En revanche, il n’est pas normal que l’Etat protège ceux qui au nom de la liberté d’expression et d’une certaine laïcité ont fait de la guerre contre les religions un combat lucratif. Car on nous parle de respect et de liberté, de journalisme ou de culture. Mais ces représentations du prophète sont-elles de cet ordre-là ? Ne peut-on pas se demander, comme on pouvait se demander si plonger un crucifix dans de l’urine était artistique ?
J’ai soutenu un mémoire sur la liberté d’expression, et consacré une partie de ma thèse à développer en quoi elle représentait, avec la dignité de la personne humaine, la valeur-phare de nos sociétés occidentales. Voir ce qu’on en fait aujourd’hui, une liberté de blesser, d’insulter, de choquer… me laisse sans voix. Alors à ceux qui en invoquent le respect, je propose d’abord d’être respectables. Dénoncer les abus d’une liberté n’est pas le monopole d’une communauté ou de groupes professionnels.
A ce propos, je remercie les croyants d’avoir le courage, dans une société où l’on nous dit, pour tout excuser, que tout a la même valeur, de nous rappeler par leur indignation pacifique que certaines choses ne se font pas dans une société civilisée. Au moment où l’on réfléchit à l’instauration d’une morale laïque pour les écoliers, certaines questions méritent d’être posées. Ce qu’ils tentent de nous dire, parfois maladroitement, c’est qu’il faut préserver les essentiels qui font des êtres humains autre chose que des animaux.