Il est arrivé dans l’après-midi comme prévu. Depuis plusieurs jours nous commencions à nous impatienter. Ma femme surtout, évidemment.
La pièce de son appartement devant le recevoir était prête, il serait contre le mur opposé à la fenêtre pour que la lumière du jour ne l’éblouisse pas, dans la journée ce peut-être l’inconvénient. Il faut penser à chaque détail avant car après, quand il faut tout déménager, on s’agace facilement.
Le midi c’est à peine si nous avons mangé. Ils nous avaient dit entre midi et dix-sept heures, on ne peut pas prévoir exactement, ce que nous avions très bien compris. Alors bon, s’il devait débarquer en plein durant le repas ça ne nous arrangeait pas vraiment, mais que faire d’autre ? Et puis nous en avions tellement envie. Ma lady surtout.
Le plus curieux c’est que c’est moi qui le premier lui en avais parlé, estimant qu’il était temps d’y penser. On a le temps répétait-elle à chaque fois. « Comme tu veux mon amour, ce que j’en disais c’est pour toi » répliquais-je. Et le temps passait, et maintenant qu’il ne va pas tarder à entrer dans le logis familial, elle s’énerve et l’attend en trépignant. J’ai toujours eu du mal à suivre les raisonnements de ma douce.
Quand il est arrivé nous l’avons manié avec précaution, c’était un beau gros bébé de 119cm et une dizaine de kilos mais c’est avec des gestes délicats que nous l’avons installé dans sa pièce. Longtemps il est resté sans rien dire ce qui nous inquiéta un peu. Pourtant il paraissait bien installé, confortablement logé. Et c’est ma femme, réflexe féminin certainement qui a trouvé ce qui n’allait pas, un geste rapide et il s’est ouvert à la vie.
L’écran s’est allumé, une série comme ils en passent l’après-midi sur toutes les chaînes nous a sauté au visage. Le visage de ma douce s’est illuminé, une nouvelle télé avec grand écran plat entrait dans vie, désormais le monde n’aurait plus pour elle, les mêmes couleurs ou le même aspect.