Pierre Reverdy – Belle étoile (1915)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

J’aurai peut-être perdu la clé, et tout le monde rit autour de moi et chacun me montre une clé énorme pendue à son cou.
Je suis le seul à ne rien avoir pour entrer quelque part. Ils ont tous disparu et les portes closes laissent la rue plus triste. Personne. Je frapperai partout.
Des injures jaillissent des fenêtres et je m’éloigne.
Alors un peu plus loin que la ville, au bord d’une rivière et d’un bois, j’ai trouvé une porte. Une simple porte à claire-voie et sans serrure. Je me suis mis derrière et, sous la nuit qui n’a pas de fenêtres mais de larges rideaux, entre la forêt et la rivière qui me protègent, j’ai pu dormir.

***

Pierre Reverdy (1889-1960)Poèmes en prose (1915)