22 septembre 2012
(No 2012-38)
Statue du compositeur André Grétry
Comme promis, je vous écris aujourd’hui de Bruxelles, capitale de l’Union européenne, où j’ai assisté en ma qualité de professeur de droit international à un séminaire international sur l’autodétermination et des peuples et les nouveaux modèles d’État. J’ai profité de cette visite pour me rendre à Liège pour assister à une représentation de l’opéra Stradella par l’Opéra royal de Wallonie (ORW). Présentée dans une nouvelle version orchestrée par Luc Van Howe, cette œuvre de jeunesse composée en 1837 par le liégeois César Franck à l’âge de 16 ans sur un livret d’Émile Deschamps et Émilien Pacini avait choisi pour le lever de rideau sur trois saisons de restauration du magnifique Théâtre Royal de Liège et que le journal belge Le Soir présente comme « Les habits neufs de l’ORW ».
Si l’œuvre ne révèle pas encore un grand talent lyrique chez le jeune Franck, la mise en scène que propose le cinéaste génial Jaco van Doermel (Toto le héros, Le Huitième Jour et Mr. Nobody) donne du relief à l’opéra. Faisant appel à un dispositif scénique original et à un miroir géant qui offre des images saisissantes de l’action sur scène, le metteur en scène impose à ses interprètes – sans doute pour nous rappeler que l’action se déroule à Venise- de circuler dans une piscine tout au long de l’opéra. L’effet n’est guère réussi car il gêne le mouvement et oblige les protaganistes de l’opéra, et notamment la soprano belge Isabelle Kabatu qui incarne le personnage de Leonore, à d’inutiles efforts et des acrobaties pour circuler sur scène. Nettement mieux réussi sont les ombres des mobiles projetés sur grand écran pensés par van Doermel et les jeux de lumières qui sont proposés par Nicolas Olivier.
S’agissant des prestations vocales, la performance du ténor liégeois Marc Laho réussit à émouvoir. Le timbre est beau, la diction et le phrasé impeccable. Le Duc est interprété par Philippe Rouillon et sa présence vocale est imposante. Son jeu dramatique l’est également, mais l’on ne peut s’empêcher de se laisser distraire pour les énormes ballons qui- je l’imagine- nous invitent à nous rappeler ses rang et hauteur dans la société vénitienne. Si la Leonore d’Isabelle Kabatu est empreinte de la gravitas que suppose ce rôle et la voix de la soprano puissante, les paroles sont souvent inaudibles et la diction laisse ainsi à désirer. Le Spadoni de Werner van Mechelen manque un peu d’éclat, mais les modestes apparitions de Xavier Rouillon en Pietro et Patrick Mignon en Beppo révèlent de belles voix. La direction musicale de l’Orchestre, des Choeurs et de la Maîtrise de l’Opéra Royal de Wallonie par Paolo Arrivabeni fait honneur à la partition de César Franck.
Avec en tête les images du poisson rouge qu’a fait circuler Jaco van Doermel pour conclure de façon fort ludique sa première mise en scène d’opéra, j’ai quitté le Théâtre royal de Liège pour reprendre mon train en direction de Bruxelles à 23 h 09. Et j’ai pu admirer la splendeur de la nouvelle Gare TGV de Liège-Guillemins qui a été conçu par l’architecte Santiago Calatrava et que je partage avec vous :
Gare TGV de Liège-Guillemins
La Traviata de l’Opéra de Montréal : une production honnête
L’Opéra de Montréal a inauguré sa 32e saison avec la présentation de La Traviata de Giuseppe Verdi et nous a offert une production honnête. Dans le rôle Violetta, la soprano grecque Myrta Papatanasiu démontré une virtuosité vocale qui la qualifie pour ce rôle exigeant et lui a permis d’apprécier l’intensité lyrique qui se retrouve dans la partition de Giuseppe Verdi. Elle n’a toutefois le talent dramatique qui fait d’une soirée avec Violetta un moment aussi déchirant que mémorable. Le geste est souvent excessif et peu naturel, bien que la scène finale laisse croire que l’artiste lyrique pourrait devenir la tragédienne qu’exige le rôle. Le ténor Roberto De Biasio s’acquitte bien de son rôle du fils Germont, mais la voix est parfois instable. Dans le rôle du père Germont, le baryton Luca Grassi offre quant lui une prestation tout à fait convaincante, tant au plan vocal que théâtral. Dans les divers rôles de soutien, la mezzo-soprano Aidan Ferguson se distingue, alors que Karine Boucher, dont la voix est toujours belle, mais dont l’interprétation du rôle de soubrette est trop souvent caricaturale.
Dans sa direction de l’Orchestre métropolitain, Fabrizio Maria Carminati offre de très beaux moments musicaux et fait briller notamment briller la section des cordes dans les preludii des premier et troisième actes. Dans l’ensemble, les décors de Tom Mays créent l’atmosphère voulu par Verdi et ses librettistes, alors que les costumes de Gail Bakkom – et leurs coloris- ne sont pas toujours plaisants à regarder. L’éclairagiste Anne-Catherine Simard-Desrape fait à nouveau une contribution remarquée à la production.
Ainsi, dans l’ensemble, les opéraphiles de la Métropole auront eu droit à une production honnête, mais qui ne marquera pas les annales de l’Opéra de Montréal. La dernière représentation de cette production a lieu ce soir à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal à 19 h 30.
Une Soirée baroque avec Renée Lapointe et l’OSLSJ
L’Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean et son chef Jacques Clément propose trois événements à caractère lyrique durant sa prochaine saison. Une Soirée baroque est prévue pour le mardi 25 septembre 2012 à sale Pierrette-Gaudreault à Jonquière. Accompagnée par la claveciniste Johanne Couture, la mezzo-soprano Renée Lapointe présentera un programme d’airs de Bach, Haendel et Campra.
I Pagliacci au Concert gala d’Opéra immédiat
Opéra Immédiat produira un Concert Gala présentant les plus beaux extraits des opéras L’Elisir d’Amore de Gaetano Donizetti, Les Pêcheurs de Perles de Georges Bizet et La Traviata de Giuspeppe Verdi, suivi d’une production d’I Pagliacci de Ruggero Leoncavallo, aura lieu le jeudi 27 septembre 2012 à 19 h 30 au Rialto à Montréal. La distribution comprendra la soprano Sophie de Cruz, les ténors Éric Thériault et Jean-Sébastien Turgeon ainsi que les barytons Dion Mazerolle et Pierre-Étienne Bergeron. François Racine est responsable de la mise en scène et Dominic Bouliane assurera la direction musicale. Vous pourrez entendre une entrevue avec les artisans de ce concert gala et le parrain d’Opéra immédiat Gino Quilico à mon émission L’opéra…le dimanche aussi ! demain le dimanche 23 septembre 2012 (voir les détails à la fin du présent article).
Les Miroirs de l’enfance d’Hélène Guilmette chez les I Musici
Comme on peut le lire sur le site d’I Musici, « pour inaugurer sa première saison comme directeur artistique des Musici, Jean-Marie Zeitouni nous convie à une célébration de l’enfance : Ravel recrée l’atmosphère magique des Contes de Ma Mère l’Oye, et de leur côté, Mahler et Barber laissent la parole aux enfants eux-mêmes. Avec beaucoup de poésie, l’enfant de Barber décrit l’atmosphère d’une soirée d’été devant sa maison de Knoxville. Celui de la Symphonie no 4 de Mahler, quant à lui, jette un regard innocent sur la vie quotidienne au paradis. La voix fraîche et lumineuse d’Hélène Guilmette trouve ici un emploi idéal ». Je compte assister à ce récital prévu pour le vendredi prochain le vendredi 28 septembre 2012 à 19 h 30 à la Maison symphonique de Montréal et anticipe surtout le plaisir d’entendre la soprano québécoise chanter le sublime Knoxville : Summer of 1915 de Samuel Barber.
Hélène Guilmette
À L’Opéra du samedi, l’animatrice Sylvia l’Écuyer continue en ce 22 septembre 2012 sa présentation des « moments chocs des festivals de l’été 2012 » et diffuse l’opéra Matilde di Shabran de Gioacchino Rossini dans une productin du Festival Rossini de Pesaro. La distribution comprend Juan Diego Florez, ténor (Corradino Cuor di ferro), Olga Peretyatko, soprano (Matilde di Shabran), Anna Goryachova, mezzo-soprano (Edoardo), Marco Fillipo Romano, basse (Aliprando), Chiara Chialli, contralto (Comtesse d’Arco) et Simon Orfila, baryton-basse (Ginardo). L’Orchestre du Théâtre municipal de Bologne est sous la direction de Michele Mariotti. À l’entracte, l’animatirce propose une entrevue avec Maestro Alberto Zedda qui assume la direction artistique du Festival Rossini à Pesaro. Dans ses actualités musicales, Sylvia L’Écuyer parlera de l’ouverture de la saison du Metropolitan Opera de New York et présentera le nouveau disque Prima Donna de Karina Gauvin.
Étant de toute évidence sur la même longueur d’ondes lyriques que ma collègue Sylvia L’Écuyer, Karina Gauvin sera également à l’honneur à « L’opéra…le dimanche aussi ! », l’émission que j’anime sur les ondes Radio Ville-Marie et qui sera diffusée demain le 23 septembre de 13 h à 15 h. Je ferai écouter l’intégrale (les 15 plages du disque) du nouvel enregistrement qui vient donc de paraître sous le titre Prima Donna chez Atma Classique. Accompagnée par Arion Orchestre baroque et son chef Alexander Weiman, la soprano québécoise y chante des airs de Georg Friedrich Haendel principalement, mais également un air d’Antonio Vivaldi et un air de Leonardo Vinci. Je présente également une entrevue avec le pianiste Dominic Bouliane et le ténor Éric Thériault qui prendront part au Concert Gala de la compagnie lyrique Opéra immédiat (voir ci-haut). Gino Quilico, qui agit comme parrain pour Opéra immédiat, prend également part à cet entretien. Cette entrevue sera diffusée autour de 14 h 30.
S’agissant des projections d’opéra, le Café d’art vocal présentera le samedi 22 septembre 2012 à 12 h 30 l’opéra Anna Bolena de Gaetano Donizetti. Il s’agit de la production du Staatsoper de Vienne de 2011 mettant en scène Anna Netrebko et El?na Garan?a. La reprise aura lieu le jeudi 27 septembre à 18 h 30. Dans le cadre de la série Opéramania, le musicologue Michel Veilleux propose et justifie son palmarès des meilleurs enregistrements vidéo réalisés au Metropolitan Opera de New York et publiés à ce jour en DVD. Cette soirée spéciale aura lieu le vendredi 28 septembre 2012 à la salle B-421 du Pavillon de musique de l’Université de Montréal à 19 h 30. Et dans le cadre de la nouvelle série Opera in Cinema, la production de La source de Jean-Guillaume Bart enregistrée à l’Opéra national de Paris le 4 novembre 2011 pourra être visionnée au Cinéma Impérial à Montréal le 25 septembre 2012 à compter de 19 h.
Bonne semaine lyrique…et je serai de retour au Québec samedi prochain d’où je vous ferai parvenir le prochain numéro du blogue lyrique!