[Critique] PASSION PLAY

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Passion Play

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Mitch Glazer
Distribution : Mickey Rourke, Megan Fox, Bill Murray, Kelly Lynch, Rhys Ifans, Chris Browning, Lora Cunningham…
Genre : Romance/Drame/Fantastique
Date de sortie : 11 septembre 2012 (DTV)

Le Pitch :
Nate, une ancienne gloire du jazz, trompettiste de son état, manque de peu de se faire tuer dans le désert. Sauvé in extrémis, il se retrouve perdu, en pleine nuit. À force de marcher, il tombe par hasard sur un cirque de monstres itinérant où il fait la connaissance de Lily, une jeune femme dotée d’une paire d’ailes. Sous le charme de cette étrange créature, Nate décide de lui demander de tout quitter pour le suivre…


La Critique :
Un beau matin, le scénariste Mitch Glazer (il a notamment écrit le script de La Recrue, avec Al Pacino et Colin Farrell) se réveille et décide de se mettre à la mise en scène. Pour la première fois, en adaptant l’un de ses scripts. Son scénario narre la rencontre d’un musiciens rincé, alcoolo et ex-junkie, avec une sublime jeune femme ailée. Et puisque Glazer a des copains célèbres, il en profite et embauche son pote d’enfance Mickey Rourke, mais aussi Bill Murray, Rhys Ifans et Megan Fox. Megan Fox qui endosse le rôle de l’ange et qui se voit affublée d’ailes de synthèse au réalisme plus que relatif.
Sorti en France directement en vidéo, Passion Play n’a pas vraiment connu un destin enviable aux États-Unis, où il remporta en salle, suite à une distribution ultra modeste (uniquement à New York et à Los Angeles), la modique somme de 4000 dollars. Quand on sait que le long-métrage en a couté 15 millions, on imagine la tronche du banquier.
Les critiques ont de plus lynché le film sur la place publique, comme en témoignent les 3% d’opinions positives sur le site américain Rotten Tomatoes. Il y a des jours comme ça, où ça ne fonctionne pas. Pas sûr que la carrière de réalisateur de Glazer s’en remette. Mickey Rourke lui, n’est pas à un échec près, tout comme Megan Fox, qui a bien du mal à se relever de son éviction de la saga Transformers. Bill Murray, pour sa part, est intouchable, quoi qu’il arrive…

Mais Passion Play est-il mauvais à ce point ? Point du tout ! Étrange, c’est certain, foutraque, pour sûr , mou, ok, mais nul, pas du tout.
Il faut être un peu dingue pour croire qu’un film mettant en scène une femme ailée tombant amoureuse d’une épave puisse faire un carton au box-office. Ou inconscient. Dans les deux cas, la démarche est respectable, car Mitch Glazer a suivi son intuition et son film va jusqu’au bout de son postulat de départ.

Sorte de fable théologique teintée de fantastique construite autour de thèmes aussi universels que la rédemption, l’amour et l’acceptation de soi, Passion Play a au moins le mérite de surprendre son monde. On peut en rire, mais bizarrement, cette romance atypique ne manque pas d’atouts. Même si la fin, vraiment « audacieuse », demande -et c’est peu dire- un maximum d’ouverture d’esprit (d’indulgence ?).

Les acteurs constituent à eux-seuls une raison valable de voir le métrage . Une sacrée distribution qui semble concernée, même si c’est surtout le couple formé par Rourke et Fox qui tire la couverture à lui tout du long. Rourke -vraiment touchant- qui n’a pas son pareil pour interpréter des mecs cabossés à la dérive et Megan Fox, pleine de volonté dans un rôle super casse-gueule. Autour de ces deux êtres « différents » gravitent Bill Murray, qui reprend peu ou proue son rôle de gangster de Mad Dog and Glory, Kelly Lynch, qui retrouve Rourke avec qui elle avait joué dans La Maison des Otages de Michael Cimino, et Rhys Ifans, dans un rôle mineur.
Tous s’échinent à donner de la substance et de l’émotion à la vision métaphysique et poétique d’un cinéaste débutant qui n’en fait qu’à sa tête. Un type qui a écouté son cœur, quitte à se recevoir une volée de bois vert sur le coin de la tronche. C’est d’ailleurs précisément ce qu’il s’est passé.

Passion Play convoque une imagerie folklorique bancale mais souvent touchante. On pense à Elephant Man, aux ambiances « lounge » de Blue Velvet, pourquoi pas à Wim Wenders, mais aussi un peu à la série Les Anges du Bonheur. Vous voilà prévenu. Sachant que le trip, aussi maladroit soit-il, mérite plus qu’un bref coup d’œil.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Image Entertainment Inc.