Faut-il vraiment s’inquiéter pour Lloris ?

Depuis son arrivée à Tottenham, la France du foot tremble pour Hugo Lloris. Considéré comme l’un des meilleurs gardiens de but du monde, le capitaine de l’équipe de France se retrouve pourtant sur le banc des remplaçants des Spurs, barré par un Américain de… 41 ans, Brad Friedel. Décryptage d’une situation moins ubuesque qu’elle n’y parait.

Mais dans quel guêpier s’est fourré Hugo Lloris ? Depuis son transfert à Londres cet été pour une petite quinzaine de millions d’euros, son nom revient inlassablement sur toutes les lèvres. Déjà que le simple fait de voir le portier des Bleus ne jouer que pour la “modeste” équipe de Tottenham est assez dur à avaler pour certains, le voir lustrer le banc des remplaçants est une aberration totale pour tout le monde. Comment quelqu’un d’aussi talentueux que Lloris peut se retrouver remplaçant au pays des gardiens en bois? Comment un club qui a longtemps supporté le guignolesque Gomes peut se passer d’un vrai gardien? Comment un mec de 41 balais peut lui être préféré ? Même Fabien Barthez ne comprend pas : “Hugo aurait mérité le même accueil qu’Ibrahimovic lors de son arrivée à Tottenham”.

Une simple question de temps ?

Principal responsable de ce scénario kafkaïen, le manager des Spurs : André Villas Boas. Après sa saison ratée du côté de Chelsea, médias et supporters français ne voient en ce choix que de l’incompétence. Possible. Il faudrait être fou pour affirmer que Brad Friedel est meilleur que l’ancien lyonnais, ou aveugle. Mais d’autres raisons peuvent expliquer ce choix. La première étant l’éthique. Tottenham réalise un début de saison médiocre et Friedel est l’un des seuls à surnager, c’est même lui qui sauve la baraque aux Spurs lors du nul face à Norwich (1-1). Le dégager comme un malpropre serait bien malvenu. AVB en a déjà fait l’expérience l’an dernier avec les anciens de Chelsea (Drogba, Lampard) avec le résultat que l’on connait. Une attitude approuvée récemment par David Ginola lors d’une interview pour le site blogolo : « C’est une très belle attitude de Villas-Boas. Brad Friedel lui a sauvé des points et sa tête depuis le début de saison. Villas-Boas ne vire pas son gardien de but parce qu’il a 40 ans alors qu’il est performant. On doit surtout féliciter Villas-Boas pour son attitude sur coup-là. Bravo à lui. C’est une belle démonstration de respect. »

Une question d’éthique donc, mais aussi une gestion habile du cas Lloris. En maintenant Friedel au poste de numéro 1, AVB instaure une vraie concurrence entre les deux gardiens. L’Américain ne veut pas lâcher sa cage, et le Français ne peut raisonnablement pas se contenter d’une place de numéro 2, qui plus est à Tottenham. Normal. On peut aussi penser que le maintien du ricain est une façon à peine déguisée de piquer le ptit frenchy dans son orgueil. Lui qui a longtemps hésité à signer à Tottenham en espérant un coup de fil de dernière minute de Manchester ou Barcelone, va finalement devoir enfiler le bleu de chauffe pour gagner une place qui devrait lui revenir logiquement. Mais surtout, en laissant les choses telles quelles le technicien portugais laisse à Hugo le temps de s’acclimater. Changer de club, de championnat, de pays n’est jamais aisé, même lorsque l’on est l’un des meilleurs du monde. Pas con le rouquin.