite. C'est rare que des films de ce genre reste sur leur fin et pourtant, Possessions fait
figure de nouveauté. Le scénario n'est pas parfait, il a ses défauts, notamment quand il s'agit de parler des problèmes financiers de la familles Castang (incarnée par Lucien Jean-Baptiste,
Alexandra Lamy et deux enfants). Mais finalement, la folie est présente de toute part aussi bien chez la femme (incarnée par Julie Depardieu) quand elle découvre ce monde de "princesse" que chez
l'homme (incarné par Jérémie Renier).
Marilyne et Bruno Caron arrivent dans un village de montagne pour emménager dans un chalet qu’ils ont loué à Patrick Castang, promoteur et propriétaire de nombreuses habitations dans la
région. Contents de quitter le nord de la France pour démarrer une nouvelle vie, ils acceptent sans sourciller quand Castang leur annonce qu’il va les loger momentanément dans un autre chalet de
grand standing car le leur n’est pas terminé. S’ensuivra alors une succession de déconvenues qui va les conduire à déménager de nombreuses fois, avec le sentiment grandissant d’être traités sans
aucune considération, alors même que les Castang multiplient patiemment et avec bienveillance les efforts envers eux. Les relations entre les deux familles vont se tendre. Bruno et Marilyne Caron
ne supportent plus d’avoir sous leurs yeux le bonheur et l’abondance de biens des Castang.
Leur amertume, alimentée par la jalousie, l’envie et la frustration, finira par devenir de la haine.
La folie est un élément important de Possessions. C'est aussi un sujet bancal et de nombreuses fois éculé au cinéma. Du coup, Eric Guirado devait rester simpliste, sans jamais trop en faire.
C'est le terrain qu'il va exploiter. Nous avons des français moyens qui sont au bord de la banqueroute. Ils n'arrivent plus à joindre les deux bois, rêvent d'une nouvelle vie dans un chalet
(c'est là que les ennuis vont commencer pour eux). Par ailleurs, ce que j'ai beaucoup aimé c'est toutes ces publicités qui viennent agrémenter le film et le fait que ces deux nordistes venus
vivre un rêve n'ont plus rien et qu'ils ne peuvent pas vivre une vie de riches millionnaires comme la plupart des gens vivant dans cette station de ski. Si le film pouvait être ratée de ce point
de vue, il n'en est rien. Au contraire, Possessions joue astucieusement avec ce petit couple pour en déconstruire toute notion de réalité. Cela va aussi être pareil pour leurs amis qui vont
entrer malgré eux dans cette combine pas très glorieuse (et qui arrive à la fin du film).
On peut aussi saluer la prestation de Jérémie Renier, convainquant en mari qui petit à petit sombre dans la folie jusqu'à faire l'impossible. Et puis Julie Depardieu que j'ai trouvé assez
touchante en femme qui rêve d'une vie meilleure aux crochets d'une famille de bourgeois qui étaient malheureusement au bord de la faillite eux aussi (fraudes immobilières entre autre). Je pense
donc que l'on peut saluer la simplicité de Possessions, qui n'en fait jamais trop et qui s'offre alors une bien belle petite histoire. Eric Guirado, que je ne connaissais pas vraiment a de quoi
faire revivre un genre assez mort en France depuis quelques années faute de créativité. En jouant avec Mr tout le monde et un scénario assez basique et rudimentaire, on a un thriller brut et
réaliste dans un univers froid assez bien tenu. Celui que j'attendais comme un navet est finalement une bien belle surprise.
Note : 7/10. En bref, thriller glaçant et trépidant. Fondé sur un scénario basique et rudimentaire, cette histoire réaliste pourrait presque nous faire plonger nous aussi dans la
folie.