Avons-nous des attentes trop élevées face au bonheur que devrait procurer la naissance d'un enfant?
C'est la question que pose Jessica Valenti, auteure, blogueuse et féministe américaine, dans Why Have Kids?, son dernier ouvrage publié au début de septembre. Dans une étude menée par le centre de recherche PEW en 2010, à la question « Pourquoi avoir des enfants? », les futurs parents répondaient « pour la joie d'avoir un enfant ». Or, depuis dix ans, l'auteure remarque un écart de plus en plus grand entre les espoirs de bonheur fondés par les futurs parents et leur réel niveau de satisfaction après la naissance des enfants.
Selon Valenti, les Américains ont des attentes si élevées face au bonheur que devrait leur procurer leur nouveau rôle de parent, qu'ils s'en trouvent déçus une fois confrontés à la réalité. Et cette déception alimente un vaste sentiment de désillusion face à leur propre compétences parentales, notamment chez les mères.
La société véhicule depuis toujours une vision très idéaliste de la maternité, voire de la parentalité dans son ensemble. Devenir parent devrait nous subjuguer de bonheur selon la croyance populaire et l'industrie parentale. Pourtant, le quotidien nous ramène vite à la réalité et cet idéal de bonheur n'est pas atteignable pour la majorité des parents, voire des mères, et en particulier les mères américaines. D'où cet intense sentiment de culpabilité devant l'incapacité de contrôler notre destin de parent.
The problem isn't our children themselves; it's the expectation of perfection or at the very least, overwhelming happiness. The seductive lie that parenting will fulfill our lives blinds Americans to the reality of having kids. (introduction)
Perhaps worst of all is the guilt that so many women buy into because they're too ashamed to admit that despite the love they have for their kids, child rearing can be a tedious and thankless undertaking (introduction)Malgré tous les efforts qu'on peut y mettre pour planifier l'arriver d'un enfant ainsi que pour lui assurer une vie confortable et un avenir prometteur, nous ne contrôlons à peu près rien et ce, de la conception à la vie adulte de nos enfants. Celles qui croyaient tomber enceintes facilement se retrouvent en clinique de fertilité, d'autres qui ont tout fait pour avoir un enfant en santé sont confrontées à la maladie et d'autres encore, qui ont tout fait pour assurer la meilleure éducation à leur enfant découvrent un jour qu'il a des difficultés d'apprentissage insurmontables et qu'il ne fréquentera jamais les grandes universités. Rien n'est jamais parfait, et pourtant, bien des parents, peu importe leur classe sociale, qu'ils soient pères ou mères, doivent porter en silence le fardeau de leur déception. C'est un sujet tabou.
Dans son ouvrage, Valenti explore aussi la réalité des parents qui regrettent leur choix et abandonnent leurs petits. Au Nebraska, en 2008, après avoir implanté des services pour accueillir des enfants abandonnés par leur parents, des pères et des mères découragés y ont laissé leur famille entière. Supportons-nous adéquatement les familles, les parents? Leur vend-t-on un rêve de bonheur parental impossible à atteindre? Nous, les parents, sommes-nous adéquatement préparés pour faire face à la réalité?
*** Pourquoi avoir des enfants, alors?
Est-ce un moyen inconscient de combler un vide de bonheur? Est-un geste altruiste ou profondément égoïste? Le fait-on pour soi ou pour les enfants à naître? Le fait-on encore pour l'avenir de la patrie? Les futurs parents se posent-ils même la question? Devraient-ils se la poser? Fait-on des enfants machinalement, parce qu'il le faut, parce que la société nous encourage dans ce sens?
Se pose-t-on même la bonne question? Et si on se demandait « Pourquoi ne pas avoir d'enfants?» ou encore, « Faut-il avoir des enfants à tout prix? », quelle serait la réponse?
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